Plus de 3,3 milliards des réserves de change : L'ex 1er ministre Mabi Muluba tente de donner les raisons de cette hausse "record"

Lundi 20 septembre 2021 - 07:48
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Le gouvernement de la République démocratique du Congo s’est félicité, le vendredi dernier, au terme du Conseil des ministres, d’avoir atteint en août 3.3 milliards $ de réserves de change. 

Quelle est l’origine de ce « record historique », selon les termes mêmes de la gouverneure de la Banque Centrale du Congo (BCC) ? Appuis budgétaires du FMI ? Recettes d’exportation ? Pénalités des entreprises minières ? Les 3 hypothèses combinées ? Les spéculations prospèrent sur les réseaux sociaux. 

Pour répondre à ce questionnement, la Rédaction de 7SUR7.CD a donné la parole, dimanche 19 septembre 2021 au professeur d’Economie et ancien premier ministre Mabi Mulumba. 

En attendant d’avoir des plus amples informations de la part de l’Institut d’émission à ce sujet, le professeur Mabi a donné des explication sur la provenance de cette hausse des réserves internationales.

Est-ce les DTS

Pour Mabi, les réserves de change proviennent généralement d’abord d’un différentiel entre les importations et les exportations. Selon l’économiste, pour le cas de la RDC, c’est essentiellement les exportations des matières premières, cuivre-cobalt et pétrole notamment, qui ramènent des devises.

Comme autres sources pouvant augmenter les réserves de change, cet ancien premier ministre cite les Droits des Tirages
Spéciaux (DTS), la devise du FMI, qui viennent souvent sous forme d’appuis budgétaires. 

« J'aurai voulu d'abord m'informer auprès de la BCC, au lieu de partir par des suppositions. Je dois entrer en contact avec la BCC. Évidemment, les tirages du FMI viennent augmenter les réserves de change. Mais, il faut voir aussi s'il y a eu une hausse de nos cours des matières premières. Ou si le pays a recouru à des appuis budgétaires. Il y a une série de facilités auxquelles notre pays a accédées, par exemple les appuis budgétaires. Parce que les financements du FMI viennent conforter les réserves de change. Maintenant, il faut voir aussi les recettes d’exportation. Quelle a été leur ampleur pour augmenter les réserves de change ? », s'interroge le  professeur Mabi Mulumba.

Les minerais et le pétrole représentent 90% des apports en devises, l’agriculture moins de 1%, l’industrie manufacturière 0%

L’autre piste explorée par Mabi Mulumba pour expliquer cet accroissement des réserves de change, c'est les pénalités infligées à certaines entreprises minières. 

Il y a  notamment parmi ces entreprises Glencore. Selon plusieurs sources, celle-ci aurait été payée d’un trait. Glencore a payé en août 50 millions $ de pénalités à la Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA) pour clore un litige vieux de 3 ans. 

« Souvent, on oublie le fondamental. C'est de voir d'où proviennent les réserves de change. Les réserves viennent d'un différentiel venant de nos importations et exportation. Donc, il faut voir quelles sont les rubriques qui amènent les devises. C'est essentiellement les minerais et le pétrole. A partir de ce moment là, il faut savoir s'il y a eu augmentation des cours ou pas dans ce cadre-là. Parce que globalement, lorsque l'on prend les recettes d'exportation, les minerais et le pétrole représentent 90%. Tandis que l'agriculture représente moins de 1%. Les produits manufacturés, c'est 0%. Il faut que la BCC explique l'origine de cet accroissement. On ne peut pas partir des suppositions. On peut partir de l'idée qu'il y a eu par exemple que les entreprises minières qui ont reçu des pénalités qu'elles n'avaient pas payées et qu'elles payent en une fois. Ça augmente automatiquement les réserves de change », déclare-t-il.

Paiement de la Banque mondiale ?

En l’absence des informations détaillées de la BCC, impossible de savoir ventiler les apports de chaque pourvoyeur potentiel dans l’accroissement des réserves internationales de la RDC.

Les avis sont parfois partagés. D'autres économistes abordés avancent en outre le paiement par la Banque Mondiale d’une partie de 800 millions $ prévus pour financer la première phase du projet Gratuité de l’enseignement de base. 

La RDC est en Programme économique formel (PEG) de 3 ans avec le FMI depuis mai dernier. Elle bénéficiera d’un appui budgétaire de 1.5 milliard $, libérable par tranche après les succès de chaque revue, souvent semestrielle. Mais à la signature de la Lettre d’intention, le FMI avait libéré 400 millions $. Un autre paiement de 300 millions $ avait aussi été octroyé en décembre 2019. 

La hausse des cours de cuivre n'est pas innocente

A signaler que cet accord n'est pas à confondre avec un autre accord, Plan de relance post-covid pour l’Afrique, que le FMI a signé en mai 2021 à Paris, sous l’égide de Macron, avec des dirigeants africains.
L’institution de Bretton Woods a mis en place un crédit à taux zéro de 100 milliards USD dont 25 milliards proviennent du FMI et 65 milliards des pays occidentaux qui realloueraient leurs DTS aux pays africains. C’est à ce guichet que la RDC aurait tiré en août un chèque de 1.5 milliard $ qui auraient fait bondir ses réserves de change internationales.

Un autre facteur qui n'est pas innocent à cette  hausse des réserves de change, c'est la hausse des cours de certains métaux. Le cuivre, principal produit d’exportation de la RDC, se négocie actuellement autour de 10.000$ la tonne. Sa production est aussi en hausse, atteignant 1.5 million de tonnes l’an. 

Orly-Darel Ngiambukulu

 

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