Le Groupe d'Étude sur le Congo (GEC) a rendu public, ce jeudi 05 août 2021, le rapport de son enquête menée sur la riposte contre l'épidémie d'Ebola à l'Est de la République démocratique du Congo entre 2018 et 2020.
Ce rapport est intitulé : "Rebelles, médecins et marchands de violence : Comment la lutte contre Ebola est devenue une partie du conflit dans l'Est de la RDC", affirme que la riposte, réponse nationale et internationale pour contenir la maladie à virus Ebola dans cette partie de la RDC, a non seulement été affectée par la violence, mais elle a aussi contribué, involontairement, à aggraver le conflit.
Selon le rapport du GEC, sur le terrain, en voulant se protéger contre les attaques armées et réduire la résistance communautaire, la riposte a adopté une approche militarisée et est devenue elle-même une actrice dans le conflit.
"Par l'entremise des agents de l'Agence nationale de renseignements (ANR) et en collaboration avec le ministère congolais de la santé, elle (riposte) a accepté de rémunérer à la fois les forces de sécurité gouvernementales et les groupes armés non étatiques", renseigne ce rapport.
Il ajoute que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui nie les faits, était particulièrement impliquée dans ces paiements, "en contradiction avec la procédure opérationnelle standard des Nations-Unies". Ce rapport décrit ainsi comment ces paiements ont entretenu un cercle vicieux de résistance et de violence.
"(...) la riposte s’est engagée avec certains groupes armés en conflits avec d’autres et s'est retrouvée mêlée dans la violence, voire complice, dans certains cas, de la violence. D’autres groupes armés ont monnayé la violence, en se faisant « acheter » par la Riposte et en n’hésitant pas à vouloir prolonger l’épidémie pour continuer eux aussi à tirer profit de ce qu’on a appelé Ebola Business. Sur 20 mois, entre 489 et 738 millions de dollars ont été dépensés pour lutter contre Ebola dans cette partie du pays", indique la même source.
Le rapport du GEC met aussi en garde contre le versement des paiements aux belligérants en échange d'un accès pour ne pas transformer, par inadvertance, les opérations humanitaires en une source de profit et pour ne pas porter atteinte à l'impartialité de l’action humanitaire.
Par ailleurs, comme le premier de la série de trois rapports du GEC sur Ebola, cette deuxième enquête insiste enfin sur la nécessité, à l’avenir, de s'appuyer autant que possible sur l'expertise et les connaissances locales, d’identifier les conflits potentiels et de collaborer de manière proactive avec les communautés.
Prince Mayiro