L’on se rappelle que le Fonds monétaire international avait décidé d’arrêter momentanément ses programmes d’ajustement avec la République démocratique du Congo pour cause de non-publication, en 2012, d’un contrat minier. Bien avant cette date, cette institution financière internationale avait toujours suspendu ses programmes pour la mauvaise gestion dont les dirigeants congolais se rendaient coupables. Depuis les changements intervenus à la tête de l’Etat après les élections législatives et présidentielle de décembre 2018, le conseil d’administration du FMI est revenu aux meilleurs sentiments à l’endroit de la RDC.
C’est ainsi que pour soutenir les efforts de nouvelles autorités congolaises dans leurs efforts de sortir le pays d’une grave crise multiforme, un Programme de référence fut conclu, le 16 décembre 2019, avec une Facilité de crédit rapide de 368 millions USD pour soutenir la balance de paiement.
Ensuite, en avril 2020, une autre Facilité de crédit rapide de 363 millions USD fut octroyée au titre d’appui budgétaire. Un programme de réforme accompagnait ces financements, notamment pour renforcer la stabilité macroéconomique, les réserves internationales et faire progresser les réformes structurelles clés visant à remédier à la mauvaise gouvernance, à un environnement des affaires difficile et à une pauvreté généralisée.
Dans la foulée, le FMI exigeait du gouvernement congolais la promulgation d’une nouvelle loi budgétaire plus réaliste, la publication des contrats miniers de la Miba et de la Sokimo et enfin, la restructuration de la Banque centrale du Congo –BCC-, laquelle passait, par la nomination des commissaires aux comptes, le renouvellement du Conseil d’administration et la nomination des deux vice-gouverneurs, suivant la nouvelle loi en vigueur.
*Renforcer l’autonomie de la Banque centrale*
C’est pour aider la RDC à mieux suivre ce programme que le FMI a pratiquement imposé son fonctionnaire international à la tête de la Banque centrale du Congo.
Ainsi, depuis lundi 5 juillet, c’est madame Malangu Kabedi Mbuyi qui a été nommée pour la première fois depuis 1960, au délicat poste de gouverneur de la Banque centrale du Congo. A travers cette dame d’origine congolaise, l’institution financière internationale aura en permanence un œil regardant sur la manière dont les autorités du pays vont exécuter ce programme.
La Banque centrale du Congo a été créée le 30 Juillet 1951. Elle est une institution publique de la RDC ayant comme mission de maintenir la stabilité monétaire du pays. L’une des taches de la nouvelle dirigeante sera donc de mener à bien le renforcement de l'autonomie de la banque centrale suivant les recommandations du FMI.
C’est depuis 1963 que le Congo a recouru à l’aide des institutions du FMI et de la Banque mondiale, plusieurs programmes d’ajustement furent conclus pour corriger les déséquilibres de la balance des paiements, stabiliser le taux de change et lutter contre l’inflation grâce à une gestion orthodoxe des finances publiques.
Le pays a pu bénéficier du rééchelonnement de sa dette extérieure et procéder à la libéralisation du système des paiements extérieurs. Mais la plupart de ces programmes n’ont pas été conduits jusqu’à leur terme.
Dans plusieurs cas, ils ont été interrompus pour cause de non-respect des critères de performances. L’échec est imputable à un manque de volonté de la part des autorités politiques. La discipline budgétaire, la transparence dans la gestion des affaires de l’Etat et la mise en place des mesures d’austérité peu populaires qu’impliquaient ces programmes d’ajustement furent considérées comme ne répondant pas à leurs intérêts immédiats. Il avait été noté que le plus souvent, ces programmes n’ont pas connu d’adhésion populaire. Ils ont donc été rejetés tant par les politiciens que par la population.
Certains leur reprochent de violer la souveraineté nationale, alors que d’autres affirment qu’ils imposent l’austérité dans un pays où plus de 80% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. D’autres encore soutiennent que ces programmes n’ont jamais aidé les pays à sortir du sous-développement et de la misère. Mais ce n’est pas le rôle du FMI ou de la Banque mondiale de construire et de développer un pays. Le FMI n’a pas vocation à se substituer aux institutions d’un pays. La question fondamentale à poser est de savoir ce que deviendrait le Congo/Kinshasa sans l’aide, l’assistance et les conseils du FMI mais politiquement c'est un grand pas et non de moindre que vient de franchir le pouvoir de Félix Tshisekedi qui s'ouvre à d'autres financements parce que devenu crédible.
*Trois axes majeurs*
Concernant les réformes à mener, le représentant du FMI à Kinshasa a laissé entendre que celles-ci porteront essentiellement sur trois axes : Premièrement, créer de l’espace budgétaire, c’est-à-dire trouver un moyen de mobiliser plus de recettes, mais aussi de maîtriser un certain nombre de dépenses pour créer de l’espace budgétaire pour les dépenses les plus essentielles : les dépenses sociales, les dépenses d’investissement les plus nécessaires pour le pays. Le deuxième axe concerne le renforcement du cadre de la politique monétaire et du secteur financier. A son avis, il s’agit ici d’un objectif très important pour le développement du secteur privé et celui de l’économie.
Tous les efforts à fournir dans le cadre de ces axes devront conduire à améliorer le cadre de la politique monétaire, de la fixation des taux d’intérêt, la transition des taux d’intérêt fixés dans l’économie réelle, dans les crédits octroyés par les banques privées, au secteur privé, etc. pour un meilleur fonctionnement du financement et de l’activité économique.
Enfin, un point central du programme du gouvernement soutenu par le FMI, porte sur l’aspect gouvernance et lutte contre la corruption qui est un enjeu majeur dans le secteur minier, mais aussi dans tous les secteurs, combat auquel s'engage le Président Félix Tshisekedi et dont le résultat à mi-parcours sont convaincants au regard du travail flatteur abattu jusque là par l'inspection Générale des Finances placée sous sa tutelle.
Par ailleurs, le représentant du FMI à Kinshasa a précisé qu’un des grands engagements pris dans le cadre du programme, consiste à soutenir les activités de l’Iniative pour la transparence des industries d’extraction –ITIE- en RDC en lui allouant les ressources budgétaires et humaines nécessaires, ce qui sous entend que l'espoir est permis pour le lendemain meilleur des populations.
Le représentant du FMI a notamment indiqué que parmi les objectifs de cette structure portent justement sur la publication des contrats, à la fois des contrats passés qui n’ont pas encore été publiés. Et bien entendu, la publication de tous les contrats à venir.