Le week-end dernier, certains médias congolais ont relayé l'information selon laquelle le ministre des finances Sele Yalaghuli payerait 1,3 million de dollars américains au cabinet Baker McKenzie pour conseiller le gouvernement dans ses discussions avec le Fonds Monétaire International (FMI). Cela a suscité une vague d'indignation sur les réseaux sociaux et des critiques à l'endroit des dirigeants congolais, qui ont été accusés de gabegie financière.
Pour comprendre le partenariat entre l'État congolais et le cabinet Baker McKenzie, il faut revenir à la genèse du dossier. Des sources croisées renseignent que c'est le cabinet du président de la République qui a sollicité le cabinet Baker McKenzie pour évaluer l'économie congolaise, afin de soumettre un plan d'intervention adapté pour la relance économique nationale.
Selon elles, lors de son passage à New-York en septembre 2019, à l'occasion de l'Assemblée générale des Nations-Unies, le président de la République Félix Tshisekedi, s'est entretenu avec les responsables de McKenzie pour approfondir les échanges sur les attentes de l'État congolais par rapport à cette collaboration.
Le programme y relatif sera proposé et transmis à la présidence de la République par McKenzie un mois plus tard. Il était fondé, explique nos sources, sur une nouvelle approche d'appréhender les problèmes qui bloquent le redressement économique et l'harmonisation des relations avec les partenaires bi et multilatéraux de la RDC.
Les mêmes sources affirment que le gouvernement de la République sera impliqué dans cette marche dans le but de formaliser la collaboration avec l'État, outre la présidence de la République. Le dossier sera, à cet effet, confié à la Primature et au ministère de finances.
Pour ce faire, un engagement avait été conclu entre le chef du gouvernement et le cabinet Baker McKenzie sous la supervision du président de la République. Ce, après un travail technique accompli entre les deux parties. La première mission dudit cabinet était celui de produire une feuille de route sur les réformes clés à entreprendre au pays sur le plan économique.
Au cours de la 30è réunion du Conseil des ministres tenue au mois de mai dernier et durant laquelle le gouvernement a passé en revue le Programme d'Urgence Multisectoriel d'Atténuation des Impacts de Covid-19 (PMUIAC), le partenariat RDC-McKenzie a été évoqué.
Le 15 mai, le chef de l'État a, lors du Conseil des ministres, souligné la nécessité de concrétiser l'accompagnement de McKenzie dans la recherche des financements innovants pour la mise en œuvre du PMUAIC, ajoutent nos sources.
Ce programme de Félix Tshisekedi qui a pour objectif de limiter la détérioration du bien-être social et de servir de balise à la relance économique, a été chiffré à 2,6 milliards USD.
Le document officiel renseigne qu'environ 20% du financement global soit 522,1 millions USD devraient être pris en charge par l'État, 23% soit 600,4 millions USD à identifier auprès des bailleurs et 57% soit près de 1,5 milliards à rechercher.
Par rapport à cette répartition, environ 80% de fonds sont à mobiliser à l'international, conformément aux termes du contrat, avec l'accompagnement du cabinet Baker McKenzie. En outre, d'autres réformes devront être définies grâce au soutien de ce cabinet de notoriété internationale. C'est entre autres des réformes qui touchent le domaine de la lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux.
Pour assurer le suivi de l'exécution du contrat entre McKenzie et la RDC, nos sources révèlent qu'une commission a été créée par le directeur du cabinet a.i du chef de l'État, Eberande Kolongele, au mois de juillet 2020. C'est cette création, précisent-elles, qui va formaliser le groupe ayant pris part aux travaux préparatoires à la formalisation dudit partenariat.
Pour la mise en œuvre efficace du contrat évoqué ci-haut, les mêmes sources font savoir que la présidence de la République, le gouvernement à travers la Primature, le ministère des finances et celui du plan ont délégués leurs membres à ces travaux.
De ce fait, la responsabilité de veiller à une meilleure exécution du contrat RDC-Mckenzie incombe à cette bipartite qui devra rendre compte au peuple congolais sur les réalisations qui en découleront.
Cependant, il faut noter que le cabinet Baker McKenzie a trouvé le pays déjà avancé dans son processus de renforcement des relations avec le FMI. Cette institution financière a notamment décaissé à deux reprises des financements au titre de facilité rapide de crédit en faveur du gouvernement congolais.
Prince Mayiro