Tryphon Kin-Kiey : "L’Assemblée nationale a intentionnellement et littéralement outrepassé ses pouvoirs et, du coup, violé la Constitution"

Dimanche 9 juin 2019 - 11:53
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Félix Tshisekedi et Kin-Kiey Mulumba

Les réactions ne cessent de tomber au lendemain du débat engagé à l'Assemblée nationale sur les ordonnances du chef de l'État, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, portant nominations de mandataires publics à la Gecamines et à la Société Nationale des Chemins de Fer du Congo, "SNCC".

Dans une interview accordée ce dimanche 9 juin 2019 à 7SUR7.CD, le professeur Tryphon Kin-Kiey Mulumba et une des personnalités de Cap pour le Changement, "CACH", affirme que la chambre basse du parlement a outrepassé ses pouvoirs.

"L’Assemblée nationale a intentionnellement et littéralement outrepassé ses pouvoirs et, du coup, violé la Constitution. J'ai été pendant deux ans ministre des Relations avec le Parlement et la Constitution a été ma Bible. Elle m'a permis de travailler à veiller au fonctionnement régulier de nos Institutions en évitant d'énerver celle-ci ou celle-là. Notre Constitution érige un principe absolu : celui de séparation des pouvoirs", a-t-il dit. 

En outre, l'ancien ministre de PT-NTIC souligne que l’Assemblée nationale n’a aucune compétence pour traiter en plénière d’une matière liée à l’Institution Président de la République sauf à enclencher la procédure de destitution strictement réglée par les articles 164 à 167 dans des matières précises et dans le cadre du Congrès qui réunit les deux Chambres. Ce qui était loin d'être le cas.

"En acceptant de débattre en public en plénière, qui plus est, radio-télévisée en direct, d’une motion d’un député sans aucun doute instrumentalisé et recherchant quelque notoriété par ces temps de débat de distribution des maroquins, le Bureau de l’Assemblée nationale a fait triompher l'option politique levée dans une officine oubliant la riposte cinglante: celle prévue par l'article 148 qui permettrait au Président de la République, Chef de l’Etat d'enclencher la procédure de dissolution. Aujourd'hui, il suffit de laisser courir quelques mois et nous serons dedans...Dans ce cas, cette majorité serait laminée à coup sûr", a-t-il poursuivi.

Kin-Kiey

L'ancien ministre des relations avec le Parlement précise que dans notre Constitution, le président de la République est le chef suprême et le monarque républicain qu'incarne le président français sous le régime de la Constitution de la Cinquième République. 

"Le Président peut tout et ne doit d'explication à personne. J'ignore si le porte-parole du Président de la République a bien lu ces ordonnances, s'il a reçu les bonnes copies, s'il y a eu deux ou quatre ordonnances", indique T. Kin-Kiey. 

Dans la foulée, le professeur Kin-Kiey Mulumba dit se rappeler que l'ancien premier ministre Samy Badibanga Ntita a eu droit à deux ordonnances, la première ayant été annulée à la suite d'accusations de double nationalité, la seconde ayant été signée après régularisation de l'état du candidat au consulat belge à Kinshasa. 

"Qui a débattu de cette question au Parlement ou sur les réseaux sociaux? Qui a critiqué le président de la République d'alors ou les services d'avoir fait nommer un étranger à la tête du Gouvernement national? Avait-on plus de respect en ces temps-là de l'institution président de la République ou les services fonctionnaient mieux ou avec moins de suspicion?", s'est demandé Tryphon Kin-Kiey Mulumba.

Au lendemain d'élections certainement les plus chaotiques qu'ait connues notre pays ajoute Kin-Kiey, le Congo est à la croisée des chemins et à l'entame d'une nouvelle étape. Saisissons cette opportunité et célébrons cette chance d'une passation des pouvoirs sans bain de sang.

Il affirme par ailleurs qu'une majorité parlementaire factice est sous observation stricte et de la population congolaise qui rêve d'un jour nouveau et ne permettra pas n'importe quoi et de la communauté internationale qui estime que ce pays a trop longtemps tiré par le bas le Continent sinon le monde.
 
"Ni le Congo, ni l'Afrique, ni le monde ne vont tolérer des dérives d'une certaine élite politique qui a littéralement échoué à reproduire son modèle politique et cherche à se maintenir malgré tout par des calculs politiciens qui visent à punir et à exclure quand CACH cherche à apaiser, à rassembler, à réconcilier et à avancer dans le processus de reconstruction", conclut Kin-Kiey Mulumba un des proches du chef de l'État.

Jephté Kitsita