Retour de Moïse Katumbi : État des lieux du pouvoir katangais (Tribune)

Jeudi 23 mai 2019 - 20:40
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Lomami

L'ancien gouverneur de l'ex province du Katanga a regagné le 20 mai dernier La République Démocratique du Congo Après 3 ans d'exil. Un retour qui a suscité beaucoup de réactions au sein de la classe sociopolitique congolaise.

Selon l'analyste Ilunga Nsenga Alain, le coordonnateur de LAMUKA Moïse Katumbi s'est investi dans une mission suicidaire de fragiliser Joseph Kabila en le taclant violemment avant même qu’il ne tire le prétendu troisième pénalty.

En outre, il affirme que Katumbi s’est offert à des alliances contre natures favorisant les conditions de l’émergence d’autres leaders opposants et non Katangais.

(Ci-dessous, l'intégralité de la tribune)

Les élections du 30 décembre 2018 ont marqué d’un sceau sombre l’ancienne province du Katanga, aujourd’hui déchue du sommet de l’État congolais alors qu’elle était reconnue voire enviée, depuis vingt deux  ans, au regard de son statut de levier du pouvoir kabiliste.

Que s’est-il passé, chez les katangais, révolutionnaires dans l’âme, pour en arriver à offrir à la RDC et au monde un spectacle cousu de trahisons, d’autodestructions, de contradictions et d’incohérence qui n’a nullement profité à la terre, de Moise Tshombe, de Jason Sendwe ou encore du regretté Mzee Laurent Désiré Kabila?

Il est vrai que l’on s’étonnera toujours de l’acharnement avec lequel certains fils du Katanga se sont employés à mettre à genoux, l'ancien président Joseph Kabila Kabange, leur leader qui aura pourtant tout fait afin de les hisser au sommet d’un des pays les plus vastes au monde.

Moise Katumbi Chapwe est l’incarnation de la faillite du peuple katangais, lui qui rêvait, tel un égocentrique, d’être calife à la place du calife en oubliant qu’en politique la loyauté et la fidélité valent mieux que l’or et l’argent. Il s’est plutôt investi dans une mission suicidaire de fragiliser son frère en le taclant violemment avant même qu’il ne tire le prétendu troisième pénalty qui aurait, ironie de l’histoire, tout de même bénéficié aux katangais.

Prématurément ambitieux, il s’est offert à des alliances contre natures favorisant les conditions de l’émergence d’autres leaders opposants et non Katangais. Au fond, combien de katangais ont-ils réellement bénéficié de la victoire de l’opposition aux élections présidentielles? Bien au contraire, le chômage katangais, au sein des institutions de la République, s’est sensiblement accru depuis la défaite du candidat du FCC alors que les anciens opposants jubilent au firmament du pouvoir.

L’illusion de la ferveur populaire qui a entouré se retour "théâtral" ne peut occulter des faits incontestables : l’homme a certes découvert le discours de l’ambiguïté mais il en a pas changé le fond. Le plus surprenant est que les katangais applaudissent celui qui a savamment orchestré leur mise à l’écart en privilégiant des alliances les plus détestables et en attisant la haine contre l’un de leurs plus dignes fils, le seul en mesure de conserver leur leadership en RDC.  

En 2023, le Katanga se verra offrir la chance de revenir tout en haut de l’État. Dans cette perspective, faut-il suivre le leader altruiste et conciliant qu’est Joseph Kabila qui, contre toute attente, a favorisé la nomination d’un premier ministre katangais ou convient-il de s’attacher à Moise Katumbi qui continue à diviser pour mieux servir les autres en affaiblissant le Katanga? L’avenir du Katanga exige que des voix se lèvent pour condamner la manipulation et le mensonge au service des intérêts d’un seul homme qui oublie que les katangais ne s’intéressent plus au pénalty ou encore aux deux chauffeurs de la voiture mais à l’effectivité de leur emprise, désormais perdue, sur les leviers du pouvoir.

Il lui reste peut être une chance, celle de la repentance et de la réconciliation auprès du père, le président honoraire, dont la grandeur d’âme lui réserve peut être une chance de s’amender. Sera-t-il pour autant pardonné par les katangais qui sont témoins d’une mutation de leur terre de foyer du kabilisme en fief de l’opposition?

Ilunga Nsenga Alain (Analyste)