Il est indéniable que la stabilité des institutions de la République a toujours une incidence favorable au développement de l’économie nationale. L‘embellie économique dont se targue le gouvernement est le fruit de la stabilité politique observée ces dernières années. Qu’en-t-il de 20l6 alors que les signaux politiques paraissent effrayants pour le climat des affaires?
La situation politique de la République démocratique du Congo interpelle toutes les bonnes consciences. Le processus électoral est bloqué. A onze mois des élections provinciales et de la présidentielle, le pays n’a pas un calendrier électoral.
La Commission électorale nationale indépendante (CENI), pourtant suffisamment représentative pour décider en toute connaissance des causes, semble abandonner le sort des scrutins entre les mains des participants aux prochains pourparlers. En réalité, le dialogue reste un prétexte pour changer les règles du jeu de l’ordre constitutionnel existant. Ça c’est connu.
Entre temps, les institutions de la République sont comme immobilisées et se soucient moins de leurs missions régaliennes au profit des agendas politiciens. Sinon, comment peut-on comprendre que la RDC manque de l’argent pour organiser ses propres élections, même si elles coutent plus d’un milliard Usd? Alors que ces élections sont censées être préparées depuis 2012. En quatre années de préparation, la RDC n’est pas en mesure de financer ses élections en toute souveraineté. Un paradoxe quand ces quatre dernières années la production du cuivre, principal produit d’exportation, est passé de 500 000 tonnes à plus d’un millions en 2015.
Dès lors, comment maintenir la paix en RDC si le pacte républicain est foulé aux pieds en l’absence d’un consensus de la majorité des acteurs sociopolitiques du pays. Et donc, le pays s’achemine vers l’inconnu, l’incertitude. Pourtant, les investisseurs n’aiment pas les incertitudes surtout politiques. La situation politique, mieux la stabilité des institutions, conditionne la marche de l’économie. D’ailleurs, depuis la démocratisation, le 24 avril 1990, chaque fois qu’il y a crise politique en RDC, l’économie du pays en pâtit toujours.
Le début douloureux de la démocratie dans la décennie 1990 a provoqué les pillages des 1991 et 1993. Depuis, l’économie de la RDC ne s’en est jamais remise. Plus récemment en janvier 2015, des pillages ont été perpétrés par des manifestants à la suite des protestations populaires contre les manœuvres de la majorité présidentielle de conditionner la tenue des élections par un recensement général de la population qui devrait aller au-delà des délais constitutionnels fixés au 19 décembre 2016, date d’expiration de l’actuel mandat présidentiel.
LES INVESTISSEMENTS VONT DANS LES PAYS STABLES
Le monde étant devenu un village planétaire, la situation de la RDC ne peut pas ne pas intéresser le reste du monde notamment .les investisseurs. Surtout que la RDC est en compétition avec d’autres pays africains qui recherchent les mêmes investissements sur le marché internationaux. Créer une situation explosive en RDC revient à condamner notamment son économie qui aspire à l’émergence à l’horizon 2030, selon les prévisions du gouvernement.
L’agenda politique étant celui de changer l’ordre constitutionnel risque bel et bien de court-circuiter les ambitions économiques de la RDC. Ce qui n’est pas une bonne chose pour le président de la République qui est appelé à dresser un bilan avant la fin de son mandat constitutionnel.
Rappelons que dans son programme quinquennal 2012-2016, le gouvernement s’est engagé à assurer le passage de la « stabilisation vers une croissance partagée et un développement réel de la nation congolaise ». A cet effet, le cadrage macroéconomique qui devait sous-tendre son programme quinquennal 2012-2016 a été projeté sur la base notamment d’un taux de croissance de l’économie à porter de 7% en 2012 à 15% en 2016.Un objectif non atteint.
En matière de mobilisation des ressources publiques ordinaires pour ce quinquennat, l’Exécutif national prévoyait de tout mettre en œuvre pour mobiliser en 2012 environ 5 milliards Usd en recettes ordinaires, 7 milliards Usd pour 2013, 10 milliards usd pour 2014, 12 milliards Usd pour 2015 et 14 milliards Usd pour 2016, soit environ 48 milliards Usd en cumulé pour la période 2012-2016.
Les résultats de terrain sont en deçà de ces prévisions. Le taux de croissance économique en RDC a connu un recul de 1,84% en 2015, s’établissant à ,7% contre 9,5% en 2014.La croissance à deux chiffres en 2016 reste exclue.
Dans cette condition, une crise politique ne ferait que baisser davantage les ambitions du gouvernement qui a renoncé à atteindre ses propres prévisions.
Par AMEDEE M.K.