Au grand jour, moment solennel. Une solennité sans fard. Il en a été ainsi ce lundi 2 mai. Lieu : Palais du peuple, à Kinshasa. Ministre de la Culture et des Arts, Banza Mukalay Nsungu prononcé son allocution de circonstance. « Quel triste devoir, que celui de prendre la parole devant ce gotha politique, intellectuel et artistique rassemblé en ce lieu pour rendre hommage à Papa Wemba », dit-il.
En liminaire, il a remercié très sincèrement le président de la République qui, alors qu’il était encore à New York, dès l’annonce de la mort de l’artiste Jules Shungu Wembadio, dit Papa Wemba, avait exprimé sa vive émotion et instruit le gouvernement de la République d’organiser des obsèques à la mesure de ce qu’a été «cette icône de la musique, mieux de l’art qui vient de nous quitter sans vraiment nous quitter ».
Et le ministre de la Culture et Arts de poursuivre sur le même registre : « Car, comme l’avait si remarquablement rappelé le poète sénégalais Birago Diop dans « Souffle », les morts ne sont pas morts ». A plus forte raison lorsqu’il s’agit d’un artiste. Banza Mukalay a remercié également le Premier ministre, chef du gouvernement, qui n’a eu de cesse de « nous talonner dans e cadre de l’organisation de ces obsèques ».
Comment ne pas remercier le président de la République de la Côte d’Ivoire, son gouvernement et le peuple ivoirien pour les hommages solennels rendus à notre Papa Wemba.
Et de manière particulière le ministre (ivoirien) de la Culture et de la Francophonie arrivé encore lundi soir à la tête d’une importante délégation pour ces funérailles, a-t-il déclaré, sans oublier les différentes délégations venues de provinces et de l’étranger pour assister à ces funérailles. Mêmes remerciements au comité organisateur de ce grand événement « pour son esprit de sacrifice, d’abnégation, et pour son sens élevé de responsabilité ».
UN SELF-MADE MAN
« De Papa Wemba, a affirmé le ministre, la postérité retiendra d’abord qu’il a été un self made man. Un homme qui, à force de travail, d’imagination et de créativité, a pu se frayer un chemin et de se faire un nom, au-delà des mers et océans ». De la star que toute l’Afrique voire la planète pleure en ce moment, le n°1 de la Culture et des Arts garde la mémoire d’un homme aux talents inestimables.
Artiste multidimensionnel, Papa Wemba faisait de l’art pour l’art. Et dans un monde de plus en plus dominé par le culte de l’argent, lui faisait le culte de l’art, du bien, du vrai et du beau.
Fort de son idéal artistique élevé, il a su s’échapper de l’emprise de l’avoir, pour le savoir et le savoir faire.
Artiste multidimensionnel ? Il l’a été assurément, puisque même l’art vestimentaire n’avait plus de secret pour « celui qui a été reconnu comme le « Pape » ou le « Roi » de la sape. Papa Wemba a fait de don de sa personne au pays. Il était foncièrement patriote.
Il a chanté pour sa patrie, l’unité et l’intégrité de son pays. Bien plus, son patriotisme ne se concevait pas sans le panafricanisme. « L’artiste que la RDC, l’Afrique et le monde pleurent aimait tout aussi passionnément son continent», a fait savoir Banza.
Il en épousait toutes les causes justes. Il a été par exemple de ceux qui ont œuvre, par la chanson, pour l’éradication de l’apartheid et la libération de Nelson Mandela.
Papa Wemba avait le souci de la relève. D’où sa disponibilité constante à former et à encadrer les jeunes. « Pour tous ces hauts faits sur le front de la culture et des arts, le président de la République l’avait, dans le cadre de PNMCA ( ), déjà admis, dans l’Ordre Kabila-Lumumba. Aujourd’hui, à titre posthume, il vient de l’élever à un des grades supérieur dans cet Ordre ». Banza en a remercié le chef de l’Etat.
En vue de perpétuer sa mémoire, conformément à la volonté du président de la République, le ministère, a-t-il annonce, va soumettre au gouvernement un projet de construction d’une salle moderne de spectacle à laquelle va être annexé un musée rassemblant les effets de Papa Wemba.
Il a par ailleurs informé l’opinion que le ministère de la Culture et des Arts est en pourparlers avec l’Unesco pour la reconnaissance et l’insertion de la rumba, sur la liste du patrimoine immatériel mondial de l’humanité; rumba dont Papa Wemba a été l’un des fervents promoteurs. Il a soumis à la Hiérarchie la demande des mélomanes de proclamer le 24 avril, journée de la musique congolaise.
Par Marcel LUTETE