Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères durant le génocide au Rwanda en 1994, s’est félicité vendredi de la déclassification des archives de la présidence française sur cette période, estimant que ces documents "montreront" que l’idée d’une participation de la France au génocide est une "falsification historique".
"Je me réjouis de cette ouverture" des archives, a déclaré en marge d’un point de presse le maire UMP de Bordeaux, chef de la diplomatie française de 1993 à 1995 et dont le rôle a été régulièrement critiqué par Kigali.
"J’ai déjà dit à plusieurs reprises que l’idée que la France ait pu participer, organiser ou avoir une responsabilité, quelle qu’elle soit, dans le génocide était une falsification historique", a poursuivi Alain Juppé.
"Il n’y a pas d’inquiétude à avoir, c’est ce que les archives montreront", a ajouté l’ex-ministre des Affaires étrangères.
Kigali accuse la France d’avoir été un acteur du génocide au Rwanda, où 800.000 personnes, essentiellement des Tutsis, ont été tuées.
Le Rwanda reproche notamment à la France d’avoir évacué dès le début du génocide, le 7 avril 1994, plusieurs dignitaires du régime hutu. Mais la principale accusation concerne l’opération Turquoise, lancée en juin 1994. Paris, mandaté par l’ONU, envoie alors 2.500 hommes pour établir une "zone humanitaire sûre" dans le sud.
La France se dit neutre, mais milices et soldats rwandais ne sont pas désarmés et aucun génocidaire n’est arrêté.
Pour Kigali, Turquoise a été un moyen déguisé de permettre à des milliers de génocidaires hutus de fuir vers le Zaïre (devenu depuis la République démocratique du Congo). Pire, les soldats français ont été, selon le président Paul Kagame, "complices", mais aussi "acteurs" des massacres.
"Turquoise a permis de sauver une quinzaine de milliers de vies", s’est toujours défendu le général Jean-Claude Lafourcade, chef de l’opération. Alain Juppé a régulièrement affirmé que "la France a été la seule puissance à agir". AFP