La Majorité a mis tout en œuvre pour réussir le pari du président Kabila concernant l’organisation du dialogue politique. Entre l’UDPS d’Etienne Tshisekedi et le camp du chef de l’Etat, Joseph Kabila, des contacts sont très avancés. Des sources bien introduites parlent de plus en plus de l’imminence d’une facilitation étrangère. Le tout dernier round des négociations, destiné à vider les points de divergence, se serait déroulé en Rome (Italie), siège de Sant’Egidio, cette congrégation spécialisée dans la résolution des conflits. Longuement citée pendant le dialogue inter congolais de 2002, elle vient à la rescousse du dialogue.
Dans la mouvance des préparatifs en 2002 du dialogue inter congolais, la congrégation italienne Sant’Egidio était de la course pour la facilitation de la crise congolaise. Des rencontres, auxquelles avait participé notamment le défunt chef d’Etat Laurent-Désiré Kabila, avaient été menées par cette congrégation catholique italienne spécialisée dans la résolution des conflits dans le monde. Finalement, les protagonistes à la crise congolaise avaient préférée une médiation africaine menée par l’ex-président Ketumile Masire, en optant pour Sun City, en Afrique du Sud, comme lieu pour des échanges. Depuis, Sant’Egidio est resté dans la mémoire des Congolais, chaque fois qu’on évoque la bouillante période du dialogue inter congolais.
Comme si l’histoire se répétait, la communauté Sant’Egidio remonte à la surface, alors qu’en RDC, tout le monde s’agite autour de l’imminence d’un dialogue politique. La rencontre en secret en Italie entre les émissaires du chef de l’Etat, Joseph Kabila, et du président de l’UDPS, Etienne Tshisekedi, a vivement réanimé la chronique autour de cette congrégation italienne. Sant’Egidio est sur toutes les lèvres.
Dans la ville haute, tout le monde en parle. L’UDPS d’Etienne Tshisekedi, qui passe pour le dernier rempart en vue de la convocation de ce dialogue politique, s’est clairement prononcée en faveur d’une médiation étrangère.
Dans les couloirs du parti d’Etienne Tshisekedi, l’on n’exclut pas l’option de Sant’Egidio. Bien au contraire, on s’en félicite. Sans infirmer ni affirmer les conciliabules de la terre italienne et le rôle de Sant’Egidio, Bruno Tshibala s’est contenté de déclarer que « s’il en est ainsi, l’UDPS ne peut que s’en réjouir puisque cela signifie que les autres ont évolué dans leur position ».
La réunion secrète de l’Italie entre les émissaires de deux camps (Kabila et Tshisekedi) aura donc été l’élément qui a relancé la piste de Sant’Egidio. Comme avec le dialogue inter congolais de 2002, Sant’Egidio est au cœur de l’actualité. La communauté italienne, qui a toujours offert ses bons offices dans la résolution des conflits en tous genres, est donc en voie de s’impliquer dans la crise congolaise.
COMME EN 2002...
Facilitation ou médiation, la piste italienne dame le pion à bien d’autres évoquées ça et là. Le pré-dialogue d’Italie entre l’UDPS et les émissaires de Kabila en est le prélude. Kabilistes et Tshiekedistes ont conféré sur le dialogue à Rome. Les dénégations embouchées au niveau des instances dirigeantes de I’UDPS ont laissé la place à la reconnaissance, à peine voilée de cette rencontre. A l’UDPS, on ne trouve pas d’inconvénients d’associer la communauté catholique de Sant’Egidio à la facilitation du dialogue politique.
Si la piste de Sant’Egidio s’avère de plus en plus probable dans la médiation au dialogue politique de la RDC, elle soulève cependant un certain nombre de questions. Le peuple congolais a encore frais en mémoire les déboires qu’a connus Sant’Egidio lorsqu’il s’était agi de l’associer à la médiation au dialogue inter congolais de 2002.
Bien sûr, la notoriété de Sant’Egidio penche en sa faveur dans la facilitation du dialogue politique auquel le chef de l’Etat entend convier le peuple congolais. Toutefois, il y a un os. Tant qu’on ne saura pas cerner ce qui a conduit exactement à la dis qualification de Sant’Egidio lors du dialogue inter congolais au profit d’une médiation africaine, confiée finalement à l’ex-président botswanais Ketumile Masire, il y a bien des zones d’ombre qu’il faudra éclaircir avant d’accorder un quelconque crédit à la congrégation italienne.
Entre l’UDPS d’Etienne Tshisekedi et le camp du chef de l’Etat, Joseph Kabila, le principe ayant été levé, la congrégation italienne part avec toutes les faveurs des pronostics. Ce qui vraisemblablement libère le chemin pour la convocation imminente du dialogue politique.
DEVOIR DE transparence
Il se constate aussi que les préparatifs se font cri secret. Des plénipotentiaires en charge des négociations prennent le soin de passer incognito comme si les Congolais de la Majorité et de l’Opposition ne pouvaient pas se parler. Il est vrai que pour suffisamment de sérénité, il était indiqué que les négociations préliminaires se tiennent loin des bruits de Kinshasa, particulièrement, et loin des pesanteurs au pays. Cela n’induit pas que le jeu de cache-cache soit institué en cette période.
Ce qui peut conduire à des comportements de rejet non seulement par d’autres franges de la classe politique, mais surtout dans l’opinion. A espace régulier, il faut que les personnes investies du pouvoir de négocier s’ouvrent au peuple, en lui disant la vérité sur les tenants et les aboutissants de ce qui risque d’arriver si rien n’est fait.
Par LE POTENTIEL