Facilitation au dialogue : où est passé Edem Kodjo ?

Mercredi 2 mars 2016 - 10:57
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Le dialogue politique, soutenu à grande pompe par la Majorité présidentielle, se fait toujours attendre. A Kinshasa, son initiateur, le président Joseph Kabila ne semble plus y accorder une grande importance. Par ailleurs, le facilitateur désigné de l’union africaine, Edem Kodjo, ne donne plus signe de vie après ses consultations en trois temps des parties concernées dans la capitale congolaise. Est-il à Addis-Abeba, à Lomé ou ailleurs ? L‘opinion a besoin de savoir.

 

Après deux passages à Kinshasa et un détour à Bruxelles (Belgique), Edem Kodjo aurait certainement mesuré la complexité de la crise congolaise. A l’instar de l’initiateur du dialogue, le Togolais reste aphone, plongeant le dialogue dans un trou noir. Alors qu’autour de lui, tout le monde continue à croire, Joseph Kabila ne semble pas encore avoir trouvé la bonne mesure pour matérialiser ces assises. Son ordonnance du 28 novembre 2015 prend de plis en plus de la poussière dans certains tiroirs.

 

Dépêché par l’Union africaine (UA) en RDC pour aider à la facilitation de ce dialogue, le Togolais Edem Kodjo semble broyer du noir. Juste après sa désignation par la présidente de la Commission de l’UA, Edem Kodjo a fait le déplacement de Kinshasa pour s’entretenir avec toutes les parties aussi bien la MP, l’Opposition que la Société civile. Il est allé jusqu’à Bruxelles pour rencontrer sur son lieu de convalescence le président de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), Etienne Tshisekedi.

 

Par après, le facilitateur désigné par l’UA a été signalé à Kinshasa pour un passage- éclair. Puis, plus rien. Un passage à vide. On n’a donc plus de nouvelles. A Kinshasa, comme à Addis-Abeba, siège de l’UA, personne ne sait exactement ce qu’est advenu Edem Kodjo. Aurait-il renoncé à sa mission ? Difficile à dire. Le plus évident est qu’on ne sait pas dire avec exactitude ce qui se trame pendant ce temps.

 

Toujours est-il que son passage à Bruxelles auprès d’Etienne Tshisekedi doit lui avoir certainement ramené à la raison. En acceptant la mission lui confiée par Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l’UA, le Togolais ne cernait pas toutes les subtilités de sa mission.

 

Après ses nombreux entretiens à Kinshasa, avec d’un côté les partisans au dialogue, et de l’autre, l’aile dure des opposants à ce projet, Edem Kodjo doit avoir enfin découvert les méandres de la tâche qui lui a été confiée. Sa rencontre à Bruxelles avec Etienne Tshisekedi doit avoir certainement raffermi ses doutés. Aujourd’hui, Edem Kodjo est un homme seul. Son silence en témoigne. Il ne donne plus signe de vie.

 

LE GRAND DILEMME

Ecartelé entre les pro et les anti-dialogue, Edem Kodjo aurait-il fini par rendre le tablier ? On n’en sait rien non plus. De toute façon, deux options s’offrent à lui poursuivre sa mission jusqu’au bout, avec tout ce qu’il y a comme obstacles à franchir ou jeter l’éponge. Dans tous les cas, c’est la crédibilité de l’UA qui est en jeu.

 

On se rappelle qu’au plus fort de la crise burundaise, l’UA avait dépêché le même Togolais à la rescousse. L’enlisement dans lequel se trouve aujourd’hui le Burundi dit tout de la mission d’Edem Kodjo. Est-ce que le Togolais pouvait réussir à Kinshasa l’exploit qu’il n’a pas réalisé à Bujumbura ? Juste après sa nomination, des commentaires ont abondé dans ce sens. Chacun à sa manière. Mais, les plus optimistes lui ont accordé un crédit, s’appuyant sur sa longue expérience dans la diplomatie africaine. Mais, tous ont ignoré que la RDC fait exception, aussi bien dans ses problèmes que dans la nature de ses acteurs politiques. A Kinshasa, comme à Bruxelles, Edem Kodjo a découvert toutes ces contradictions congolaises.

 

Quelle interprétation peut-on faire du silence actuel de l’envoyé ou facilitateur (c’est selon) de l’UA du dialogue en RDC ? L’opinion se perd en conjectures. Le Togolais prendrait-il son temps avant de rendre publiques les conclusions de ses consultations ? Aurait-il renoncé à sa mission ? Seule une sortie publique de sa part rassurait tout le monde. Au cas contraire, ce serait un nouvel échec pour l’UA. Bien plus, le silence radio qu’affiche Edem Kodjo devient inquiétant, surtout après le dernier passage à Kinshasa du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.

 

Les Nations unies auraient-elles prédit un échec ? L’hypothèse n’est pas à exclure. Tout se passe comme si en chargeant l’UA de s’impliquer davantage dans la crise congolaise, les Nations unies auraient presque légué une patate chaude à l’instance panafricaine - convaincues d’une impasse dans les tout prochains jours. Il est vrai qu’on peut retourner le silence du Togolais dans tous les sens, mais un fil conducteur peut aider à comprendre son attitude.

 

Quoi qu’on dise, la convocation du dialogue proposé par le chef de l’Etat devient quasiment hypothétique. Beaucoup reste encore à finaliser. Les multiples appels des partenaires extérieurs, chacun suivant sa terminologie aux élections « à bonne date », dans le « vrai délai constitutionnel » ou à un dialogue « conforme à la Constitution », ont fini par dissuader le diplomate togolais, obligé bon gré mal gré, à intégrer la dynamique internationale. Or, quelles sont les attentes des partenaires extérieurs, sinon que le dialogue se tienne dans le strict respect des limites fixés dans la Constitution du 18 février 2006.

 

LE POTENTIEL

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