48 heures après l’annonce, par le porte-parole du gouvernement, du rétablissement total de l’internet et ses applications ainsi que des courts messages par téléphonie mobile (Sms), les opérateurs du secteur congolais des télécommunications se sont mis à arroser leurs abonnés des textos confirmant le retour à la normale pour au plus tard le dimanche 08 janvier 2015. Il faut relever tout de suite que la joie de la clientèle a été de courte durée. Les jeunes, qui constituent la majorité d’utilisateurs des réseaux sociaux, étaient déçus de ne pouvoir accéder ni à « Facebook », ni à « Twitter ». C’est tout juste s’ils pouvaient communiquer par « Wasthapp » et « Viberqui ».
On sait, de l’aveu du gouvernement congolais lui-même, que l’Internet et ses différentes applications avaient été fermés pour des raisons d’e sécurité. Il s’agissait, affirmait-on, d’enrayer l’intoxication et la désinformation véhiculée par des images et messages jugés mensongers lors des événements du 19 au 23 janvier 2015 liés à l’insertion du recensement et de l’identification de la population comme préalables à l’organisation des scrutins de 2015 et 2016.
De quoi a-t-on peur? Telle est la question que se posent des millions de compatriotes vivant au pays comme à l’étranger. Car beaucoup sont d’avis qu’en dehors de cas isolés de « montages »grossiers, la plupart d’images et informations diffusées à travers les réseaux sociaux l’étaient en temps réel, notamment l’encerclement et la mise sous scellés des sièges de plusieurs partis politiques de l’Opposition à Kinshasa, la traque des députés de l’Opposition et leurs militants par des policiers, les affrontements, entre manifestants et forces de l’ordre, le saccage des commissariats de police, magasins, véhicules et bâtiments publics par des jeunes en furie, le port des calicots avec des messages hostiles aux hommes au pouvoir en place, les morts et blessés victimes de la répression policière, les pneus en feu sur les principales artères de Kinshasa, Kasangulu, Lukala, Kimpese, Beni, Goma, Bukavu, Mbuji-Mayi, Kisangani, Mbandaka, la marche de colère des étudiants de l’Université de Kinshasa, les jets des gaz lacrymogènes sur les manifestants,’etc.
Si des dérapages n’avaient pas été enregistrés de la part des forces de l’ordre mais aussi des masses populaires en furie, les internautes congolais n’auraient rien eu à partager sur les réseaux sociaux. C’est lieu de déplorer ici des faits et gestes des compatriotes en uniforme, qui ont tendance à empêcher les citoyens d’exprimer pacifiquement un droit élémentaire leur reconnu par la Constitution de la République : celui de manifester. De mémoire de Congolais, il est souvent noté.que la source des violences lors des, manifestations de rue se trouve être l’excès de zèle des forces de l’ordre, auxquelles se mêlent souvent des « guerriers » dont la présence est vivement réclamée dans les zones de conflit, au Nord et à l’Est du pays, mais que l’ont surprend dans le dispositif de maintien de l’ordre dans les villes.
Au lieu de tenter de maintenir le peuple congolais dans la sous-information, sur une planète où les opportunités de communiquer sont sans, limite, les autorités congolaises feraient mieux de professionnaliser davantage la police et de cesser de l’instrumentaliser comme outil de répression tourné contre le souverain primaire. Les « Trois glorieuses » ont montré si besoin en était, que face au souverain primaire, les kalachnikov, balles et autres chars et blindé avaient fini par montrer leurs limites. Au finish, il a bien fallu à l’Assemblée Nationale de s’aligner sur la position du Sénat et donc agréer le refus, par la majorité silencieuse, de la version originale et partant conflictuelle, de la Loi électorale. Le pouvoir en place a compris, sur le tard, que le bain de sang n’allait rien régler.
Kimp