Face aux députés, Boshab plus jongleur que convaincant

Mardi 14 avril 2015 - 13:06

Epaulé par le ministre de la Jusice, le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur parle d’une tombe commune au lieu d’une fosse commune qui, de son avis, suppose des massacres et exécutions sommaires

Sur invitation du bureau de l’Assemblée nationale, le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur s’est présenté hier lundi 13 avril à la Chambre basse du parlement pour éclairer la lanterne des députés nationaux sur l’existence d’une fosse commune au cimetière de Fula Fula à Maluku, une commune de la ville de Kinshasa.

Evariste Boshab a rappelé que, dans une lettre datée du 24 mars dernier, la Division des droits de l’homme près les Nations Unies a exprimé des inquiétudes sur l’existence d’une fosse commune dans cette partie de la capitale congolaise.

En réaction à cette correspondance, le ministre de la Justice a ouvert une enquête judiciaire, tandis qu’Evariste Boshab lui-même a ouvert une enquête administrative dont il a communiqué les résultats le 3 avril dernier aux représentants de la Division des droits de l’homme près les Nations Unies, des ONG de défense des droits de l’homme et de la presse tant nationale qu’internationale.

A en croire ce membre du gouvernement de la République, ces résultats démontrent que la suspicion des tueries des Congolais est fausse et qu’il y a plutôt » une tombe commune par inhumation collective » des corps des personnes mortes de mort naturelle.

Cette inhumation collective a été opérée la nuit du 19 mars et concerne 421 corps humains, parmi lesquels 300 mort-nés et nouveau-nés, 23 corps non réclamés des personnes identifiées dont les familles ont déclaré ne pas avoir de moyens d’inhumation, etc.

Elle a été opérée suite à la requête de la morgue générale de Kinshasa qui avait demandé à l’autorité compétente de disponibiliser un espace pour être désengorgée, tenant compte de sa capacité d’accueil.

Encore 178 corps à inhumer

Ensuite, le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur a déploré l’obsolescence des textes légaux régissant le droit funéraire congolais, ajoutant que les funérailles en RD Congo doivent être légiférées, dans un contexte où les frais funéraires sont onéreux.

Et de conclure : » L’inhumation collective de Maluku n’est pas la première du genre, ni la dernière car 178 autres corps abandonnés à la morgue générale de Kinshasa attendent d’être inhumés. «

Dans le même ordre d’idées, le ministre de la Justice a appuyé l’existence d’une tombe commune et l’existence de la carte de toutes les tombes communes de la ville de Kinshasa.

Un refus injustifié

De son avis, l’inhumation collective de Maluku a été opérée la nuit pour éviter les attaques perpétrées jadis par les populations environnantes des sites choisis contre les agents des services compétents et non pour cacher la vérité ; la règlementation en la matière a été respectée.

Le ministre Alexis Tambwe Mwamba a également indiqué que tous les témoins amenés sur le site de Maluku n’ont pas senti l’odeur, ni vu les mouches au-dessus de la tombe commune, contrairement à certaines rumeurs.

Il a ordonné au procureur général de la République d’ouvrir une enquête judiciaire sur ce dossier, souhaitant voir le législateur étudier la possibilité d’incinérer les corps humains abandonnés.

Alexis Tambwe Mwamba a reconnu la mort d’un des compagnons d’Eddy Kapend survenu au lieu de sa détention et dont le corps a été retrouvé dans le site de Fula Fula à Maluku.

Ce corps a été remis à la famille de l’illustre disparu et les résultats de l’autopsie sont attendus, afin de connaitre la cause réelle de ce décès.

Un député national a proposé de surseoir le débat et d’attendre les résultats de l’enquête ouverte par le procureur général de la République. Un autre a fustigé le refus par le gouvernement de la République d’une somme de 1 million 500 mille euros proposée à l’exécutif national par les Nations Unies pour mener à bon port les enquêtes.

Selon cet élu du peuple, ce refus n’est pas justifié dans un pays où le budget de l’Etat est en grande partie financé par la communauté internationale.

Par Marcel Tshishiku