Exclusif: kitebi accusé de détournement de 73 millions de dollars

Samedi 15 novembre 2014 - 18:55
Exclusif-Kitebi : 73 millions de dollars détournés, selon Jean Lucien Busa (KINSHASA)- Patrice Kitebi, le ministre délégué aux Finances est encore éclaboussé dans un nouveau scandale financier. Après l’affaire de la motion de défiance liée au détournement des crédits destinés au porte-parole de l’opposition politique, un autre dossier sale colle à la peau l’homme de Matata. Depuis deux ans, l’argentier congolais a pris une décision amputant aux services publics, organismes et entités 50% des redevances provenant de la redevance et frais de rémunération des services rendus à l’exportation des produits miniers. Pourtant, l’article 234 du code minier et l’article 250 du règlement minier lui interdisent telle initiative. Conséquence, 73.282.128 millions de dollars se sont volatilisés. L’opposant Jean Lucien Bussa Tongba a dénoncé cette pratique de fraude institutionnalisée et initié une interpellation contre le ministre délégué aux Finances. ‘‘A ces jours, il y a lieu de noter que les fonds prélevés à la suite de la décision verbale du ministre dans un premier temps et de l’arrêté du 31 août 2013 qui concède à un fonds spécial de développement illégal, a causé des manques à gagner de janvier 2013 à octobre 2014 estimés à 73.282.128 millions de dollars au détriment de la province du Katanga, de l’Occ, de la Dgrad, de l’administration des mines, de l’Igf, du Ceec, Ctcpm, Saesscam, du commissariat général à l’énergie atomique, de la commission d’encadrement, du comité de suivi et de l’administration du commerce extérieur’’, a déploré l’opposant économiste Jean Lucien Bussa dans le document déposé à l’assemblée nationale. D’après la loi, les services publics, organismes et entités cités sont de droit bénéficiaires de quotes-parts de 1% de cette redevance et frais de rémunération converti en 100% des recettes leur revenant de plein de droit. Ainsi, l’élu de Budjala veut savoir dans quel compte de l’état les 73 millions de dollars ont été versés parce que, dit-il, ni dans le budget 2013 moins encore dans celui de 2014, cet argent n’a été répertorié. Au sujet du Fonds spécial de développement, le leader du Courant des démocrates rénovateurs constate qu’il n’a émargé, à l’instar d’autres fonds, dans aucun budget depuis deux ans confirmant ainsi son inexistence illégale. ‘‘Ce montant ne figure nulle part dans les lois des finances 2013 et 2014’’, assure l’ancien président de la commission économique et financière de l’assemblée nationale. L’opposant conclut en disant que le ministre auprès du premier ministre, chargé des finances s’est résolu à regarder dans la direction contraire aux lois de la république et introduire des pratiques irrégulières et illégales contraires à l’esprit et la lettre de cette loi.     INTERPELLATION DU MINISTRE DELEGUE AUPRES DU PREMIER MINISTRE, CHARGE DES FINANCES   Objet : Rabattement irrégulier des redevances et frais en rémunération des services rendus à l'exportation des produits miniers marchands au détriment des services et organismes publics intervenant aux frontières et détournement à des fins non prévues par la loi d'un montant de 73.282.128 $ US.   Honorable Président de l'Assemblée nationale, Honorables Membres du Bureau, Honorables Députés et Chers Collègues,   Conformément aux articles 100, alinéa 2, 138, alinéa 1er point 3 de la Constitution et aux articles 165 à 190 du Règlement Intérieur de l'Assemblée Nationale, je prends la responsabilité et je sollicite de l'auguste Assemblée, l'interpellation du Ministre Délégué auprès du Premier Ministre, chargé des Finances dont l'objet en concerne. Depuis deux ans exactement c'est à dire de novembre 2012 à novembre 2014, les services, structures et organismes bénéficiaires de la redevance et frais en rémunération pour services rendus à l'exportation traversent des situations très difficiles sur le plan financier et ne sont plus à même de répondre efficacement à certains engagements, à exécuter certains projets d'investissement et même le personnel subi le contre coup de la crise créée par la décision arbitraire du Ministre délégué en charge de finances, les amputant de 50 % des recettes provenant de la redevance et frais en rémunération des services rendus à l'exportation des produits miniers de la République Démocratique du Congo de 1% prévu par le code minier en son article 234. En effet, la province du Katanga, l'Administration des mines, le Comité de suivi, la Direction Générale des Recettes Administratives et Domaniales(DGRAD),l'Administration du Commerce Extérieur, l'Inspection Générale des Finances(IGF), l'Office Congolais de Contrôle(OCC),le CEEC, la CTCPM, la SAESSCAM, le commissariat général à l'énergie atomique et la commission d'encadrement sont de droit bénéficiaires respectivement des quotes-parts de 1% de la dite redevance et frais rémunératoires converti en 100 % des recettes leur revenant de plein droit, conformément aux dispositions du code minier sus-évoqué , au Règlement minier et à l'Arrêté ministériel qui affecte d'office ces recettes à tous ces services publics, organismes et entités. Ces services, organismes et entités paient depuis deux ans le prix de la décision prise par le Ministre des finances de confisquer 50% de cette ressource en violation de l'esprit et la lettre de l'article 234 du code minier et l'article 520 du Règlement minier occasionnant ainsi le détournement d'un montant estimé à 73.282128 $ de Janvier 2013 à Octobre 2014. Considérant les difficultés créées par cette décision sur le fonctionnement des structures, services et organismes dont le manque à gagner se monte à 73.282.128 $ théoriquement alloué à un fond spécial de développement, mû par la volonté de lutter contre l'opacité dans la gestion de l'Etat en vue d'améliorer la transparence des finances publiques et renforcer l'Etat de droit , j'ai décidé de porter ce débat au parlement afin que celui-ci obtienne l'éclairage du Ministre et la réparation des préjudices ainsi causés aux bénéficiaires.   Honorables députés, Je vous convie à la suite de cette introduction à constater jusqu'à quel point la décision du Ministre enfreint le cadre légal, cause un manque à gagner aux services et organismes bénéficiaires, crée des remous sociaux et perturbe la perspective que se donne les services, organismes et structures.   Cette situation devait interpeller les élus du peuple et en appeler à la responsabilité de l'Assemblée Nationale.   Du cadre légal violé   Honorables Députés et Chers Collègues, D'entrée de jeux, je tiens à rappeler d'une part que le Code minier en son article 234, alinéa 3 dispose, s'agissant du droit de sortie que : « les redevances et frais en rémunération des services rendus à l'exportation des produits marchands ou biens à l'exportation temporaire pour perfectionnement ne peuvent excéder 1% de leur valeur ».   D'autre part, le décret n°038/2003 du 26 mars 2003 portant Règlement minier en son article 520 relatif au plafonnement des redevances et frais à la sortie dispose : « Dans un délai de trois mois de l'entrée en vigueur qui suivent l'entrée en vigueur du présent Décret, un arrêté du Ministre des Finances précisera les modalités d'application des dispositions du dernier alinéa de l'article 234 du Code minier. Ledit arrêté établira : Un guichet unique pour le paiement des redevances et frais en rémunération des services rendus à l'exportation ; La clé de répartition des redevances et frais rémunératoires perçus, Le mécanisme de crédit à valoir sur les redevances et frais rémunératoires ultérieurs en cas de paiement au-delà du plafond fixé à l'article 234 du Code minier ».   De ce fait, l'Arrêté ministériel n°003/CAB/MIN/FINANCES/2009 du 24 janvier 2009 fixant les modalités de répartition des redevances et frais pour services rendus à l'exportation des produits miniers modifiant et complétant l'Arrêté ministériel n°010/CAB/MIN/FINANCES/2006 du 13 mars 2006 portant sur le même objet et ce en exécution du Règlement minier ; pris en application du code précité, institue un « Comité de suivi » chargé de suivre les perceptions réalisées par la DGDA, au titre de redevance et frais susvisés, et de leur répartition entre les services et organismes publics intervenants (Cfr. Article 9 de l'arrêté du 13/03/2006).   Honorables Députés et Chers Collègues, La redevance et frais rémunératoires de 1% perçu par la DGDA conformément à l'article 234 du Code minier rappelé ci-dessus reconverti en 100% est reparti de la manière suivante entre les services, organismes et structures membres, hormis ceux qui émargent directement à ladite clé de répartition : le fonctionnement du Comité de suivi (y compris le jeton de présence des délégués) : 3% ; l'Administration des mines (Division provinciale) : 10% ; la DGRAD : 8% ; l'Administration du Commerce Extérieur : 2% ; la province d'exploitation des produits et biens visés : 25% ; l'IGF : 5% ; l'OCC, lorsqu'il s'agit des substances précieuses et semi-précieuses : 5% ; le CEEC, s'agissant des métaux non ferreux : 5% ; la CTCPM : 10% ; la SAESSCAM : 12% ; le Commissariat général à l'énergie Atomique : 5% ; la Commission d'encadrement : 10% ;   Les modalités de mise à disposition des quotes-parts de chacun des services, organismes et structures bénéficiaires sont fixées de commun accord entre la DGDA et ces derniers au sein du Comité de suivi.   Toutefois, les quotités dues aux provinces et à la Commission d'encadrement sont mises à la disposition de celles-ci hebdomadairement par les Directions provinciales de la DGDA suivant les instructions de la Direction générale convenues au sein du Comité de suivi. Contrairement à ces prédécesseurs, le Ministre en cause a décidé de prélever 50% de cette redevance et frais rémuneratoires, privant ainsi les bénéficiaires de leurs droits en violation de la Loi.   Des pratiques de gestion irrégulières et confuses   Honorables Députés et Chers Collègues, Force est de constater que le Ministre Délégué auprès du Premier Ministre, chargé des Finances, s'est résolu depuis novembre 2012 à regarder dans la Direction contraire aux lois de la République et à introduire des pratiques irrégulières et illégales contraires à l'esprit et à la lettre de ladite loi en décidant de bloquer le paiement en faveur de certains services, organismes et structures bénéficiaires et à concéder les 50% du produit de la redevance rémunératoire due aux services, structures et organismes publics concernés pour le financement du « fonds spécial de développement », du reste inexistant et partant non prévu dans les dispositions du code minier ainsi que d'autres textes légaux de sa mise en œuvre. Tenez chers Collègues : En novembre 2012, le Ministre Délégué décida de bloquer verbalement la totalité de la redevance et frais en rémunération des services rendus à l'exportation des produits miniers, violant ainsi les textes légaux et règlementaires suivants : La Loi n°007/2002 du 11 juillet 2002 portant Code minier en son article 234 alinéas 1 et 3 ; Le décret n°038/2003 du 26 mars 2003 portant règlement minier en son article 520 ; L'Arrêté ministériel n°003/CAB/MIN/FINANCES/2009 du 24 janvier 2009 ; En décembre 2012, le Ministre avoua et s'inclina devant les réclamations des services concernés et restitua la totalité des frais revendiqués des mois de novembre et décembre 2012 ; En janvier 2013, le Ministre décida de bloquer pour la deuxième fois la totalité de la redevance et frais rémunératoires. Ce qui a suscité à une vague des revendications des syndicalistes jusqu'au mois d'avril ; En Avril 2013, le Ministre convoqua les mandataires des services concernés et les obligea à signer malgré leur refus, un « Protocole d'accord » en violation des lois et règlements en vigueur, leur imposant de céder 50% de leurs recettes et les attribua à un service qui n'existe pas officiellement, « fonds spécial de développement ». Les services qui avaient refusé de signer ce protocole d'accord avaient ipso facto perdu leurs droits. C'est le cas de l'OCC et de la province du Katanga. En août 2013, le Ministre signa l'Arrêté n°126/CAB/MIN/FIN/2013 modifiant et complétant l'Arrêté ministériel n°003/CAB/MIN/FINANCES/2009 du 24 janvier 2009, énervant ainsi les dispositions légales et règlementaires ci-dessous ; L'article 234, alinéa 1er du Code minier (les frais en rémunération ne sont pas des recettes du Trésor public mais des sommes dues à des services ou à une entité territoriale en contrepartie des services rendus) Les articles 5, 11 et 20 de la loi n° 11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques ; Le principe de non rétroactivité même dans le cas où l'Arrêté était conforme à la loi (Arrêté du 31 août 2013 entre en vigueur le 1er janvier 2013) ; D'après mes sources, certains collègues du Ministre notamment ceux de l'Economie et Commerce, de la Santé et celui des Mines ont demandé, sans succès, à leur collègue des Finances de respecter la Règlementation en la matière en payant la totalité de la redevance et frais rémunératoires, qui ne sont pas des recettes du Trésor public, aux bénéficiaires légaux.   Dans le même d'ordre d'idée, l'Inspection Générale des Finances avait analysé le projet d'Arrêté à l'intention du Ministre délégué et lui avait conseillé d'abandonner purement et simplement son projet de prélever 50% des redevances et frais pour le financement hors budget des actions prioritaires. Car, en effet, cet acte violait aussi bien la loi relative aux finances publiques, la loi de finances de l'exercice, que les dispositions légales du code minier.   Dans la même foulée, la province du Katanga avait quant à elle rappelé au Ministre que les finances du Pouvoir central sont distinctes de celles de la province alors que l'OCC et le Katanga avaient refusé de signer comme relevé ci-haut le protocole d'accord. Malgré tout cela, le Ministre est resté intraitable sur le sujet causant ainsi des préjudices énormes aux bénéficiaires légaux. Ce qui du reste est confirmé par l'intersyndicale des services bénéficiaires de la redevance et frais en rémunération des services rendus à l'exportation des produits miniers marchands.           Du manque à gagner et autres conséquences sur les bénéficiaires   Honorables Députés, A ces jours, il y a lieu de noter que les fonds prélevés à la suite de la décision verbale du Ministre dans un premier temps et de l'Arrêté n°126/CAB/MIN/FIN/ 2013 du 31 août 2013 qui concède à un « Fonds spécial de développement » illégal comme indiqué ci-dessus, 50% de la redevance et frais rémunératoires a causé des manques à gagner de janvier 2013 à octobre 2014 estimé à 73.282.128 $ US au détriment de la Province du Katanga, de l'OCC, de la DGRAD, de l'Administration des mines, de l'IGF, du CEEC, CTCPM, SAESSCAM, du Commissariat général à l'énergie Atomique, de la Commission d'encadrement, du Comité de suivi et de l'Administration du Commerce Extérieur.   De même, cette position prise par le Ministre Délégué auprès du Premier Ministre, chargé des Finances affecte négativement depuis 2012, les finances des services, organismes et structures bénéficiaires de la redevance ainsi que l'ensemble du personnel qui, d'après l'intersyndicale des services concernés, paient le prix d'une décision injustifiée.   Préoccupations majeures.   Honorables Députés, De ce qui précède, je voudrais que le Ministre Délégué auprès du Premier Ministre, chargé des Finances s'explique devant les élus du peuple en répondant aux préoccupations ci-après : En vertu de quel pouvoir a-t-il décidé de violer l'article 234 du Code minier et 520 du Règlement minier ? En vertu de quelle loi, les fonds destinés aux services, organismes et structures se doivent d'être concédés en faveur du « Fonds spécial de développement inexistant » ? Quel est l'acte législatif qui crée le Fonds spécial de développement et quelle est sa mission ? Les deux décisions du Ministre relatives à l'imposition du prélèvement de 50% de la redevance au regard du caractère transversal de ladite redevance, qui concerne à la fois les services des Ministères des Mines, de l'Economie et du Commerce ainsi que ceux des finances, ont-elles été prises en Conseil des ministres ? Le Ministre peut-il expliquer comment en l'absence des dispositions abrogeant l'Arrêté ministériel n°003 sus-évoqué à partir du mois de novembre 2012, il décida verbalement de bloquer la totalité de la redevance et frais en rémunération des services rendus à l'exportation des produits miniers, paralysant ainsi près de treize services publics, structures et entités ? Le Ministre a imposé un protocole d'accord aux responsables des services bénéficiaires en marge du cadre légal, lequel protocole a été contesté et non signé par certains services et entités dont, la province du Katanga et Commissariat Général à l'Energie Atomique. Un protocole d'accord est-il a même de déroger à la Loi pour arracher 50% des fonds aux services et entités bénéficiaires ? A la suite de la réaction de la province du Katanga, contenue dans la lettre n°10/00249/CAB/GP/KAT/2013 du 22 février 2013, le Ministre a payé la totalité de ces frais seulement à cette dernière. Qu'est ce qui avait motivé sa décision inéquitable et discriminatoire à l'encontre d'autres services ? L'Arrêté de 2013 alloue 3,5% de la redevance et frais rémunératoires au Ministère des Finances alors qu'il n'en est nullement bénéficiaire en tant que tutelle qui émarge au budget du pouvoir central. Quelle est la raison d'être de cette prime accordée au Ministère ?   Responsabilité de l'Assemblée nationale   Honorables Députés, Les lois de la République ont été violées, un « Fonds spécial de développement » inexistant sur le plan légal a été institué sans une loi votée au Parlement, ni Ordonnance du Président de la République. Des prélèvements ont été opérés sur un compte affecté au détriment d'une province, des services, organismes et structures de l'Etat, au grand préjudice de l'équilibre financier de ces derniers et avec des conséquences sociales négatives sur l'ensemble du personnel desdits services. Nulle part dans les lois des finances 2013 et 2014 ce montant ne figure.   Le Ministre a l'obligation d'indiquer aux Députés les références du Compte de l'Etat qui a reçu les 73.282.128 $ et qui en est le gestionnaire. Car, en effet, ni la loi de finances de l'exercice 2013, ni celle de l'exercice 2014, ne font référence à cette recette. Par ailleurs, le Fonds spécial de développement qui, à l'instar des autres fonds, devait émarger au Budget de l'Etat comme compte spécial, n'a pas été identifié dans les différents budgets étant donné son inexistence légale.   Nous sommes législateurs. Nous n'avons pas légiféré sur cette question. Nous sommes contrôleurs et nous devons nous assumer. Nous sommes des Représentants du peuple et nous devons défendre et protéger leurs intérêts au détriment des intérêts privés. C'est la substance de l'interpellation que je voudrais adresser au Ministre Délégué auprès du Premier Ministre, chargé des Finances.   Je ne doute donc pas que nous allons à l'unanimité décider d'interpeller le Ministre, au regard des motivations sus-indiquées.   Fait à Kinshasa, le 14 novembre 2014   Honorable Jean Lucien BUSSA TONGBA Députe National
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