Les dérapages enregistrés dernièrement à Lodja à la suite de la lecture, par plusieurs curés des paroisses de cette partie de la République, du message de la Cenco (Conférence Episcopale Nationale du Congo) appelant les chrétiens à s‟opposer à toute révision constitutionnelle, n‟en finissent pas d‟agiter l‟opinion nationale. Dans le lot des compatriotes indignés par ces actes de barbarie, il faut compter Franck Diongo, député national de son état. Au-delà de simples jérémiades, il a décidé de porter l‟affaire à l‟hémicycle de Lingwala.
Dans une lettre datée du 27 octobre 2014 et signée de sa main, il a déposé auprès d‟Aubin Minaku, président du Bureau de l‟Assemblée Nationale, tous les éléments d‟information en rapport avec le dossier. Rappelant le film des événements, il a signalé des expéditions punitives menées par des hordes d‟inciviques contre des paroisses, couvents, prêtes et religieuses du territoire de Lodja, durant les journées du 12 et 13 octobre 2014. Son bilan recoupe celui déjà communiqué par le clergé catholique et plusieurs organisations de défense des droits de l‟homme : un prêtre (Abbé Pascal Djongelo) grièvement blessé avec fracture à une jambe ; une religieuse (Soeur Hélène Komba), tabassée et dénudée, présentement hospitalisé dans un état grave ; des mobiliers et équipements détruits méchamment ; des panneaux solaires mis hors service.
Dans sa lettre au Bureau de l‟Assemblée Nationale, Franck Diongo a exprimé sa vive inquiétude face à la montée d‟une antivaleur : la xénophobie. A l‟en croire, les démons de la division entre « Tetela de la savane » et « Tetela de la forêt » est passé par là. Résultat : tous les prêtres et religieuses victimes de la furie des miliciens instrumentalisés par des politiciens sont des non originaires.
Ce député national craint que la fracture sociale entre filles et fils du District du Sankuru, déjà vieille de plusieurs décennies, loin de se refermer, ne s‟aggrave. Il pense que la profanation de l‟Eglise catholique, qu‟il considère comme une des rares « institutions » qui tentent de redonner l‟espoir aux populations démunies de cette contrée, sans distinction de convictions politiques ou religieuses, risque d‟être lourde de conséquences. Les violences gratuites de la mi-octobre sont de nature, soutient-il, à décourager de bonnes volontés qui mènent des actions humanitaires à travers les écoles, les hôpitaux, les homes des vieillards, les foyers sociaux, les activités agro-pastorales, etc.
Franck Diongo relève aussi, dans sa correspondance, la tiédeur des forces de l‟ordre, qui ont tardé à porter secours aux personnes en danger de mort. Selon lui, il a fallu l‟intervention des policiers venus de Mbuji-Mayi, à la demande expresse du Gouverneur du Kasaï Oriental, Ngoy Kasanji, pour ramener le calme. Il en appelle à une lecture attentive des événements de Lodja par le président de l‟Assemblée Nationale et d‟autres décideurs politiques, afin de mettre hors d‟état de nuire ce qu‟il qualifie d‟association de malfaiteurs capables de mettre en péril la paix et la sécurité dans cette partie du pays. Aussi exige-t-il une claire identification des auteurs et commanditaires de la chasse à l‟homme des journées du 12 et 13 octobre 2014, leur arrestation et transfèrement aux instances judiciaires afin qu‟ils subissent la rigueur de la loi. Sinon, l‟impunité risque de donner lieu à d‟autres règlements des comptes dans les jours, semaines et mois à venir.