Le Conseil supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) interpellé
Excédés par la bassesse de la plupart des animateurs de ces intermèdes de divertissement, de nombreux téléspectateurs interpellent le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la Communication (CSAC).
Quiconque voudrait bien s’abrutir à souhait, n’a qu’à suivre les émissions musicales de dimanche, sur des télévisions privées de Kinshasa. En plus de la monotonie de l’offre, ces émissions conçues dès le départ comme des tribunes de libre expression des artistes, se sont muées en espaces de règlement de comptes. Les musiciens y vont plus pour se lancer des injures en lieu et place de la promotion de leurs produits. Preuve que nos musiciens n’ont plus rien à offrir.
L’ignoble conflit entre JB-Mpiana, patron de l’orchestre Wenge Musica BCBG et Koffi Olomide, self made man du groupe Quartier Latin, est une illustration parfaite de ce qu’il convient d’appeler " dérive médiatique " à Kinshasa. En tout cas, ce n’est pas un scoop de Forum des As. Il s’agit plutôt d’un rappel qui n’informe peut-être plus grand monde, dans la mesure où les faits défraient la chronique dans les milieux des jeunes Kinois. Tout se dit à propos de ce conflit. Dans l’entourage proche ou lointain des deux musiciens, on essaie de tirer la couverture de son côté. Depuis, on assiste à des injures à peines voilées, des diatribes croisées de tous genres. Le tout se passe à la "télévision ". Donc, avec la bénédiction de l’animateur de l’émission. Pince-sans-rire !
Nombreux trouveront dur, le ton utilisé ici. Aussi, estimons-nous qu’il n’ya pas deux manières d’exprimer la désolation d’une opinion qualifiée, bien que minoritaire. Revenons sur la fameuse affaire J-B Mpiana - Koffi Olomide qui a volé la vedette de l’actualité du monde des artistes à Kinshasa. Sauf erreur d’appréciation de notre part, ce qui serait normal parce que très peu intéressé, les faits remontent au mois de septembre dernier. Tout a commencé un dimanche, lorsqu’un " griots" de la cour royale de J-B Mpiana est passé sur une télévision pour lancer des flèches empoisonnées en direction de Koffi Olomide. Ce jour-là, l’homme brandissait une prétendue décharge de plusieurs milliers de dollars américains, qu’aurait signée le Chef du Quartier latin, en guise de prêt contracté chez J-B Mpiana. Au fil des jours, ce qui paraissait au départ comme une banale affaire de dette, a révélé la face cachée de l’iceberg. Mieux, l’arbre qui cachait la forêt. Bienvenue les injures.
VIE PUBLIQUE, VIE PRIVEE
Un artiste est par essence un homme public. Un homme de masses. Mais cela est-il suffisant pour qu’un artiste, fusse-t-il une méga célébrité de l’art d’Orphée, n’eusse pas de vie privée ? Voilà une problématique qui nous parait essentielle à l’analyse du comportement de la plupart des chroniqueurs de musique, abusivement appelés journalistes dans les rues de Kinshasa. Ce n’est pas que nous déterrons le débat de caniveau autour de la question qui est journaliste et qui ne l’est pas. Notre préoccupation est plutôt d’ordre éthique et de déontologie du professionnel des médias.
A priori, nombreux sont des animateurs des émissions de divertissement, pour le cas de figure les intermèdes musicaux, qui abusent du micro. Toujours en quête permanente de popularité, ces présentateurs croient s’imposer en versant dans la légèreté. Manifestement, la plupart d’entre eux n’ont pas de canevas de leurs émissions du jour. Par conséquent, ils improvisent tout en complicité avec leurs invités qui, parfois, prennent la direction de l’émission. La confusion est davantage manifeste dans l’accoutrement. Assez souvent, c’est le musicien qui est plus décemment vêtu que le chroniqueur qui le reçoit sur plateau. Tant mieux, si c’est la formule naturelle pour le présentateur de crever l’audimat. Mais tout le problème, c’est quand on remarque que l’animateur de l’émission va jusqu’à ignorer qu’un artiste, bien qu’un homme public, a une vie privée. La question essentielle à poser est celle de savoir si les "dérives " comportementales d’une star méritent une campagne médiatique. Evidemment, la réponse à cette question pourrait dépendre de la culture des peuples. Mais quelle que soit l’hypothèse, en tout cas rien ne justifie l’impertinence d’une question qui heurtent la moralité publique. Et généralement, l’artiste intellectuellement plus outillé que celui qui l’a reçu sur le plateau, renvoie l’ascenseur à son intervieweur. Mais dans un euphémisme qui empêche ce dernier de ne rien comprendre. Si le ridicule pouvait tuer !
CREER D’AUTRES LUNKUNKU, LUKEZO, MANDA, BIYEVANGA... DE L’OZRT Les émissions musicales à la télévision en RD Congo ont une histoire. Ce passé est attribué au défunt Office zaïrois de radiodiffusion et de télévision (OZRT), débaptisé Radiotélévision nationale congolaise (RTNC), à lz suite du changement de régime politique intervenu en mai 1997. Et, c’est notamment grâce à son savoir-faire son tact de bien faire savoir, que notre estimé confrère Lunkunku Nsampu, s’est fait un nom. Précurseur de la très suivie " Kin Kiesse " présentée au studio Mama Angebi de la cité de la Voix du Zaïre -contexte oblige- cette émission fut comptée parmi les grands rendez-vous du week-end sur l’ensemble du territoire national.
On peut ne pas l’aimer, l’ex-La Voix du Zaïre a eu le mérite de forger des professionnels de médias qui font légende dans l’opinion. Ce, dans tous les différents contrats audiovisuels. Y compris le divertissement. Après Lunkunku Nsampu, Manda Tchebwa initiateur de l’émission " Karibu Variétés ", a réussi à marquer son bail à la RTNC avec un Sceau-de Salomon. Un point commun, c’est que toutes ces émissions musicales de l’ex-la Voix du Zaïre se limitaient à la seule dimension de divertissement. En tout cas, pas plus. Il pouvait arriver de fois que l’artiste s’écarte de la philosophie de l’émission. Mais tout de suite, le présentateur le ramenait sur le droit chemin. Ce qui ne semble pas du tout le cas avec la plupart des jeunes Kinois qui choisissent l’animation libre à la télévision. Généralement, la relation est plus " incestueuse " que professionnelle entre le présentateur de l’émission et son invité. Alors de quoi se demander si les artistes naguère stars de " ZaIre n°1 " étaient moins vedettes que ceux qui "polluent " la plurielle télévision privée actuelle de Kinshasa ?
LE CSAC INTERPELLE
Nous n’osons pas croire que le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication ignore le produit des émissions de musique de différents plateaux de télévisions privées de Kinshasa. Notre foi est que le service de monitoring de cet organe de régulation ne se dérobe pas de ses obligations. Et, plus les jours passent, plus on aura remarqué que l’infranchissable est franchi. Tout n’est pas perdu. Il reste encore quelque chose à récupérer. Il faudrait donc sauver les meubles. Autant avouer que tous les chroniqueurs de musique à la télévision ne sont pas à jeter dans un même panier. Ce serait excessif, dans la mesure où il y en a qui produisent un travail appréciable. Mais leur nombre reste à compter du bout de doigts. Pour le reste, la meilleure façon consiste à appliquer la sanction négative. Si certains journalistes, ou par métonymie certains organes de presse sont frappés, pour quoi ne ferait-on de même pour toutes ces émissions de musique qui abrutissent à volonté, plus qu’elles n’éduquent ? Laurel KANKOLE