Le produit développé par la firme pharmaceutique britannique GlaxoSmithKline (GSK) semble bien toléré et développe une immunité. « En général, les singes répondent mieux que l'homme mais, là, la réponse est équivalente. C'est bon signe », selon le professeur Blaise Genton.
Le patron du service des maladies infectieuses au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Lausanne (Suisse), mène actuellement un essai d'un vaccin préventif contre le virus Ebola. Il se réjouit de premiers résultats chez l'homme, obtenus par ses confrères d’une équipe américaine des Instituts nationaux de la santé (NIH) et publiés dans la revue médicale américaine, le « New England Journal of Medicine ».
Les chercheurs ont administré à 20 volontaires sains, dans le cadre d'un essai de phase 1, le vaccin cAd3-EBO développé par GlaxoSmithKline (GSK).
Première bonne nouvelle: aucun effet indésirable grave n'a été enregistré. Deux des volontaires ont simplement déclaré une fièvre, transitoire, au lendemain de l'injection.
REPONSE IMMUNITAIRE
Seconde bonne nouvelle: l'immunogénicité du vaccin est prometteuse. « Il ne s'agit pas là de tester l'efficacité du vaccin, nuance Blaise Genton, mais obtenir une réponse immunitaire est déjà une bonne indication ».
L'ensemble des volontaires ont développé des anticorps dans les 4 semaines après l'injection. Par ailleurs, une réponse des lymphocytes T a été obtenue, en particulier chez les volontaires ayant reçu la plus forte dose de vaccin.
« Les anticorps forment l'immunité humorale. Ils se baladent dans le sang et, s'ils voient le virus, l'empêchent d'entrer dans la cellule. Les lymphocytes forment l'immunité cellulaire et vont attaquer le virus, dans le sang ou les cellules », explique le Pr Genton.
DUREE DE PROTECTION
La durée de protection apportée par le vaccin de GSK reste cependant mal connue. Lors d'essais menés chez le macaque, les singes infectés avec Ebola ont tous survécu, mais la protection s'est amenuisée avec le temps sauf chez ceux ayant reçu une piqûre de rappel. Les deux types d'immunité ont semblé participé à l'efficacité.
« On aimerait donc que le vaccin apporte les deux types d'immunité, précise le Pr Genton. Mais chez le macaque, il y avait une claire corrélation entre les anticorps et la protection ».
Le vecteur du vaccin de GSK est un adénovirus de rhume du chimpanzé, sans danger pour l'homme; deux gènes, responsables de la multiplication du virus, en ont été ôtés. Puis deux protéines des virus Ebola-Zaïre (RDC) et Ebola-Soudan, responsables de la pénétration du virus dans les cellules, ont été "greffés" sur l'adénovirus.
Le système immunitaire de la personne vaccinée apprend donc à recouvrir les protéines du virus Ebola d'un « chapeau », qui les empêche de faire pénétrer le virus dans les cellules.
RECHERCHE ACCELEREE
D'autres essais de ce vaccin sont en cours au Mali, ainsi qu'en Suisse et en Grande-Bretagne, dans une version monovalente (visant uniquement la souche Zaïre, en cause dans l'épidémie actuelle).
« Le vaccin monovalent est moins cher à produire, précise le Pr Genton. Il peut aussi y avoir des interactions entre les deux protéines et, chez le singe, on a obtenu une meilleure réponse avec une seule souche ».
La recherche a été exceptionnellement accélérée face à la gravité d'une épidémie qui a déjà tué au moins 7000 personnes, selon l'OMS, et d'autres traitements ou vaccins expérimentaux sont sur les rangs.
Si les bons résultats des essais de phase 1 du vaccin de GSK se confirment, les phases II et III pourront être menées, d'abord auprès des personnes en contact avec les malades. Le laboratoire a annoncé pouvoir produire un million de doses avant fin 2015.
Selon l'OMS, vacciner la moitié de la population menacée permettrait de mettre fin à la flambée en Afrique.