C‘est depuis juin 2015 que le chef de l’Etat a lancé des consultations avec les forces vives de la nation en prélude d’un dialogue politique national inclusif. Boudée par une bonne frange de l’Opposition politique et des organisations de la société civile, l’idée d’un dialogue a quand même trouvé un écho favorable à l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) d’Etienne Tshisekedi.
C’est dans ce contexte que la Majorité présidentielle (MP) a dépêche, depuis août 2015, ses cadres à Venise (Italie) et Ibiza (Espagne) pour des pré-dialogues avec les responsables du l’UDPS. Ces discutions n’ont été qu’un échec jusque-là dans la mesure où les deux parties n’ont jamais trouvé un compromis sur qui va convoquer ces pourparlers.
Ni les missions exploratoires de l’Envoyé spécial du Secrétaire général des nations Unies, Saïd Djinnit, en décembre 2015, ni celles du facilitateur désigné du facilitateur désigné de l’Union africaine, Edem Kodjo, en janvier 2016, n’ont pu permettre un quelconque avancement.
Les positions de l’UDPS sont restées les mêmes : la médiation doit revenir à la communauté internationale, l’ordre du jour doit comporter l’examen du contentieux électoral de 2011, la définition d’un nouveau cycle électoral de manière consensuelle, la révision du fichier électoral, la restructuration de la CENI, la recomposition de la Cour Constitutionnelle, le respect des délais constitutionnels pour les élections présidentielle et législatives nationales, le renforcement du mandat de la Monusco pour la sécurisation des élections, la mise sur pied d’un observatoire des élections pour la certification des résultats, etc.
LA MP VEUT DIALOGUER SANS L’UDPS
Face à l’intransigeance du principal parti de l’Opposition, s’achemine-t-on alors vers des concertations bis? En tout cas, des sources bien renseignées indiquent que la Majorité présidentielle a finalement levé l’option de participer au dialogue national politique inclusif sans l’UDPS d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba.
Cette position a été prise lors de la dernière réunion des membres du bureau politique de la MP tenue le vendredi 12 février dernier à Kingakati en présence du président de la République et du premier ministre du gouvernement.
Ce rétropédalage de la famille du chef de l’Etat s’expliquerait par la position de la fille ainée de l’opposition exprimée dernièrement à la suite de la rencontre du 4 février 2016 entre le facilitateur désigné de l’Union africaine, Edem Kodjo, et Etienne Tshisekedi à Bruxelles en Belgique.
Plusieurs cadres de la MP dont le sénateur She Okitundu ont, par le passé, déclaré que le « dialogue national inclusif ne peut pas se tenir sans la participation de l’UDPS ». Ils considéraient que sans l’UDPS le dialogue ne serait ni crédible encore moins inclusif et surtout l’application de ses résolutions souffrirait de légitimité.
Dans un communiqué du 4 février 2016 faisant le compte rendu de la réunion de Bruxelles entre Edem Kodjo et Etienne Tshisekedi, le Secrétaire national en charge des relations extérieures de l’UDPS, Félix Tshisekedi, a réaffirmé la position de son parti de ne pas participer à un dialogue convoqué par le Président Kabila. L’UDPS reste attachée à l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et tient au respect de la constitution et à l’alternance démocratique en fin 2016.
Bien plus, Ya Tshitshi a même soutenu la «journée ville morte » décrétée le mardi 16 février 2016 par les parties de l’Opposition non favorables au dialogue dont la Dynamique de l’Opposition, le Front anti-dialogue, le G7 et plusieurs organisations de la société civile notamment l’Asadho, la Voix des Sans-voix.
TIRER LES LEÇONS DES CONCERTATIONS NATIONALES
Organiser le dialogue sans l’UDPS fait penser à la tenue des concertations nationales de 2013. Du 7 septembre au 5 octobre 2013, le président de la République, Joseph Kabila, avait organisé des Concertations nationales où la majorité des participants faisaient partie du camp présidentiel et auxquelles les principaux partis de l’opposition n’ont pas participé dont l’UDPS. Les quelques 679 résolutions arrêtées ce forum n’ont jamais été appliquées.
En clair, ces concertations ont accouché d’une souris. Le renouveau de la RDC n’a jamais été amorcé. Les clivages politiques sont à leur paroxysme. Au point qu’aujourd’hui, la même MP tient mordicus au dialogue pour trouver un compromis en vue d’un «processus électoral apaisé».
Faisant le compte rendu de la rencontre de Kingakati, le secrétaire général de la MP, Aubin Minaku, a annoncé l’imminence du dialogue. Il a indiqué que sa famille politique est prête à prendre part tant aux travaux du comité préparatoire du dialogue qu’au dialogue national lui-même.
Par LP