Dialogue : premier rendez-vous cette semaine

Mardi 12 mai 2015 - 16:19

Ayant tiré sans doute les leçons du fiasco des Concertations nationales, un forum politique qui n’était pas suffisamment représentatif et dont seulement une partie infime de ses résolutions ont attendu plus d’une année pour voir un début d’exécution, Kabila semble cette fois-ci décidé aller vite dans la nouveau processus qu’il a initié et dont la manifestation visible était la ronde de son homme de confiance, Kalev Mutond, patron de l’ANR, qui a visité la semaine passée les principaux forces politiques de la RD-Congo : UDPS, MLC et UNC.

Selon des sources proches de la présidence, contactées par la rédaction de CNEWS, Joseph Kabila recevra les opposants avant la fin de cette semaine. Confiant notre source indique que le terrain politique ayant déjà été balisé par l’émissaire du président de la République, rien ne fera obstacle à priori à cette rencontre qui sera historique en ce sens que ça sera la première fois, du moins officiel, que Kabila parle avec ses opposants les plus farouches : Félix Tshisekedi en l’absence de son père, Etienne Tshisekedi et Vital Kamerhe, son ancien bras droit. Mais rien encore sûr sur cette rencontre entre Kabila et les opposants. Le problème cette fois-ci ne vient pas du chef de l’Etat mais plutôt de l’opposition. L’opposition minée par une guerre de leadership larvée n’arrive pas à se mettre d’accord sur la formule et le format du dialogue auquel pourtant elle a donné son accord mais assorti des certaines réserves. Même pour la rencontre avec le chef de l’Etat, censé détendre davantage le climat politique, les opposants n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la formule. Vont-ils y aller, au palais de la nation ou au GLM, en groupe ou faut-il procéder par des apartés ? Cette question divise les opposants. Les uns trouvant la formule des apartés suspecte car, selon eux, craintifs, Kabila va s’en servir pour les diviser davantage en jouant sur leurs egos surdimensionnés. Pour les autres, il ne faudra pas opposer les deux formules (groupe vs tête-à-tête). Ils estiment qu’être reçu en groupe, ne permettra pas de créer suffisamment de confiance car les uns et les autres ne vont pas se dévoiler de peur d’être pris à partie après, D’où pour eux, la combinaison de deux formules sera la meilleure solution. Les divisions à l’opposition ne datent pas d’hier Elles vont encore s’amplifier avec le dialogue politique. Le seul à qui elles vont bénéficier c’est Joseph Kabila. Mais Kabila qui a su manœuvré très bien avec ses opposants jusqu’ici dans les précédents dialogues politiques où il les avait littéralement avalés, notamment sous le 1+4, n’est plus dans le même contexte politique. L’opinion nationale et internationale lui largement majoritaire. Et ça change toute la donne ! Aucun opposant, ne lui n’arrivera à retourner à son profit (Kabila) l’opinion nationale qui s’est exprimée en janvier de manière bruyante.
Au mieux ce dialogue sera pour le chef de l’Etat une voie de sortie honorable de la scène politique au pire, s’il s’en sert pour s’accrocher au pouvoir, le front populaire s’exprimera à nouveau et ce malgré la présence de tel ou tel autre opposant dans le futur gouvernement d’union nationale. Mais Kabila a une dernière chance de consolider la démocratie et l’unité nationale en jouant franc jeu. C’est-à-dire dire aux opposants de manière solennelle qu’il ne briguera pas un 3ème mandat et ensuite libérer tous les prisonniers d’opinion. N’a-t-il pas libérer les criminels du M23 malgré l’atrocité de leurs crimes qu’aucun prisonnier d’opinion n’a commis ? Ensuite, Kabila’ devra discuter aussi avec ses partenaires de l’opposition de la question électorale aussi. Calendrier, composition et budget. Sur toutes ces questions il faudra dégager un consensus politique fort. Car les élections ne sont pas une finalité en sol mais plutôt la paix et la stabilité de la RD-Congo. C’est donc un processus politique périlleux qui s’annonce. Kabila doit se faire hara-kiri au nom de l’intérêt général.

Par Paul MULAND