Selon des informations des sources proches du pouvoir de Kinshasa, le chef de l’Etat, Joseph Kabila, devrait signer l’ordonnance convoquant le dialogue politique à la mi-septembre. Et les assises devraient commencer le 6 octobre. Mais une question reste pendante : avec qui Joseph Kabila va-t-il dialoguer?
Dialogue. Ce vocable français est, depuis un certain temps, au centre de 1’ actualité politique en République Démocratique du Congo. Tous les acteurs politiques ou presque, issus des rangs de la Majorité Présidentielle ou ceux de l’Opposition, sont d’accord pour la tenue dudit dialogue afin d’obtenir des élections apaisées en 2016. Mais, dans la pratique, il apparaît un hiatus en ce qui concerne la matérialisation de ces assises. Si au niveau de la Majorité Présidentielle on soutient la thèse Selon laquelle l’initiative de la convocation du dialogue politique vient du chef de l’Etat, Joseph Kabila, les opposants, eux, s’accrochent à l’Accord-cadre signé en février 2013 à Addis-Abeba, en Ethiopie. Pour ceux qui soutiennent cette thèse, particulièrement Etienne Tshisekedi et’ son parti l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), ces assises doivent être convoquées parles Nations Unies et conduite par une personnalité neutre désignée par New York.
Des émissaires du pouvoir à Bruxelles
Cependant, malgré son souhait de voir le dialogue politique être convoqué par l’ONU et dirigé par une personnalité étrangère, Etienne Tshisekedi est en contact direct avec, des émissaires envoyés par Joseph Kabila. Depuis le début de cette semaine, la presse kinoise, surtout les journaux proches de l’Opposition, confirment la présence à Bruxelles (Belgique) où séjourne le leader de l’UDPS pour des raisons de santé, de Kalev Mutomb, mandaté par Kinshasa. Selon certaines indiscrétions, le missi dominici de
Joseph Kabila n’est pas allé bredouille dans la capitale’ belge. Il se murmure qu’il aurait mené dans ‘sa gibecière une proposition concrète au président national de l’UDPS. A en croire le confrère Baudouin Wetshi, qui gère le site www.congoindependant.com, l’émissaire de Joseph Kabila devrait’ proposer la Primature à 1’UDPS. II faut dire que la, volonté d’Etienne Tshisekedi et de son clan de participer à un dialogue convoqué fait des vagues au sein de son parti. En effet, vingt-cinq haut cadres de 1’UDPS qui vivent’ en Europe se proposent de convoquer un mini-congrès à la mi-septembre à l’issue duquel ils devraient la direction du parti à une autre personne jugée valide.
L’UNC, le MLC, l’ECIDE … disent non
Pendant que Tshisekedi se dit prêt à se mettre autour d’une même table avec celui qu’il a toujours accusé d’avoir volé sa victoire lors de la présidentielle de 2011, les leaders des principaux partis politiques d’opposition ne veulent pas entendre parler d’un dialogue convoqué par le pouvoir de Kinshasa. En effet, Vital Kamerhe (le président de l’Union pour la Nation Congolaise - UNC), Martin Fayulu (le président de l’Eveil pour la Citoyenneté -et le Développement - ECIDE), Eve Bazaiba (la Secrétaire générale du Mouvement de Libération du Congo - MLC) soupçonnent Joseph Kabila et son camp de vouloir profiter de ces assises pour obtenir la prolongation du mandat du chef de l’Etat. Ainsi, parlent-ils du fameux glissement.
Face à l’attitude affichée par Vital Kamerhe et les autres, des analystes estiment que les opposants qui brandissent le fameux vocable du «glissement» devraient montrer à la face du monde, arguments à la maison, qu’ils étaient à mesure de contrer Kabila et son camp sur le terrain. «Vital Kamerhe, Martin Fayulu, Eve Bazaïba, Jean-Lucien Bussa et les autres ont là l’occasion de prouver qu’ils peuvent mettre Kabila en échec en mettant sur la table les arguments juridiques quant à la fin de son mandat présidentiel», propose un acteur politique sous le sceau de l’anonymat. Pour prendre l’opinion tant nationale qu’internationale à témoin, les opposants peuvent demander la retransmission en direct de ces assises sur les antennes de la télévision nationale. En convoquant les travaux de la Conférence Nationale. Souveraine (CNS) en 1992, rappelle notre interlocuteur, le maréchal Mobutu avait un agenda caché. «C’est la retransmission en direct desdits travaux qui avait changé le cours de choses», a conclu notre interlocuteur. Question : Vital Kamerhe, Martin Fayulu, Jean-Lucien Bussa, Eve Bazaïba... ont-ils peur d’affronter Joseph Kabila sur un terrain politique?
Par Congo Nouveau