L’Udps ne prendra pas part au dia logue politique que le président Joseph Kabila voudrait convoquer pour se maintenir au pouvoir au-delà de son mandat. Respectueuse de la constitution, la fille ainée de l’Opposition exige que les élections se tiennent dans le délai constitutionnel. Ferme sur ces deux points, le parti d’Etienne Tshisekedi a lancé un ultimatum au secrétaire général de l’Onu, Ban Ki Moon, de convoquer, avant le 30 novembre prochain, le dialogue politique prévu par l’Accord cadre d’Addis-Abeba et réaffirmé par les résolutions 2098, 2147 et 2211 du Conseil de sécurité. C’est, en gros, lé position officielle de l’Udps réaffirmée hier mercredi par son secrétaire général, Bruno Mavungu, au cours d’un point tenu au siège du parti à Limete.
La Majorité présidentielle (MP) n’a pas d’autre choix que de convaincre son autorité morale, Joseph Kabila, de renoncer à son projet de convoquer le dialogue politique aux contours et objectifs connus de lui seul. Rejetés par la dynamique de l’Opposition pilotée par l’Unc et le Mlc, rejeté également par les partis membres du G7 et une bonne partie des organisations de la Société civile, dénoncé par la puissante église catholique, ce dialogue est de nouveau rejeté par l’Udps d’Etienne
Tshisekedi, que certains ténors de la MP présentaient comme leur principal allié dans cette aventure politique sans lendemains. Le parti de la 10ème rue Limete, qui tenait hier un point de presse, a hermétiquement fermé la porte à pseudo dialogue présidentiel conçu pour favoriser le glissement et la violation de la constitution.
En 23 points bien numérotés, le S.G de l’Udps, Bruno Mavungu a rappelé les exigences de son parti qui n’ont pas changé sur le dialogue et les élections. “Ayant observé des atermoiements dans la convocation du dialogue, notre parti donne un ultimatum au secrétaire général de l’Onu en lui demandant de convoquer ce forum avant le 30 novembre prochain. Respectueuse de la constitution et des lois du pays, l’Udps a toujours exigé que les élections se tiennent dans le délai”, écrit la fille ainée de l’opposition congolaise.
Evoquant les conclusions des rapports des experts de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et de la Ligue nationale pour des élections libres et transparentes ainsi que les nominations opérées récemment à la tête de la Ceni par la MP, après la valse des démissions des anciens animateurs de cette institution, l’Udps entend militer aux travaux du dialogue pour “la restructuration de la Ceni en révisant les textes qui la créent et en désignant de manière concertée ses animateurs”, annonce le parti. Il en est de même pour les commissaires spéciaux désignés par la MP pour diriger les nouvelles provinces. “Ces nominations n’engagent pas l’Udps qui attend la convocation et la tenue du dialogue sous la médiation de la communauté internationale pour trouver des réponses à toutes ces questions”, tranche le parti d’Etienne Tshisekedi.
Dérive dictatoriale
La fermeté affichée par l’Udps est partagée aussi par une centaine d’organisations, associations de la Société civile, Congolais de la diaspora et personnalités politiques qui ont publié hier un appel sur l’urgence d’un calendrier électoral. Réaffirmant leur attachement au respect de la constitution de 2006 et à la consolidation de la démocratie notamment par l’enracinement d’un processus électoral permanent, crédible, libre et transparent, les signataires exigent, dans cet appel, “la publication immédiate du calendrier électoral réaménagé conforme aux échéances fixées par la constitution”. De même, ils somment le gouvernement “d’exécuter avec une priorité absolue le budget alloué à la Ceni par l parlement à l’organisation des élections dans le cadre de ce calendrier”, lis rappellent, enfin, “que le non respect de la constitution en ce qui concerne les délais des élections demeure de la responsabilité exclusive du président de la République qui en est garant et qui assumera seul devant les Congolais les conséquences prévisibles, dommageables et funestes de sa politique”, cogne la déclaration.
Conséquence logique de ces prises de position, les signataires refusent tout dialogue qui viserait à “créer un large consensus sur le glissement avec pour conséquence d’entrainer tout le processus dans l’impasse, rejettent toute tentative de révision, de changement , de manipulation ou d’interprétation irresponsable et tendancieuse de la constitution à la veille des échéances électorales constitutionnelles et dénoncent, enfin, les tentatives de dérive dictatoriales visant notamment à confisquer au souverain primaire le pouvoir de choisir librement ses dirigeants”, peut-on encore lire dans cet appel.
L’appel des forces vives de la nation en appelle à la vigilance de la population pour qu’elle s’investisse, dans le respect de l’article 64de la constitution, “à protéger et à assurer, en dernier recours, le respect de la constitution par la mobilisation de toutes les couches sociales et les organisations de la société civile pour barrer la voie à l’organisation d’un referendum en violation de la loi fondamentale pour changer la constitution dans le but de supprimer l‘alternance et de consacrer un pouvoir dictatorial”, souligne le texte.
Signe avant couvreur de la ‘surchauffe politique à venir, le texte de l’Udps comme celui des forces vives de la nation annonce le début de la mobilisation générale des Congolais pour faire respecter là constitution. L’Udps annonce, dans ce cadre, la tenue le samedi 21 novembre prochain d’un meeting populaire pour “maintenir la pression sur le Conseil de sécurité de l’Onu et l’Union africaine pour la convocation du dialogue politique”. L’appel dès forces vives, quant à’ lui, invite au “rassemblement de toutes les for ces politiques et sociales autour de la défense de la constitution du 18 février 2006, creuset des valeurs républicaines de notre histoire en signant un pacte républicain et un serment solennel de toutes les forces vives de la nation déterminées à luter ensemble pour la démocratie et l’unité du peuple congolais”. La MP est prévenue et n’a qu’à bien se tenir.
Par Fkb