Alors que la RDC est engagée dans une course contre la montre pour installer les nouvelles provinces issues du découpage et respecter le calendrier électoral, le pouvoir miserait également sur une convocation tardive du Dialogue en vue d’un glissement du mandat de l’actuel Chef d’Etat !
Plus de deux mois se sont écoulés depuis que le Chef de l’Etat congolais a mené des consultations en recevant des chefs de confessions religieuses, des acteurs politiques et des représentants de la société civile pour savoir ce que pensent les Congolais sur la nécessité de convoquer ou non le Dialogue politique.
Depuis lors, le président congolais ne fait plus montre d’empressement pour convoquer effectivement ces assises dont l’initiative a été favorablement accueillie par tous ceux qu’il avait reçus au Palais de la Nation et s’attendaient à voir Joseph Kabila battre le fer quand il est encore chaud.
Face à ce revirement, les Congolais opposés à la tenue d’un Dialogue et qui ne jurent que par l’organisation des élections présidentielles en 2016 conformément aux dispositions constitutionnelles tout en demandant à Joseph Kabila de ne plus se représenter dès qu’il est à son second et dernier mandat se frottent les mains. La joie de ces défenseurs de l’alternance en RDC risque de n’être qu’illusion.
Car, des sources généralement bien informées soutiennent que le pouvoir kabiliste aurait décidé de convoquer le Dialogue politique en 2016, à quelques mois seulement de la fin constitutionnelle du second mandat de Joseph Kabila. Certaines sources évoquent juin 2016 comme le mois probable.
Il s’agirait en réalité d’un changement de stratégies dans le chef du pouvoir actuel qui aurait décidé de miser désormais sur l’incapacité de la Commission électorale Nationale Indépendante (CENI) à respecter son calendrier électoral, faute de moyens financiers et d’un consensus autour de la loi sur la répartition des sièges, pour justifier un glissement politique et maintenir ainsi Joseph Kabila au pouvoir.
Le calendrier électoral présenté par la CENI ayant déjà enregistré certains reports concernant l’organisation de l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs dans les nouvelles provinces issues du découpage territorial appliqué dans une précipitation suicidaire par le pouvoir en place, tout porte à croire que la centrale électorale va droit dans le mur.
C’est sans doute la raison pour laquelle des voix s’élèvent déjà au sein l’actuelle Majorité pour appeler maintenant au report des élections locales.Le dernier appel en date au sein de la MP est venu de l’Unadef, parti dirigé par MwandoSimba, l’actuel 1er Vice-président de l’Assemblée Nationale.
Et qui dit report, fait allusion à la modification du calendrier électorale qui ne peut se faire que par consensus au sein de la classe politique ou à l’occasion du Dialogue que Joseph Kabila devra convoquer.
Le pouvoir qui aurait un agenda caché dans l’application précipitée du découpage du pays en 26 provinces, est sans ignorer toutes les difficultés qui se posent actuellement sur le terrain pour concrétiser cette nouvelle configuration territoriale. Ici aussi Joseph Kabila et ses ouailles attendent sans doute un blocage pour sauter sur l’occasion lors du Dialogue.
Mais, quels que soient les prétextes, le pouvoir kabiliste aura du mal à convaincre les Congolais sur le Dialogue si celui-ci est convoqué à cinq ou six mois de la fin du second et dernier mandat de Joseph Kabila.
Surtout quand on sait que 2016 sera une année difficile à gérer sur le plan des émotions compte tenu des enjeux électoraux qui profilent à l’horizon.
On ne peut non plus passer sous silence le sens que l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba donne au Dialogue politique. L’UDPS, le principal parti d’Opposition, n’a pas manqué de le rappeler le 30 juin dernier, par la voix de son Président national, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, à l’occasion du message que celui-ci a adressé à la Nation pour les 55 ans de l’Indépendance du Congo.
Pour le parti de Limete, le Dialogue s’il a lieu, il doit se faire » sous la médiation internationale, conformément aux résolutions subséquentes du Conseil de sécurité de l’ONU, en vue de parler et de trouver une solution durable à la crise politique actuelle. Et cette solution passe par le règlement du contentieux électoral de 2011 et par la tenue d’un processus électoral consensuel dans le strict respect du délai constitutionnel « .
Par DMK