La Majorité présidentielle ne s’est pas totalement remise de la fronde de G7. Sinon, rien ne pourrait justifier toutes les initiatives de déstabilisation de ce mouvement politique avec pour objectif à terme, de lui imputer la débâcle du processus électoral en cours. La MP est déterminée, par tous les moyens, à désorienter le G7 de son combat. Le dédoublement des partis politiques du G7, le débauchage des cadres et la manipulation des jeunes, comme c’était le cas à Lubumbashi, procèdent de la stratégie de sape que met en place le pouvoir. Dans un mémo adressé hier mercredi au président de l’Assemblée nationale, les députés du G7 dénoncent la dérive dont la Chambre basse se rend responsable. Autant parer au plus pressé, préconisent-ils, avant que tout l’édifice électoral ne s’écroule.
Le Potentiel
Situation paradoxale à la Majorité présidentielle où les déclarations contredisent les actes. Alors que la MP tente de ratisser large au sein de la classe politique et des acteurs sociaux à adhérer à la logique du dialogue politique pour, dit-on, des élections libres et apaisées à l’horizon 2016, dans ses rangs, il y a un enchaînement qui s’écarte fondamentalement de la dynamique que devrait imprimer le processus du dialogue national.
En réalité, la MP ne s’est jamais remise de la fronde de G7. La MP se venge de ce qu’elle continue de considérer comme une parjure. Lorsque la MP s’investit dans la convocation du dialogue, son engagement est loin d’être sincère. Dans le fond, la MP cherche à trouver le bon moment pour se laver de l’opprobre venu de ses propres rangs à travers les partis du G7. Tous les moyens sont bons pour y parvenir. Que la famille politique du chef de l’Etat porte la dynamique qui prône le contraire, c’est-à-dire la cohésion de toutes les forces politiques et sociales du pays pour garantir un processus électoral apaisé, peu importe.
Dans la MP, entre les déclarations et les actes, il y a un fossé. Il est si grand qu’il ne serait pas envisageable de le combler de si tôt.
Un plan savamment préparé par ses stratèges – qui se recrutent dans son aile dure– est en place au sein de la MP. Elle consiste à fragiliser le G7 jusqu’à le pousser à la désintégration.
Le premier module à avoir été actionné est le dédoublement des partis par la création sous un même label d’un parti G7 d’obédience de la Majorité. L’Arc (Alliance pour le renouveau du Congo) d’Olivier Kamitatu est passé par là. Un congrès fantoche a défénestré de la présidence de l’Unafec, Kyungu Wa Kumuanza. Sans doute, d’autres ne manqueront pas de lui emboiter le pas. Et, lorsqu’il ne s’agit pas de dédoubler les partis du G7, la MP procède par le débauchage. L’hémicycle, où siègent les deux Chambres du Parlement, en est le champ d’expérimentation. En fait, le débauchage est le prélude au dédoublement du parti.
A l’instar de l’Arc, tous les partis du G7 en sont victimes. Le tout dernier scénario en date est la déclaration de quatre députés nationaux du MSR qui ne se sentent pas concernés par la ligné tracée par le parti. Sans le dire vraiment, ils se sont presque affiliés à la MP.
Mais, là où le bât blesse, c’est lorsque la MP mobilise les jeunes pour réaliser l’objectif qu’il s’est imposé, c’est-à-dire l’émiettement du G7. Les derniers événements du G7 où des jeunes, supposés proches de l’Unafec de Gabriel Kyungu wa Kumwanza, ont eu des accrochages avec les éléments de la police et des forces armées. Le déroulement de ces événements a suscité de nombreuses interrogations. Mais bien avant, Gabriel Kyungu s’est dit ne pas se reconnaître dans les jeunes, présentés par les officiels comme membres de la dynamique des jeunes de l’Unafec.
Il y a anguille sous roche
Selon radio Okapi, citant le commissaire provincial de la police du Haut-Katanga, le général Jean-Bosco Galenga, suivant des déclarations faites, mardi 10 novembre quelques heures après des incidents, le général Zazou, surnom du responsable de la jeunesse de l’Unafec, dont l’interpellation a été à la base des échauffourées entre la police et les jeunes de l’Unafec à Lubumbashi, aurait appréhendé, torturé et séquestré un citoyen au siège de l’Unafec.
«Le temps de milice est révolu», a déclaré le général Jean-Bosco Galenga, promettant une politique de « tolérance zéro » pour tout individu ou groupe d’individus qui s’arrogeraient les prérogatives de la puissance publique. Le lien est trop facile. Pareille déclaration renvoie vite à la recherche d’un bouc émissaire qui est vite trouvé. Pour le cas d’espèce, il ne pouvait s’agir que de Gabriel Kyungu et de l’Unafec.
Comme si toute la criminalité à Lubumbashi ne pouvait reposer que sur l’Unafec de Kyungu, le commissaire de la police est allé très loin jusqu’à relever que ces jeunes roulent avec des véhicules aux « vitres teintées et sans plaque d’immatriculation». Qui pis est, selon lui, ces automobiles seraient aussi impliquées dans les allégations d’enlèvements sur lesquelles la police enquête en ce moment.
Où en sommes-nous ? C’est la question qu’il faut se poser. Il faut s’attendre surement à pire que ce qui arrive aujourd’hui à l’Unafec de Kyungu. Les laboratoires de la MP travaillent en plein régime, craint-on au G7. Il y a une machine qui a été lancée pour culpabiliser et disqualifier sur toute la ligne le G7. Mais, que gagnerait la MP en empruntant une telle voie - au moment où le décor se met en place pour un possible dialogue politique ?
Dans le mémo qu’ils ont transmis hier mardi au président de l’Assemblée nationale, les députés du G7 en ont clairement fait mention.
Alors qu’Aubin Minaku peine à se démarquer dans la direction des débats, dénoncent-ils, de son étoffe de secrétaire général de la MP, « les députés du G7 stigmatisent, en outre, le débauchage systématique des députés des partis du G7 et la déstabilisation de ces partis auxquels se livre la Majorité présidentielle sous l’autorité de son secrétaire général qui est, par ailleurs, le président de l’Assemblée nationale lui-même ». « Une telle attitude est incompatible avec le statut du président de l’Assemblée nationale et porte atteinte à l’image de notre institution parlementaire », écrivent-ils dans le mémo.
« Aussi, demandent-ils avec insistance à l’honorable président, de jouer son rôle de modérateur en toute impartialité, de respecter les textes qui régissent l’Assemblée nationale et d’œuvrer pour la cohésion en son sein et l’amélioration de son image dans l’opinion ».
Aubin Minaku serait-il sur le point d’oublier sa promesse de faire de l’Assemblée nationale « un temple de démocratie ».