A l’approche des élections de 2016, le Parti Lumumbiste Unifié (Palu) s’est résolu à briser la glace. Au moment où plusieurs formations politiques se gardent encore de brandir leurs ambitions, le Palu crie déjà haut et fort qu’il tient à se présenter aux élections à tous les niveaux. Y compris la présidentielle, bien entendu. Le ’’go’’ donné par ce parti qui a longtemps fait alliance avec Joseph Kabila, dans l’entre deux tours de l’élection présidentielle de 2006, des voix s’élèvent pour savoir à qui sera le prochain tour au sein de la famille politique du chef de l’Etat.
Mobilisés comme un seul homme derrière Antoine Gizenga, les partisans du Palu ont suivi religieusement le mot d’ordre de leur leader le week-end dernier. Fidèles à leur énigmatique Patriarche, ils ont été nombreux, le samedi 22 août dernier, à prendre d’assaut les hauteurs de Buma, le fief de leur chef dans la banlieue Est de Kinshasa. C’est justement sur ce site que le porte-étendard du Parti lumumbiste a repris ses libertés. Antoine Gizenga a dès lors exhorté ses militants à se préparer aux élections à tous les échelons.
Fidèle partenaire du Président Joseph Kabila, le Patriarche du Palu, connu pour son attachement à la Constitution, estime que le temps a sonné pour que son parti soit présent au scrutin, particulièrement à la présidentielle, la loi des lois ne permettant pas à l’actuel chef de l’Etat de se représenter en 2016.
Fidèle à sa logique depuis l’indépendance, Antoine Gizenga s’attend à conserver l’unité de la famille lumumbiste. Ce qui explique d’ailleurs l’alliance qu’il a eue à sceller avec Joseph Kabila lors des élections de 2006. Hostile à la prolifération des partis qui évoluent souvent sans idéologie, le Secrétaire général du Palu bat le rappel des formations politiques se réclamant du front de gauche.
Tenant donc au retour de la bipolarisation de la classe politique, Antoine Gizenga estime que ses alliés n’auraient comme adversaire qu’un seul bloc. Celui des partis de droite, de tendance mobutiste, qu’il qualifie des libéraux.
Dans les salons politiques, la position du Palu suscite des interrogations. L’on se demande si la déclaration du Patriarche a vocation à augurer le requiem du tandem Kabila - Gizenga, ou si elle a pour objectif de créer les conditions d’un nouveau partenariat politique. Une manière de créer le rapport de force, à travers ce parti qui pèse dans l’électorat congolais. Et plus particulièrement dans le très stratégique espace ex-Léopoldville.
Au sein de la Majorité présidentielle (MP), d’autres questions continuent à tarauder les esprits. On est certes certain que des ambitions pour la présidentielle sont bel et bien réelles. Mais qui oserait aujourd’hui lever le ton ? Prendre ses libertés, après avoir signé le Pacte d’adhésion à la majorité à la veille de précédentes élections ? Qui, parmi les gros calibres de la MP, est-il prêt aujourd’hui à franchir le Rubicon en annonçant sa candidature ? Les questions restent jusque-là sans réponses.
MYSTERE
L’on se souvient toutefois de la crise de colère du président de l’Unafec qui, il y a quelques mois, avait tapé du poing sur la table, allant jusqu’à affirmer que son parti allait présenter des candidats à tous les échelons. Y compris à la Magistrature suprême.
Cette menace très osée de Gabriel Kyungu wa Kumwanza avait, à l’époque, fait mouche. Depuis, plus rien. L’on a vite compris que cette réaction était consécutive à la considération dont jouissaient désormais quelques dissidents du parti dans la famille politique du chef de l’Etat. Une estime que ’’Baba’’ était loin de supporter.
Le précédent Palu ferait-il des émules au sein de la mouvance présidentielle ? La question vaut son pesant d’or. FDA