Un vrai couperet le communiqué de la multinationale suisse Glencore qui annonçait lundi 7 septembre la suspension de la production en RDC et en Zambie. Ce communiqué a jeté l’émoi en RDC. Dans ce communiqué le géant suisse du négoce des matières premières avait fait part de sa décision de retirer 400.000 tonnes de cuivre sur le marché international pour faire face à la chute drastique et continue des prix des matières premières. En effet, le cuivre notamment, a vu son prix tombé à 5.000 USD la tonne métrique alors qu’il y a quelques années encore, il titillait les 10.000 USD. L’inquiétude a vite gagné la RDC, pays où Glencore en partenariat avec le Groupe Fleurette de Dan Gertler, est un acteur économique et social important.
Ce tandem (Glencore-Fleurette) produit 350.000 tonnes de cuivre l’an à travers leurs deux filiales : Kamoto Copper Compagny (KCC) et Mutanda Mining (MUMI). KCC et MUMI emploient aussi plus de 9.000 travailleurs et sont parmi les plus gros contributeurs au budget de l’Etat (des centaines des millions des dollars USD). La nouvelle avait donc de quoi à inquiéter sérieusement la population et les autorités rd-congolaises.
Si en Zambie, l’autre producteur de cuivre, touchée par cette mesure conjoncturelle, les choses étaient on ne peut plus claires, car Glencore avait désigné la mine concernée : Mopani. En revanche, en RDC, il y avait un petit flou. KCC ou MUMI ? Ou encore était-ce les deux mines qui seraient mises à l’arrêt avec toutes les conséquences imaginables : perte d’emplois et perte des revenus substantiels pour l’Etat. Alors pour dissiper tout malentendu, une forte délégation de Glencore séjourne en RDC. Elle a annoncé deux bonnes nouvelles : la première est que seule KCC sera touchée par cette mesure et non MUMI. Le second est que cet arrêt des activités à KCC n’était que temporaire : 18 mois. L’autre bonne nouvelle : 80% des emplois y seront sauvegardés. Pendant ce temps d’arrêt, Glencore et Fleurette vont investir 880.000.000 USD pour moderniser les vieillottes installations métallurgiques de KCC, cause principale de cette fermeture conjoncturelle. Voilà de quoi soulager les 5.400 travailleurs de KCC et les 3.500 travailleurs de MUMI.
Seule donc KCC, située à Kolwezi au Katanga, qui produit 150.000 tonnes de cuivre par an, sera concernée par cette suspension de production d’une durée de 18 mois. La production de KCC reprendra fin 2016 début 2017 au plus tard. Bien évidemment les conséquences de cette mesure demeurent, logique économique élémentaire oblige. Sur les 5.400 travailleurs, seulement 1.200 verront leur contrats de travail résiliés au terme d’une procédure de départ volontaire et de retraites anticipées confient les responsables de KCC. Bien entendu, tous leurs droits des travailleurs seront payés. L’autre filiale de Glencore et Fleurette, MUMI et ses 3.500 travailleurs ne sont donc pas concernés par cette suspension de production. Leur production, 200.000 tonnes de cuivre par an, va se poursuivre. La poursuite de la production de l’un (MUMI) et l’arrêt de la production de l’autre (KCC), s’explique par le fait que KCC a des coûts opérationnels prohibitifs contrairement à MUMI. Tenez, le coût de production de la tonne métrique de cuivre à KCC est de 6.500 USD. Quand le prix du cuivre est à 5.000 USD, KCC perd 1.500 USD par tonne. Trois mois que le prix de cuivre est autour de 5.000 USD. Perte subie par KCC : 60.000.000 USD. MUMI demeure rentable contre l’autre géant Tenke Fungurume Mining même avec un cuivre à 5.000 USD la tonne. Cet arrêt des activités à KCC sera mis à profit pour le rendre compétitif comme les autres sociétés minières. Un autre facteur qui a décidé Glencore et Fleurette Groupe de fermer KCC, c’est le faible taux de récupération de cuivre dans ses installations métallurgiques.
Le taux de récupération est autour de 50%. Ce qui signifie que la moitié du cuivre finie à la poubelle sous forme de rejets. Ce sont les principales raisons de la fermeture temporaire de KCC. Durant cette période, KCC va investir plus de 800.000.000 USD pour moderniser ses usines de raffinage. Les mettre au standard de MUMI qui utilise la lixiviation directe (WOL), c’est l’objectif principal. Avec ce process, KCC entend rehausser son taux de récupération du métal rouge à 85% au lieu de 50% actuels. Cela coûtera plus de 200.000.000 USD. Une autre partie de l’enveloppe de 880.000.000 USD ira notamment aux travaux de découvertures des mines, au minage, au stockage des minerais et à la réhabilitation de deux groupes du barrage d’Inga (G27 et G28). Toutes ces informations feront l’objet d’une campagne de communication, déjà entreprise, entre Glencore-Fleurette et les autorités nationales ainsi que leurs travailleurs. La crise des matières premières est donc réelle. C’est le ralentissement économique de la Chine, principal consommateur des matières premières, qui est à la base de cette chute fracassante des cours des métaux de base. Face à une telle conjoncture internationale, il n’y a que deux choix : disparaître ou se restructurer. Glencore-Fleurette a fait le choix de restructurer KCC. Ci-dessous le communiqué de KCC.