La mouvance présidentielle au Congo ne cache plus ses ambitions au sujet d’un troisième mandat du président Denis Sassou, alors que la Constitution en vigueur de 2002 lui interdit à double titre de se représenter à la magistrature suprême. Le référendum de 25 octobre est sans doute une forme de plébiscite pour un troisième mandat de Sassou, dans la mesure où la recette consiste à doter le Congo d’une nouvelle Constitution qui donnerait à l’actuel président la possibilité de briguer un troisième mandat. Une initiative périlleuse qui risque de plonger ce pays dans une crise politique, avertissent les observateurs.
Entre 2015 et 2017, les populations de plus de 18 pays seront appelées aux urnes pour renouveler les mandats de leurs dirigeants. Par contre, beaucoup sont ceux qui redoutent les germes de conflits avant, pendant ou après la tenue des élections. Les raisons sont multiples. Pour certains Etats, l’on pourrait dire que le décor ne s’y prête pas. Pour d’autres par contre, les causes sont à rechercher dans la volonté d’actuels dirigeants à modifier les constitutions en vue de se maintenir au pouvoir.
En Afrique centrale, la République du Congo et le premier à expérimenter cette recette, I référendum pour modifier la Constitution. Le pouvoir de Brazzaville, rapporte AFP, u appelé lundi soir les Congolais à se rendre aux urnes le 25 octobre pour un référendum sur un projet de nouvel le Constitution qui permettrait au président Denis Sassou Nguesso de se représenter en 2016.
Cette opération est sans doute le fait du plébiscite pour le troisième mandat de Sassou qui, pour deux raison ne peut pas être éligible. D’abord, pour avoir déjà deux fois brigué le poste du président de la République. En suite, Sassou qui aura 72 ans cette année n’a pas le droit de se représenter à la magistrature suprême selon la Constitution de 2002. Cette loi fondamentale limite l’âge minimum du président à40 ans et maximum 70 ans.
Si le peuple congolais parvenait à se prononcer en faveur de «OUI», la nouvelle Constitution qui en découlerait va ramener la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans mais stipule que le mandat du chef de 1’Etat «est renouvelable deux fois». Et l’âge minimum baissera à 30 ans, en faisant disparaitre le maximum de 70 ans.
Des dispositions constitutionnelles qui ouvrent le chemin du troisième mandat de Sassou, lui qui cumule plus de 30 ans à la tête du pays. Il a dirigé le Congo à l’époque du parti unique, de 1979 jusqu’aux élections pluralistes de 1992, qu’il a perdues face au professeur Pascal Lisuba.
Revenu au pouvoir en 1997 à l’issue d’une violente guerre civile, il a été élu président en 2002 et réélu en 2009.
RISQUE D’UNE CRISE POLITIQUE
Evidemment, le troisième mandat de Sassou ne manquera pas de conduire le Congo dans une crise politique aux conséquences incalculables. Il est fort redoutable que la plupart des pays africains qui se préparent aux élections connaissent des moments de fortes turbulences politiques. Le Burundi de Pierre Nkurunziza en est une illustration parfaite.
Du côté de l’opposition congolaise, l’on tient à barrer la route que Sassou est en train de prendre au péril des intérêts de ce pays. Cette «démarche (...) plonge le pays dans un chaos et dans une grave crise », avait alors déclaré à l’AFP Clément Miérassa, dirigeant d’un parti d’opposition membre du Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (Frocad).
Le 27 septembre dernier, à l’appel de l’Opposition, à un grand rassemblement populaire avait eu lieu à Brazzaville pour réclamer le départ de Sassou. Aux cris de «Sassoufit », «»Non au troisième mandat !», «Sassou dégage !», « Non au référendum», l’opposition congolaise ne jure que par le départ de Sassou à la fin de son deuxième mandat.
Pour sa part, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) avait dénoncé un «coup d’État constitutionnel » destiné uniquement à permettre au président Sassou de se maintenir en place, et appelé « la communauté internationale à ne pas laisser le Congo s’enfoncer dans une crise politique annoncée ».
Par Cyprien KAPUKU