Combien sont-ils, finalement, les jeunes à enrôler ?

Mercredi 27 mai 2015 - 09:29

Chaque Opposant avance son chiffre : plus de 10 millions d’électeurs, soutient Samy Badibanga de l’Udps. 8 millions de jeunes, déclare Joseph Kadima de l’Envol, parti de Delly Sessanga. Plutôt 6.300.000 d’électeurs, relève le directeur de cabinet du Mpcr de Jean-Claude Mvuemba. Finalement, sans le savoir ni peut-être le vouloir, l’Opposition en appelle au recensement de la population dans la mesure où, en dehors des jeunes ayant atteint l’âge majeur à partir de 2011, il y a aussi les non inscrits dont le sort est superbement ignoré des Opposants. A ce rythme-là, le recensement administratif de la population préconisé par l’Opposition lors de son conclave de Limete en juillet 2013 puis remis en cause par la même Opposition en 2014 pour motif de glissement nous rattrape...
"RDC : la commission électorale présente un fichier électoral ’fiabilisé’, l’opposition le rejette". La dépêche ainsi intitulée est de l’Afp (Agence France Presse) dans sa livraison du samedi 23 mai 2015.
"La commission électorale congolaise a annoncé vendredi à Kinshasa avoir achevé son opération de ’fiabilisation du fichier’ des électeurs destinée selon elle à rassurer la population sur le sérieux des scrutins locaux et provinciaux devant avoir lieu en octobre", y lit-on avant de poursuivre : "Avant même son achèvement, l’opération de ’fiabilisation du fichier électoral’ a été dénoncée comme insuffisante par l’opposition, qui déplore l’exclusion des listes électorales de tous les jeunes ayant eu 18 ans au cours des quatre dernières années. Pour des raisons budgétaires, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a choisi en effet d’établir celles-ci à partir du fichier électoral de 2011, au prix de son seul ’toilettage’".
Il ressort de la dépêche qu’"Après dix-huit mois de travaux, [on a pu] produire un fichier fiable’ qui a permis d’identifier ’30 millions d’électeurs’, a déclaré Jean Pierre Kalamba rapporteur de la Céni, lors d’une ’soirée électorale’ diffusée par la télévision publique (RTNC). L’opération consistait, entre autres, à supprimer du fichier les inscriptions multiples d’une même personne et à réintégrer les électeurs qui en avaient été omis".
Selon la dépêche, l’Opposition est d’avis que les jeunes ayant atteint la majorité depuis 2011 " représenteraient jusqu’à 30% du corps électoral dans un pays très jeune". S’en faisant l’avocat, Bruno Tshibala, porte-parole de l’Udps, tranche : "Nous n’accepterons pas des élections sans la participation de ces nouveaux majeurs".

COMMENT EVITER LE FAMEUX RECENSEMENT GENERAL ?
Combien sont-ils cependant, ces nouveaux jeunes à enrôler ? C’est ici que commence la surenchère, car chaque Opposant y va avec ses chiffres, et encore des chiffres qui se différencient les uns les autres non pas en dizaine ou en centaine de milliers de voix, mais en millions.
Comme relevé dans le chapeau, c’est plus de 10 millions d’électeurs pour certains, 8 pour d’autres, 6 et demi pour d’autres encore lorsque ce n’est pas 5 millions pour les plus modestes !
La question est alors de se demander comment peut-on se mettre d’accord sur un dénombrement exact sans passer nécessairement par un recensement. Après tout, l’Opposition doute même de la fiabilité du fichier électoral 2011, même de celui toiletté.
Conséquence logique : elle ne pourrait pas éviter le fameux recensement général de la population préconisé par elle-même lors de son conclave du 4 au 11 juillet 2013 au centre féminin Mama Mobutu.
Pour rappel, dans le rapport final de ces assises, les participants avaient levé les options suivantes, s’agissant de la réforme institutionnelle :
" a) Repenser le système électoral congolais par :
" 1. le recensement général de la population, afin de déterminer, entre autres, le calcul du quotient électoral, non pas en fonction du nombre des citoyens enrôlés mais plutôt de celui recensé ;
" 2. la modification de la loi relative à la CENI, de manière à affirmer le strict respect du principe constitutionnel de l’indépendance de la CENI dans la désignation de ses membres par la seule société civile.
" 3. le rétablissement de la pyramide électorale, en commençant par les élections à la base".
Il est vrai que nous sommes dans un environnement où la démocratie se conçoit également en termes de retournement. Or, avec le retournement, il faut s’attendre à se faire rattraper. Comme c’est le cas maintenant.

EST PRIS QUI CROYAIT PRENDRE !
Dans le cas d’espèce, il est bon de rappeler que le fichier électoral de 2011 a été confectionné pour le deuxième cycle électoral comprenant la présidentielle, les législatives et les provinciales, tout en récupérant du premier cycle électoral les urbaines, les municipales et les locales non organisées.
Du cycle en cours (2011-2016), seules les provinciales ne sont pas encore tenues. Dans cette logique, le fichier électoral à utiliser pour tous les arriérés électoraux (provinciales de 2011) et (urbaines, municipales et locales de 2006) est celui dont la fiabilisation et la viabilisation sont contestées par l’Opposition. C’est déjà un problème.
Un problème en appelant un autre, l’Opposition semble ne plus se souvenir de sa thèse selon laquelle "on ne change pas les règles du jeu en plein match". En plaidant pour des jeunes majeurs actuels pourtant non concernés par les arriérés électoraux, elle ouvre la boîte de Pandore qui lui prive de tout argument opposable au recensement général de la population.
Après la préconisation puis le rejet de la révision de la loi électorale, après le rejet puis l’acceptation du dépôt des candidatures pour les présidentielles 2015, après la revendication puis le rejet du dialogue, l’Opposition qui déroute semble en déroute elle-même.
La prochaine étape, on s’en doute, est le recensement à des fins électorales. Moralité : est pris qui croyait prendre ! Omer Nsongo die Lema