Budget électoral : des étincelles en vue entre Kinshasa et Bruxelles

Lundi 23 février 2015 - 09:15

Deux vice-premiers ministres belges séjournent depuis samedi dernier à Kinshasa. II s’agit du vice- premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, et du vice- premier ministre et ministre de la Coopération au Développement, Alexander De Croo. Deux vice-premiers ministres pendant quatre jours, cela démontre l’attachement de la Belgique à la réussite du processus électoral en Rdc.

Il nous revient, à ce propos, qu’au-delà de l’embellie protocolaire, par cette visite des hommes d’Etat belges, Bruxelles veut voir clair dans la ventilation du budget électoral d’1,145 milliard de dollars arrêté par la Ceni après le passage de l’abbé Apollinaire Malu Malu en janvier2014 à Bruxelles.

Il avait été reçu le 21 janvier à la Commission des Relations extérieures de la chambre et du sénat belges où il avait fait savoir que le « budget électoral » pour l’ensemble des scrutins « a été arrêté à 750.212.788 $US ».

Il a été observé une augmentation de près de 57% par rapport au budget de l’élection de 2011, ce montant est presque 3 fois supérieur au budget des scrutins de 2006. En outre, l’enveloppe proposée dépasserait de 47% les estimations présentées par l’Abbé Malu Malu aux autorités belges il y e à peine quelques mois.

Et, avait-il renchéri, le gouvernement congolais espérait contribuer à hauteur de 80% de l’ensemble du budget. La Ceni entend, conformément à la loi, recourir aux « partenaires extérieurs » pour obtenir le solde.

Il est vrai que les élections coûtent cher en République démocratique du Congo au regard de l’immensité de son territoire, quatre-vingts fois plus vaste que la Belgique en plus d’une population nombreuse et du manque criant d’infrastructures routières, ferroviaires et fluviales qui oblige un recours excessif à l’avion pour l’acheminent du matériel électoral à travers toute la République. En outre, l’usage exclusif du vote à bulletin papier à défaut de l’informatisation du système sur toute l’étendue de la République, obligerait de revoir à la hausse ledit budget.

Point n’est besoin de rappeler que l’aide à la .RDC n’a cessé de croître jusqu’en 2011: elle est passée de 31,5 millions d’euros en 2000 à une moyenne tournant, depuis 2005, autour de 125 millions. Cette aide se chiffrait à 105 millions en 2012 et à 110 millions l’année suivante, ce qui fait de la Belgique le 7e bailleur bilatéral, après les Etats-Unis, le Japon, la France, l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni.

La coopération bilatérale directe représente près de la moitié (54 millions d’euros, soit 492%) de l’aide publique belge. Quelque 24% du budget vont à la coopération non-gouvernementale (40 ONG belges, des universités, acteurs de formation, musées, villes, communes, ASBL, mutuelles...) et 18,8% à l’aide humanitaire (surtout dans l’Est du Congo).

Pour la période 2014-2015, la coopération gouvernementale se concentre sur trois secteurs : l’agriculture et le désenclavement rural (pistes, bacs, petites voies navigables) ; l’enseignement technique (et formation professionnelle) et la santé, qui, à la demande des autorités congolaises, redevient un secteur prioritaire après une éclipse de quelques années. Des appuis ciblés à la bonne gouvernance sont également prévus (réformes internes, processus électoral).

Quoi qu’il en soit, la République démocratique du Congo demeure pour la Belgique le premier pays bénéficiant de son aide publique au développement devant le Rwanda et le Burundi, respectivement les 2e et 3e partenaires de la coopération belge.

Le calendrier électoral en République démocratique du Congo publié par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) le 12 février dernier, prévoit d’organiser les élections des députés provinciaux et élections locales (25 octobre 2015), élections sénatoriales (17 janvier 2016) et des gouverneurs de provinces (31 janvier2016), ces deux derniers scrutins devant se tenir au suffrage indirect comme l’élection des maires (7 mars 2016). La présidentielle et les législatives sont fixées au 27 novembre 2016.
LP

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