L’élu de Mbuji-Mayi a apporté des analyses pertinentes face aux sujets soulevés concernant la démocratisation de la RD Congo depuis de 25 ans déjà, les élections provinciales, dont l’opération de réception et traitement des candidatures a été lancé depuis le 15 avril dernier, la situation des Congolais à l’étranger notamment en Afrique du Sud, et autres!
Une fois de plus Alexis Mutanda Ngoy Muana, sous sa double casquette d’acteur politique et d’opérateur économique, n’a pas hésité à répondre aux différentes préoccupations des journalistes sur les questions d’actualité du pays. L’entretien a eu lieu le dimanche 26 avril dernier à son domicile de l’avenue Kokolo, quartier Mbinza-Pigeon, dans la commune de Ngaliema, à Kinshasa.
L’élu de Mbuji-Mayi a fait des analyses pertinentes face aux sujets soulevés concernant la démocratisation de la RD Congo depuis de 25 ans déjà, les élections provinciales, dont l’opération de réception et traitement des candidatures a été lancée depuis le 15 avril dernier, la situation des Congolais à l’étranger notamment en Afrique du Sud, le découpage territorial ainsi que l’incursion des armées étrangères dans le pays.
D’entrée de jeu, le député national Mutanda a retracé l’historique du processus démocratique en RD Congo. Il est parti de l’accession du pays à l’indépendance, avec une incise sur les premières élections démocratiques, avant d’aborder l’arrivée au pouvoir du maréchal Mobutu en 1965 puis l’ouverture politique en avril 1990.
Durant ce parcours, le pays a connu de nombreux obstacles; en commençant par la mort de Patrice Emery Lumumba, qui a fait que très rapidement Mobutu a pris les rênes de la RD Congo, en instaurant dans un premier temps « un parti unique » qui va devenir « parti Etat ». Après l’ouverture politique, le président Mobutu s’est ainsi mis à bloquer les résolutions de la Conférence Nationale Souveraine (CNS).
Alors que tout le monde dans le pays s’était réjoui d’avoir désormais la liberté de parole, de mouvement et autres ,le Premier ministre élu de la CNS, Etienne Tshisekedi Wa Mulumba, n’avait pas eu l’occasion de travailler. « Toujours des obstacles à la démocratie », a regretté l’élu de Mbuji-Mayi. Ainsi, pour Alexis Mutanda, la démocratisation du pays n’a pas commencé le 24 avril 1990.
Il a aussi parlé de la période de transition que la RD Congo, alors le Zaïre, avait connue pendant de 7 ans, avant l’entrée de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) avec à sa tête Laurent Désiré Kabila.
Ce dernier n’a pas fait 3 ans, avant être assassiné. Il a fallu « l’Accord de paix de Lusaka » pour voir les belligérants, qui avaient embrasé l’Est du pays, s’engager à mettre fin à la série de rébellions dans cette partie du pays, a encore fait savoir le patron des entreprises de presse La Tempête des Tropiques, CNTV et Trinitas FM.
Il a, en outre, fait allusion au « Dialogue de Sun City », ayant abouti au partage du pouvoir 1+4 entre le Mouvement de libération du Congo (MLC) appuyé par l’Ouganda, le Rassemblement des Congolais pour la Démocratie du Congo (RCD) appuyé, lui, par le Rwanda, ainsi que le gouvernement soutenu par le Zimbabwe, la Namibie et l’Angola.
Alexis Mutanda n’a pas manqué de parler des élections de 2006, qui s’étaient terminées dans un bain de sang et celles de 2011 qui ont été un véritable fiasco. Tout en rappelant que » la démocratisation veut dire aussi des élections libres, transparentes et justes », Alexis Mutanda regrette que toutes les élections organisées en RDC ont été catastrophiques.
Et d’ajouter : « le peuple congolais attend depuis toujours la démocratisation. Elle ne se fait pas jusque-là de manière satisfaisante ».
A ce sujet, il conclut qu’il ne voit pas encore la mise en place d’un Etat de droits réel. Cadre de l’UDPS, Alexis Mutanda a cité comme exemple la dernière marche organisée le 24 avril 2015 par son parti politique, pour réclamer des explications sur « la fosse commune de Maluku » qui a été sévèrement réprimée par des éléments de la police. « Compte tenu de tous obstacles, on ne peut donc pas prendre de champagne ni dire que nous sommes dans un pays démocratique ».
Elections
Concernant les élections, dont l’opération de réception et traitement des candidatures a été lancée le 15 avril dernier, l’élu de Mbuji-Mayi veut savoir où est-ce que la Commission Electorale Nationale Internationale (CENI) va trouver les milliards de dollars nécessaires pour la tenue de toutes échéances électorales.
Il regrette au passage que les jeunes majeurs, estimés aujourd’hui à plus de 10 millions, ne vont pas user de leur droit de voter pour les élections provinciales, urbaines, municipales et locales. Ainsi pour lui, le processus électoral est mal parti.
Selon lui, c’est la raison pour laquelle l’opposition a toujours exigé le dialogue, afin de savoir si les contraintes soulevées par la CENI ont trouvé des solutions. Pour le député national Mutanda, le dialogue va permettre d’avoir des explications de la part de la structure chargée de l’organisation des élections, pour bien réussir le pari électoral.
« Quand on veut vraiment faire du bien à ce peuple, il faut avoir la même compréhension des choses, concernant les élections », fait remarquer Alexis Mutanda qui soutient encore qu' »aucun parti politique sérieux, de l’opposition ni de la majorité, ne peut refuser de prendre part aux élections qui vont permettre aux élus de devenir les députés nationaux, sénateurs, même Président de la République ».
Xénophobie
Parlant de la vague de xénophobie qui règne en Afrique du Sud, Alexis Mutanda a vivement condamné les actes de violence dont ont été victimes des étrangers vivant au pays de Nelson Mandela, notamment des Congolais.
Il a fait allusion aux excuses du président sud-africain Jacob Zuma. Et tout en regrettant que le pays de Mandela soit tombé si bas, le député Mutanda n’a pas manqué de relever la responsabilité des autorités du pays, qui ne mettent pas en place une bonne politique permettant aux enfants de ne pas chercher à s’expatrier.
Pour lui, l’Afrique du Sud n’est pas le seul pays qui maltraite les Congolais. Il a rappelé les refoulements en masse des Congolais de Kinshasa par les autorités du Congo-Brazza, sans oublier le refoulement systématique toujours des Congolais de Kinshasa d’Angola qui se fait chaque jour. Pour sa part, le gouvernement n’a jamais donné des explications.
Le pays ne défend pas et ne protège pas ses citoyens. « Pourquoi est-ce que des Congolais sont de plus en plus nombreux à vouloir vivre à l’étranger, c’est parce que les conditions sont difficiles au pays », a-t-il aussi soutenu.
C’est également le cas des immigrés au niveau de la Mer Méditerranée, où des Africains ont été nombreux à mourir en voulant traverser la mer pour se retrouver en Europe. Selon l’élu de Mbuji-Mayi, les responsabilités sont aussi partagées entre les dirigeants africains et les pays de la communauté internationale. « Les principes démocratiques ne sont pas respectés par la même communauté internationale qui les a instaurés en imposant des dirigeants aux pays africains ».
Par Lucien Kazadi T.