Assemblée nationale : Le Rapport de mission sur le mouvement » Filimbi Ekoki » adopté à huis-clos

Lundi 15 juin 2015 - 11:20

Les députés nationaux ont adopté, le samedi 13 juin, le rapport de mission d’information relatif à la gestion par les services publics du dossier des organisateurs des rencontres » Y’en a marre » (mouvement Filimbi Ekoki). C’était au cours d’une séance plénière à huis-clos, organisée dans la salle des Congrès du Palais du peuple, siège du Parlement.

Ainsi, le public n’a pas eu l’occasion de suivre le débat sur ce dossier, qui a commencé en mars dernier dans la ville de Kinshasa, lorsque les animateurs d’un mouvement dit » Filimbi Ekoki » se sont réunis dans un studio d’enregistrement, dans la commune de Masina, pour organiser un atelier sur l’auto-prise en charge de la jeunesse dans les divers domaines de la vie. Un concert était prévu du 13 au 17 mars 2015.

Le rapport précise que le mouvement Filimbi Ekoki ne dispose pas d’une personnalité juridique. Il s’agit d’une plate-forme composée de 3 associations, à savoir » Forum national de la jeunesse pour l’excellence » (FNJE), » Lutte pour le changement » (LUCHA) et » Jeunesse pour une nouvelle société » (JNS).

Une société fictive

Selon les services publics de la République Démocratique du Congo en charge de la sécurité, cités dans le rapport, les visas volants accordés à 2 invités étrangers ont été sollicités par une société de droit congolais » MAZAL DRC SARL « , qui s’est avérée fictive. Et les organisateurs ont présenté ces invités comme étant en mission pour le compte de cette société, profitant ainsi des facilités offertes aux investisseurs étrangers.

Les lettres de demande de ces visas volants ont été déposées à la Direction générale des migrations (DGM) par un chargé du protocole d’une banque privée installée à Kinshasa et nommément citée dans le rapport. Ce chargé du protocole a déclaré avoir reçu ces lettres de son directeur au service risques de la même banque.

Le rapport ajoute qu’à leur arrivée à l’aéroport international de N’djili à Kinshasa, les invités étrangers ont fait une déclaration mensongère, selon laquelle ils allaient loger à un hôtel bien connu dans la commune de la Gombe, situé avenue de la Justice. Mais ils ne se sont jamais présentés à cet hôtel.

Le programme des activités prévues était rédigé en grande partie en anglais, alors que ces manifestations sont initiées par les jeunes congolais, sénégalais et burkinabé, tous francophones.

Ouvert le 5 mars 2015 dans les livres d’une banque privée installée dans la capitale congolaise, sous l’intitulé de FNJE, le compte destiné au financement des activités de Filimbi Ekoki a été crédité le même jour par le débit d’un compte intermédiaire intitulé » Association Congolaise pour l’Environnement » (ACE) et alimenté depuis novembre 2014 par la Banque Africaine de Développement (BAD) et certains Etats étrangers, non autrement identifiés dans le rapport.

En violation des règlements bancaires, ce compte a été ouvert par une association fictive.
» Filimbi » est un mot swahili.

Il signifie sifflet. » Ekoki » est un mot lingala signifiant ça suffit. Les initiateurs du mouvement » Filimbi Ekoki » ont conçu un logo représentant un sifflet retentissant de la bouche d’un arbitre, dont la main droite exhibe en même temps un carton rouge, comme pour exclure immédiatement un joueur en plein match.

Après les travaux de l’atelier, ils ont tenu, le 15 mars, une conférence de presse, toujours dans la commune de Masina.

A cette occasion, l’un des 3 Sénégalais invités aurait tenu des propos injurieux à l’endroit du chef de l’Etat congolais. Ce sont ces propos qui, de l’avis des services de sécurité, ont précipité l’interpellation des 27 organisateurs trouvés sur les lieux de la manifestation.

Des moyen à la disposition des services secrets

Auditionnés par la mission d’enquête parlementaire de l’Assemblée nationale, les responsables des services de sécurité ont déclaré qu’au stade actuel de leurs investigations, aucun indice ne pouvait établir le caractère terroriste du mouvement » Filimbi Ekoki « .

Toutes les personnes interpellées ont été finalement libérées, sauf 3. Les étrangers ont été renvoyés dans leurs pays respectifs. Le diplomate américain a été aussi libéré, y compris les 4 journalistes, dont un de nationalité congolaise. Les organisateurs en fuite séjourneraient déjà dans un pays d’Europe.

Au gouvernement de la République, la mission recommande de mettre à la disposition des services secrets suffisamment de moyens afin de leur permettre de mener à bien les investigations préalables aux arrestations et de renforcer la sécurité extérieure du pays.

Au procureur général de la République, la mission recommande de mettre tout en œuvre en vue de traiter avec diligence les dossiers des prévenus encore en détention. Enfin, la mission encourage les services de sécurité à améliorer davantage leurs prestations en vue de mieux assurer la sécurité de la Nation, des personnes et de leurs biens.

Par Asiyeshindwa