Patrick Nkusu: « Je suis fier de ce travail, c’est la fierté de mon quartier des anciens combattants »
Patrick Nkusu est un jeune photographe qui se démarque par sa prise de photos à Kinshasa pour immortaliser les événements allant du simple baptême au lancement de produits de plus grande marque. Artiste infographe et photographe, avec son label Etoile photo de rêve, il est actuellement compté parmi les photographes de référence de Kinshasa. Pour lui, la réussite réside dans la préparation. Fier de son art, Patrick Nkusu s’est ouvert au site sakola.info pour un entretien sur son métier de cœur.
Qui êtes-vous et pourquoi étoile photo de rêve ?
Je suis Patrick Nkusu, jeune artiste photographe et aussi graphiste-designer. Etoile Photo de rêve, simplement parce que tout le monde trouve au moins une fois l’expression du rêve de son image par la photo. Aussi, la photographie se définissant comme l’écriture de la lumière, le plus beau rêve est souvent exprimé avec la lumière et des étoiles. Telles sont les motivations du choix de ce nom, Etoile photo de rêve. Et c’est ma signature.
Pourquoi avez-vous porté le choix sur la photo plutôt qu’un autre art ?
C’est une histoire d’amour qui a commencé à la veille des épreuves des examens d’état avec un ami qui lui avait déjà commencé à gagner sa vie, qui a bien voulu m’apprendre les prémices de ce travail de photographe et aussi une fille de mon quartier, pour qui j’avais éprouvé de l’amour et de ma timidité, je n’avais que la photo pour l’aborder et après avoir donné une expression à sa beauté. Et aujourd’hui, je suis devenu un photographe professionnel comme plusieurs autres dans la ville de Kinshasa et même dans le monde.
Quelle technique, outils ou matériels utilisez-vois dans votre travail?
Nous sommes à l’ère du numérique et cela rend rapide et plus expéditif le travail. Le travail de l’analogique avec l’argentique (pellicule) est bien pour le début et était meilleur pour les années antérieures, mais le travail était lourd. J’ai une grande préférence pour la marque Canon pour avoir un bon rendement.
Pensez-vous que le photographe kinois est créatif ?
Aujourd’hui, il faut se surpasser pour se distinguer parce qu’il est devenu plus simple pour le commun de mortel de faire une photo avec l’évolution de la technologie, avec un Smartphone on fait des photos et des bonnes mêmes. Un photographe professionnel doit donner plus qu’une photo c’est-à-dire transmettre un message à travers ses photos. Le photographe kinois ou congolais est encore timide dans sa créativité, il est encore limité aux photos reportages. La photographie est un art à part entière, il faudrait que nous pensions à faire des expositions de nos œuvres.
Comptez-vous un jour à monter une expo?
Je suis en train de préparer une exposition intitulé « ba poto eza ebele, kinshasa eza moko », il y a plusieurs villes européennes qui constituent l’eldorado des Kinois, mais Kinshasa reste unique. La ville est unique dans le monde et le malheur est que même le Kinois parle toujours en mal de sa ville. On dit aujourd’hui : Kinshasa la poubelle, mais dans cette poubelle, on peut trouver des beautés. Mon exposition consistera à montrer la plus belle image de Kinshasa.
Avez-vous une grande une plus grande déception ?
Ma grande déception est ‘l’ingratitude. Un client m’avait demandé un service et je m’étais dis le faire gratuitement. Mais pendant la prestation, cela a tourné en catastrophe. Il s’est mis à me ridiculiser et cela a été la plus grande déception dans ce travail. Mais je ne considère plus cela comme une déception, mais plutôt comme une leçon.
…. La grande réussite ?
Ma réussite est cette reconnaissance parmi les 10 meilleurs photographes de Kinshasa. On parle de moi à Kinshasa et aussi dans les plus grandes villes du monde. Des sollicitations de partout et cela reste une grande fierté. Je viens d’un quartier de Kinshasa, la cité des anciens combattants, où l’on considérait la photo comme un travail de moins que rien et qu’elle ne nourrissait pas son homme. Je suis fier de ce travail et je pense que je fais honneur à ce quartier des combattants.
Un conseil aux jeunes qui veulent emprunter la route que tu excelle?
Un grand homme a dit que si on me donne six heures pour abattre un arbre, je prendrais quatre pour aiguiser la lame de ma hache et deux pour faire tomber l’arbre. « Tout passe par la préparation, le travail et l’argent ne doit pas être une priorité ». J’ai commencé ce travail en 2006 mais ce n’est qu’en 2013 qu’on a commencé à parler de moi à Kinshasa. Je leur demanderai d’avoir une discipline car sans discipline, on n’arrivera pas à ce qu’on recherche. D’autres même comme les athlètes, pour une course de 10 secondes prennent quatre ans de préparations.
(Onassis Mutombo)