Après trois journées agitées à Kinshasa : 42 morts et plusieurs blessés enregistrés

Vendredi 23 janvier 2015 - 14:38

Le bilan établi par la FIDH et ses associations membres est de loin supérieur à celui du gouvernement

La Coalition Mon Vote doit compter regroupant les Organisations telles que, Anges du ciel, Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), Les amis de Nelson Mandela pour la défense des droits humains (ANMDH), Association africaine des droits de l’Homme (ASADHO), Comité pour les droits de l’Homme (CDH), Groupe Lotus (GL), JUSTICIA Asbl, Ligue des Électeurs (LE), Ligue contre la corruption et la fraude (LICOF), Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH), Œuvres sociales pour le développement (OSD),Toges noires,Voix des sans voix (VSV), et la Nouvelle Société Civile Congolaise (NSCC),initiée par la FIDH a répertorié 42 morts suite aux manifestations contre la loi électorale.

La FIDH et ses organisations membres condamnent fermement la sanglante répression des manifestations pacifiques contre l’adoption de la loi électorale, qui a déjà fait 42 morts à Kinshasa et plusieurs blessés dans d’autres grandes villes du pays. De son côté,le gouvernement ,à travers son porte-parole ,parle de 12 morts.

Alors que le projet de loi devrait être voté hier jeudi au Sénat, la coalition de près de 100 organisations de la société civile africaine et internationale appelle les autorités congolaises à mettre un terme à l’usage excessif de la force à l’encontre des manifestants, à poursuivre et sanctionner les auteurs des graves violations des droits humains commises ces derniers jours, ainsi qu’à retirer le projet de loi électorale qui constitue une manœuvre politique en vue de la prochaine élection présidentielle prévue en 2016.

Réaction totalement disproportionnée

 » Comme cela est malheureusement devenu récurrent en RDC, les forces de sécurité ont à nouveau fait preuve d’une réaction totalement excessive et disproportionnée, en tirant à balles réelles sur des manifestants faisant 42 morts et des dizaines de blessés. Les autorités doivent mettre un terme immédiat à cette répression, identifier les auteurs des crimes commis et les traduire en justice  » ont déclaré ces organisations.

Depuis le lundi 19 janvier dernier, les manifestations contre l’adoption du projet de loi modifiant la loi électorale ont tourné à l’affrontement, notamment à Kinshasa. La police anti-émeute congolaise a réprimé à balles réelles les manifestants.

Le quartier autour de l’Assemblée nationale est totalement bouclé par des centaines de policiers et militaires, notamment de la garde présidentielle, afin d’empêcher les manifestants d’atteindre le Parlement.

Les manifestants ont quant à eux érigé des barricades dans plusieurs quartiers de la ville et des scènes de pillages ont été rapportées particulièrement contre les magasins de propriétaires chinois, considérés comme soutiens du régime en place. À ce jour, et selon les informations recueillies par lesdites organisations, l’on dénombre au moins 42 morts, des dizaines de blessées et plusieurs personnes arrêtées.

Retour à l’Etat policier

Les autorités congolaises semblent vouloir étouffer la contestation par tous les moyens. Du 19 au 21 janvier, les communications internet et sms ont été coupées et l’antenne de Radio France internationale (RFI) réduite au silence . Des membres de l’opposition arrêtés, tel que Jean-Claude Muyambo, président de la SCODE, ancien parti de la majorité présidentielle qui a rejoint l’opposition, arrêté le 20 janvier au matin à Kinshasa, ainsi que deux représentants de l’UDPS et de l’UNC, les principaux partis d’opposition, arrêtés eux à Goma.

Dans l’après-midi du 21 janvier, des policiers ont empêché un groupe d’opposants politiques de rendre visite aux blessés à l’hôpital général de Kinshasa/Mama Yemo, ce qui a donné lieu à une violente altercation et à l’intervention d’éléments de la garde présidentielle qui en tirant ont fait trois blessés.

Contexte

Le 5 janvier 2015, le gouvernement a déposé un projet de loi portant modification de la loi électorale. Ce projet dispose que la liste électorale  » doit être actualisée en tenant compte de l’évolution des données démographiques et de l’identification de la population « , faisant ainsi du recensement de la population un pré-requis à l’organisation de tout scrutin législatif et présidentiel à venir. Dans un pays de 2,5 millions de km carré, comptant plus de 77 millions d’habitants, et en proie à la violence et une instabilité récurrentes, un tel recensement paraît difficilement réalisable en moins de 4 ans, permettant ainsi de reporter d’autant la tenue du scrutin présidentiel auquel Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, ne peut, théoriquement, pas se présenter.

Dès le début de l’examen du projet de loi par le Parlement, l’opposition et la société civile n’ont cessé d’exprimer leurs craintes et désaccords. Des partis d’opposition ont d’abord appelé au rassemblement et au boycott des travaux parlementaires. Le projet de loi ayant été adopté en catimini par l’Assemblée nationale le 17 janvier dernier, l’opposition, a dénoncé un  » coup d’État constitutionnel « , et appelé la population à manifester massivement dès le lundi 19 janvier alors que le Sénat devait examiner le projet de loi.

Quid de la coalition » Mon vote doit compter  » ?

Entre 2014 et 2016, 52 élections dont 25 élections présidentielles doivent se tenir dans 27 pays africains. Pour éviter les manipulations, fraudes et violences dues aux élections tronquées, à l’initiative de la FIDH, plus de 100 organisations de la société civile africaine et internationale ont décidé de se mobiliser au sein de la coalition  » Mon vote doit compter « .

Par GKM

La Coalition exige des gouvernants qu’ils respectent le droit légitime des peuples à choisir librement leurs représentants à l’occasion d’élections régulières, libres, et transparentes, par une mobilisation publique, des actions de terrains et un plaidoyer politique en amont de chaque scrutin jusqu’en 2017.

La MONUSCO déplore les pertes en vies humaines

 » Je déplore les morts et les blessés suite aux incidents qui se sont produits hier matin à la suite des violentes manifestations, et l’usage de la force létale par les forces de sécurité qui s’en est suivi. L’usage de la force par les forces de l’ordre doit toujours être proportionné, imposé par la nécessité, et en dernier recors », a souligné Martin Kobler.

Dans certains quartiers de la capitale, des magasins ont été pillés et des autobus brûlés.  » Je lance également un appel à l’opposition à manifester pacifiquement. Toute manifestation doit se faire dans le calme et dans leslimites autorisées par la loi « , a conclu le Chef de la MONUSCO.