Après l’expulsion de leur chef : Les collaborateurs de Scott Campbell menacés !

Mercredi 22 octobre 2014 - 13:38

Pour Mr. Zeid Ra’ad Al Hussein, Haut commissaire de l’ONU aux Droits de l’homme, il est inacceptable que deux membres du BCNUDH en RDC soient sérieusement menacés

Le Haut-commissaire des Nations Unies aux Droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a condamné la décision du gouvernement de la RDC d’expulser le directeur du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) ainsi que les actes d’intimidation dont sont victimes d’autres membres du personnel en RDC.

» Non seulement a-t-on demandé à Scott Campbell, mon très expérimenté et respecté représentant en RDC, de partir, mais, ces derniers jours, deux autres membres du personnel travaillant dans son équipe ont été sérieusement menacés. C’est inacceptable « , a déclaré M. Zeid.

La décision d’expulser Campbell a été rendue publique par le ministère de l’Intérieur jeudi, au lendemain de la publication d’un rapport de l’ONU détaillant de graves violations des droits de l’homme par les forces de sécurité congolaises dont le ministère est responsable.

La décision a été officiellement confirmée par le ministère des Affaires étrangères vendredi, en dépit des efforts déployés par le chef de la Mission de l’ONU en RDC (MONUSCO), Martin Kobler, afin de convaincre le gouvernement de revenir sur sa décision.

Le rapport, basé sur les enquêtes menées par le Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l’homme, documente la mort d’au moins neuf civils et la disparition forcée d’au moins 32 autres par des agents de la police nationale congolaise.

Il a été partagé avec les ministres de l’Intérieur et de la Justice et Droits humains le 18 août. Les commentaires du ministre de l’Intérieur ont été annexés à la version publiée du rapport.

» Le rapport a été publié conjointement par la MONUSCO et mon bureau « , a expliqué Mme Zeid.  » Je me joins entièrement à Martin Kobler afin de soutenir ses conclusions et recommandations.

Le rapport décrit un ensemble de violations très graves, y compris des exécutions sommaires et extrajudiciaires et des disparitions forcées, commises contre des civils par les forces de sécurité congolaises.

Le gouvernement de la RDC devrait enquêter sur ses conclusions profondément troublantes et poursuivre les auteurs présumés en justice plutôt que de chercher à punir le chef de l’équipe qui a fait les recherches et produit le rapport « , dit-t-elle.

» Au cours de dernières années, le Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l’homme en RDC, sous la direction de Scott Campbell, a été à l’avant-garde de la lutte pour promouvoir et protéger les droits de l’homme et combattre l’impunité « , a déclaré le Haut-commissaire.

» Le fait que le travail du Bureau, mandaté par le Conseil de sécurité, a conduit à ces actes de représailles est un développement très inquiétant « , regrette-t-elle.

Le Haut-commissaire a exhorté le gouvernement de la RDC à revenir sur sa décision au sujet de M. Campbell, à enquêter sur les menaces et intimidations continues contre les autres membres du personnel des droits de l’homme des Nations Unies, et à traduire en justice les responsables.

» Par ces actes de représailles, les autorités congolaises risquent de mettre en péril des années d’efforts du personnel des droits de l’homme de l’ONU et de certains secteurs pour aider les victimes de violations des droits de l’homme et renforcer l’Etat de droit « , a prévenu Mme Zeid. Selon les responsables de la MONUSCO, Scott Campbell a quitté la RDC vendredi pour des vacances.

L’ASADHO appelle le gouvernement de la RDC à revenir sur sa décision

L’Association Africaine de défense des Droits de l’Homme (ASADHO) est préoccupée par la décision d’expulsion de Scott Campbell, directeur du Bureau Conjoint des Nations Unies pour les Droits de l’Homme établi à Kinshasa par la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo(MONUSCO) et le Haut-Commissariat aux Droits de l’homme des Nations-Unies. L’Ongdh invite Kinshasa à revenir sur sa décision.

L’ASADHO est surprise par la réaction du Gouvernement congolais d’autant plus qu’elle-même avait déjà dénoncé les exactions sommaires et extrajudiciaires commises par certains policiers congolais impliqués dans l’Opération  « Likofi ».

A l’époque, l’ASADHO avait déjà demandé à l’Auditeur Général des FARDC d’ouvrir une enquête judiciaire pour identifier, arrêter et traduire devant la justice tous les éléments de la Police Nationale impliqués dans les exécutions sommaires et extrajudiciaires commises dans l’opération  « Likofi ». Mais rien n’a été fait.

L’ASADHO déplore l’impunité et l’indifférente dont les autorités congolaises ont fait preuve dans ce dossier.

Il faut un rapport alternatif

Pour Me Jean Claude Katende, président de l’Asadho, le rapport du Bureau des Droits de l’Homme de la MONUSCO vient seulement appuyer certains faits qui avaient déjà été dénoncés par les organisations des droits de l’Homme de la RDC.

Il pense que le Gouvernement de la RDC aurait du répondre au rapport en produisant des preuves contraires au lieu de s’en prendre à la personne de Scott Campbell.

D’où la surprise et la condamnation exprimées par l’ASADHO face à la décision d’expulsion de Monsieur Campbell prise par le Gouvernement congolais, car elle est de nature à protéger et à encourager les policiers qui se sont rendus coupables des graves violations des droits de l’Homme dans le cadre de l’opération  « Likofi ».

Tout en demandant à Kinshasa à revenir sur sa décision d’expulsion de Scott Campbell, l’ASADHO prie le gouvernement de la RDC à diligenter, en collaboration avec la MONUSCO et les organisations des Droits de l’Homme, une enquête devant documenter tous les cas de violations des droits de l’Homme survenus lors de l’opération  » Likofi « , d’identifier les victimes, et de traduire les auteurs devant la justice.

Par Godé Kalonji Mukendi

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