L’alternance politique se dessine pour l’année 2016. Les acteurs se positionnent sur l’échiquier. Moïse Katumbi est de ceux qui avancent par petites touches, mais fermement vers la présidentielle 2016. L‘ex-gouverneur du Katanga se réclame désormais de l’opposition au régime de Kinshasa -et du « Front citoyen 2016 ». « L‘Homme des penalties » réitère son opposition à un troisième mandat du président Kabila et s Insurge aussi contre le glissement du calendrier électoral au-delà du délai prévu par la constitution. Katumbi Chapwe a fait le choix de l’alternance. Sera-t-il le joker gagnant? Il se réserve encore, tout en mettant résolument le cap sur la présidentielle de 2016 !
Un poids lourd vient de se placer de plain-pied sur l’échiquier politique congolais ; il s’agit de Moïse Katumbi Chapwe. Cet ancien et dernier gouverneur de l’ex-province du Katanga a annoncé solennellement le week-end à Lubumbashi son appartenance à l’Opposition. Bien plus, il a rejoint le « Front citoyen 2016 », cette plateforme mise en place à l’île de Gorée au Sénégal et qui regroupe « des personnalités qui se sont exprimées publiquement contre in éventuel troisième mandat du président Kabila ».
L’histoire récente renseigne que le président du TP Mazembe a rompu avec le chef de l’Etat et quitté le PPRD au pouvoir fin septembre. Entre-temps, Katumbi ne s’est pas hasardé à lancer son propre politique, même s’il est notoire ses fréquentations depuis un temps illustraient déjà ses accointances actuelles avec l’opposition. La levée de bois verts contre sa personne du côté de la Majorité au pouvoir offre la démonstration de la rupture consommée avec cette famille politique.
« Le Front citoyen 2016 » vise à empêcher toute révision de la Constitution puis obtenir l’organisation de l’élection présidentielle ainsi que les législatives en 2016. Cette plateforme créée récemment regroupe des Congolais de la diaspora, des membres des organisations de la Société civile, des confessions religieuses, des organisations politiques de l’Opposition ainsi que des personnalités politiques qui militent pour le strict respect de la Constitution.
En claquant la porte du PPRD fin septembre 2015, Moïse Katumbi Chapwe avait publiquement refusé de cautionner tout prétexte, d’où qu’il vienne, tendant à aboutir à un glissement du calendrier électoral tel que déterminé par la Constitution. En effet, pour la présidentielle de 2016, la Constitution n’est pas muette. Elle indique que celle-ci devra se tenir 90 jours avant la fin du mandat du président de la République en fonction.
Démocrate convaincu doublé de républicain invétéré l’homme des trois penalties en a appelé à l’arrêt « des arrestations arbitraires des militants pro-démocratiques et intimidations de toutes sortes». Il s’agit, a-t-il fait savoir, de garantir des chances égales à tous les protagonistes. Aussi a-t-il invité toutes les forces vives d’œuvrer en synergie pour la sauvegarde de la jeune démocratie en RD Congo.
LES PETITES TOUCHES DE KATUMBI
Amoureux du football, le mode opératoire du président du TP Mazembe tire son inspiration de cette discipline sportive. Katumbi Chapwe procède par de petites touches. Il ne brusque pas les choses, travaille sur les évidences et fait très attention aux détails. Aussi, pour ratisser très large, il ne s’identifie pas à un parti politique. En revanche, il s’affiche dans une structure qui met ensemble partis politiques, personnalités et Société civile. Si auprès de l’immense majorité des Congolais il n’a plus rien à prouver, auprès de la classe politique, auprès de la classe politique, il veut convaincre en obtenant des adhésions libres à sa ligne.
Plutôt que de travailler dans l’égoïsme légendaire des politiciens congolais, Moïse Katumbi s’est inscrit dans la logique du regroupement. Dans sa marche graduelle vers le sommet, il recherche le plus petit dénominateur commun afin de capitaliser la voie qui conduit vers un programme commun et aussi une candidature commune. « J’ai rencontré Félix Tshisekedi. J’ai rencontré beaucoup de personnes. J’ai aussi rencontré beaucoup d’opposants au niveau de la province du Katanga. Nous sommes en pourparlers pour avoir un candidat de l’Opposition », a-t-il expliqué avant d’indiquer qu’au sujet de l’identité de la candidature commune, l’opposition allait se décider le moment venu.
Souplesse politique oblige, Katumbi laisse aux autres le soin de décider. L’espoir reste que, ceux qui auront à décider, ne décevront pas la volonté clairement exprimée par la population congolaise. « Ce n’est pas â moi de décider qui peut être le candidat de l’opposition. Au moment venu, l’opposition va elle-même proclamer son candidat», a-t-il conclu.
Auparavant, Katumbi Chapwe avait félicité tous les compatriotes qui avaient participé à la rencontre sur l’île de Gorée au Sénégal pour le travail abattu affirmant que n’eût été son agenda chargé (la Coupe du monde des clubs au Japon), il aurait personnellement effectué le déplacement.
«Le plus important pour moi est de féliciter ces gens qui ont participé à cette réunion du Front citoyen à l’île de Gorée. Et ils ne doivent même pas avoir peur. Ils sont libres d’aller n’importe où ils peuvent contribuer à notre pays. J’ai délégué quelqu’un qui était à l’île de Gorée. Moi j’étais au Japon [pour la coupe du monde des clubs]. Si j’étais au pays, j’allais être là aussi», fait-il savoir.
La politique des petites touches ayant fait ses preuves, il ne reste plus qu’à tenir le cap jusqu’à la présidentielle de 2016. Entre-temps, le candidat unique de l’opposition sera connu et les échéances seront affrontées par un joker qui rassure la victoire.
Par LE POTENTIEL