Emmanuel Mughisa s’était installé, il y a deux mois, dans le quartier de Dagoretti, à Nairobi. Un Rwandais « sans histoire, plutôt sympathique et ouvert », selon les habitants des environs. C’est sous ce nom d’emprunt qu’Emile Gafirita était donc connu de gens comme Peter - un Kényan qui habite et travaille à Dagoretti - qui a assisté à son enlèvement.
« J’étais encore en train de travailler quand j’ai entendu des gens crier... Je suis sorti de ma boutique et j’ai vu Emmanuel être tiré par deux hommes. Il était menotté et l’un des types l’a frappé et l’a forcé à monter dans la voiture. Et ils ont immédiatement démarré. Ces gens parlaient une langue que je ne comprenais pas », a-t-il dit à RFI.
La police kényane semble tout aussi perplexe. Selon la porte-parole, Emile Gafirita aka Emmanuel Mughisa n’a pas été arrêté par ses services, ni d’ailleurs un quelconque rwandais ce jour-là. Cependant, son enlèvement leur a été signalé.
Selon son avocat français, Maître François Cantier, Emile Gafirita venait tout juste de recevoir sa convocation quand il a été enlevé, jeudi, mais son nom et sa qualité de témoin étaient connus, depuis plusieurs semaines, de toutes les parties, y compris des personnalités du régime rwandais inculpées dans ce dossier.
Que cache cet enlèvement ?
L’enlèvement tel qu’il s’est déroulé au Kenya ne peut être que le produit des services de sécurité rwandais, dont on connait leur excellence dans cette matière. C’est question tout simplement de jeter un coup d’œil à ce qui s’est passé en Afrique du Sud, en Europe et partout ailleurs, pour se rendre compte que le régime de Kigali trouverait M. Mughisa très gênant, pouvant se permettre de cracher les vérités qui auront pour effet de déstabiliser l’homme fort de Kigali. Espérons que ce témoin sera retrouvé vivant et qu’on lui permettra de témoigner de ce qu’il connait, au sujet de l’Affaire de l’attentat contre l’ex-président rwandais Habyarimana.
L’Avenir