Plus que jamais déterminé dans la défense d’une cause dont lui seul connaît les tenants et les aboutissants, Me Yoko Yakembe a donné rendez-vous à la presse hier, jeudi 12 novembre, dans le célèbre cadre de Kempinski, à Fleuve Congo Hôtel. C’était pour livrer à l’opinion sa deuxième déclaration politique, en rapport avec le Mouvement Social pour le Renouveau, MSR. Se considérant comme Membre-fondateur de cette formation politique, Me Yoko Yakembe a pris les membres du Parti à témoins pour, d’abord, rejeter en bloc, les actes d’un Congrès organisé à l’insu de l’Autorité morale, Joseph Kabila Kabange, et, ensuite, retirer aux Dirigeants du MSR, la couverture juridique de l’Arrêté ministériel n°91/00 du 1er avril 1991 autorisant au MNR, parti géniteur du MSR, à œuvrer sur toute l’étendue de la RDC. Dans sa déclaration, Me Yoko parle de la trahison du contrat moral qui lie le MSR au Président Joseph Kabila. Il demande instamment à Boshab, Vice-premier Ministre, Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, de prendre des mesures interdisant désormais, la tenue des activités, réunions, assemblées ou congrès convoqués par le MSR.
Lors de sa deuxième déclaration à Kempinski à Fleuve Congo Hôtel, le 12 novembre 2015, Me Placide Yoko Yakembe a commencé sa communication, en évoquant les derniers événements de l’actualité qui frappent à la porte de la Majorité présidentielle, en cette période qui est l’une des périodes les plus délicates de l’histoire de la RDC, avec l’incertitude qui plane autour de l’organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, sénatoriales, municipales et locales ainsi qu’à cause de la longue attente de la convocation du Dialogue National.
Il y a, en effet, plus de dix ans que Me Yoko ne s’était plus occupé de la vie politique active de la RDC. Ce n’était pas par manque d’intérêts, dit-il. Mais, plutôt, parce qu’il estimait qu’il a suffisamment fait et que la relève était assurée afin que la nouvelle génération puisse assumer ses responsabilités, comme il l’avait souhaité. Malheureusement, constate Me Yoko, les intempéries se modifient, se succèdent et aujourd’hui, ‘‘nous parlons du glissement’’. Voilà pourquoi, après analyse de la situation, Placide Yoko Yakembe a décidé de reprendre le contact avec la politique active. «Puisque la politique reste la même et la population congolaise continue à vivre,… j’ai pensé qu’il faut aider à rebâtir un Congo plus beau qu’avant, quel que soit l’âge».
Abordant le vif de sa déclaration, il a rappelé sa première déclaration qui consistait à réagir au sujet de la lettre adressée au Chef de l’Etat par le G7 et, avec sa maturité politique, il avait estimé qu’il ne fallait pas qu’on en arrive à des sanctions extrêmes, telle l’exclusion. Et, il ajoute que parmi les partis politiques exclus, il y a le MSR auquel il est attaché pour avoir été l’un des cofondateurs. «J’avais même demandé au Chef de l’Etat de revenir sur sa décision et d’accepter que les 7 partis reviennent et que nous puissions laver les linges sales en famille». Malheureusement, ce que Me Yoko craignait à l’époque est arrivé, c’est-à-dire, la radicalisation des frondeurs : «les 7 partis ont constitué une plate-forme de l’opposition». Pis encore, affirme Me Yoko, le MSR s’est détaché pour organiser un Congrès, en décidant publiquement de prendre ses responsabilités et ses distances vis-à-vis de Joseph Kabila et de la MP.
Trahison du contrat moral
Me Yoko a fait un aperçu liminaire sur le changement de dénomination de sa formation politique, le MNR, géniteur du MSR. Ce changement, dit-il, n’avait pas affecté l’acte de naissance du MNR, moins encore généré un nouvel acte de naissance au bénéfice du MSR, ce qui eut donné lieu à un parti différent. Il s’agit de l’Arrêté ministériel n°91/00 du Ministre de l’Intérieur. Il a souligné la nécessité de garder présent à l’esprit l’accord entre le MNR et le MSR, à savoir : respecter le contrat moral liant le MSR à Joseph Kabila. Ce contrat, a-t-il fait savoir, repose sur un fondement idéologique sur plusieurs axes. Le premier est de soutenir Joseph Kabila à consolider et élargir la légitimité de son pouvoir pendant et après les élections. Le second pilier s’appuie sur le concours à apporter au Président Kabila au rajeunissement de la classe politique et combattre les antivaleurs et inviter le Président à placer en pôle position la gouvernance sociale en RDC.
Les Fondateurs réaffirment le respect du Contrat moral
Les Fondateurs et la Majorité silencieuse, demeurés fidèles au MSR, réaffirment leur engagement à respecter le contrat moral qui le lie à l’Autorité morale du Parti. Me Yoko, dans sa déclaration, a affirmé que dans les prochains jours, il procédera à une restructuration provisoire du Parti, en attendant le Congrès. «L’ancien Directoire est sommé de restituer le patrimoine et les archives du MSR», a-t-il déclaré.
Face à ce qu’il a qualifié de tricherie et de rupture flagrante du contrat moral, il a demandé au Vice-premier Ministre et Ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité d’interdire aux dirigeants du MSR de se servir de l’Arrêté ministériel susmentionné, comme soubassement juridique de leurs actes et de ne plus agir comme parti politique. Le fondateur du MNR dit avoir repris, par conséquent, tous ses droits en tant que Parti politique. Pour ce faire, il appelle le ministère de l’Intérieur à interdire la tenue des activités, réunions, assemblées ou Congrès par les Cadres du MSR. Il recommande au ministère de l’Intérieur de considérer le MNR comme Parti politique de la Majorité présidentielle et de recevoir et traiter avec diligence, le dossier contenant les mesures proposées pour la liquidation du MSR.
Réaction
Y a-t-il une réaction officielle des dirigeants du MSR ? A ce stade, aucun d’eux n’a osé s’exprimer en guise de réponse à la démarche de Me Yoko. Au demeurant, il n’est pas exclu que dans les jours à venir, une suite lui soit réservée, si ceux-ci l’estiment nécessaire. Quoi qu’il en soit, le feuilleton reste ouvert.
Peter Tshibangu