Accusé de détournement d’honoraires des avocats étrangers : le conseil du prof Tshibangu Kalala réagit

Lundi 5 octobre 2015 - 13:30

Dans un communiqué de presse, parvenu vendredi 2 octobre à nôtre Rédaction, le conseil de Me Tshibangu Kalala, Me Kayembe Mukeny, apporte sa version sur les accusations portées contre son client incarcéré à la prison centrale de Makala « pour avoir utilisé, pour des besoins personnels, les honoraires destinés aux avocats étrangers dans le cadre du procès RDC contre Ouganda devant la Cour internationale de justice.

Ci-dessous le communiqué de presse

1. De la prison centrale de Makala où je me trouve en ce moment, j’ai appris par la presse les propos tenus par le magistrat- instructeur du Parquet Général de la République et d’autres personnes selon lesquels j’aurais utilisé, pour des besoins personnels, la somme de 60 000 euros d’honoraires destinés aux avocats étrangers dans le cadre du procès RDC contre Ouganda devant la Cour internationale de Justice. Il s’agit donc d’une très grave accusation qui a fait l’objet d’une large diffusion tant sur le plan national qu’international.

2. Devant cette situation, j’ai décidé de rompre le silence que je m’étais imposé depuis ma détention en prison intervenue le mardi 29 septembre 2015 à 18h. J’ai jugé utile de ne pas rester une cible immobile et laisser prospérer dans l’opinion publique un mensonge aussi grossier, ridicule et déshonorant pour ceux qui le propagent.

3. Sur mon honneur et ma conscience, j’informe le peuple congolais et les plus hautes autorités de la République que je n’ai jamais reçu la somme d’argent précitée destinée aux avocats étrangers qui, du reste, sont tous des amis personnels.

4. Devant tous les bâtonniers et tous les avocats de notre pays, qui m’ont témoigné leur solidarité dans le combat que je mène pour faire respecter notre chère et noble profession, je déclare, les yeux fixés sur le serment d’avocat, que je n’ai jamais touché et détourné un seul euro, un seul dollar ou un seul franc congolais destiné à des confrères étrangers.

5. Le Gouvernement m’avait remis en septembre-octobre 2003, il y a donc 12 ans, une somme d’argent destinée à la rémunération de tous les membres de l’équipe de défense de la RDC. Chaque membre de l’équipe a été correctement payé suivant le volume de ses prestations horaires et autres. Depuis septembre- octobre 2003, je n’ai reçu du Gouvernement aucune autre somme d’argent destinée aux avocats étrangers. En avril 2005, l’affaire a été plaidée devant la Cour internationale de Justice. Tous les avocats étrangers ont pris part aux séances de plaidoiries. Personne ne s’est jamais plaint de n’avoir pas été payé. Sinon, aucun avocat étranger ne serait venu à La f-laye pour défendre la RDC.

6. Je lance donc un défi à tous ceux qui font des déclarations stupides et insensées dans la presse d’apporter les preuves de leurs allégations. J’ai demandé, avec insistance et à plusieurs reprises, au magistrat - instructeur qui a fait des déclarations honteuses et déplacées au micro de Radio Okapi, en violant le secret de l’instruction et le devoir de réserve qui s’imposé à tout magistrat, de me présenter et m’opposer la moindre preuve écrite sur l’accusation relative à la somme de 60 000 euros. Rien jusqu’à ce jour.

7. A l’audience du mercredi 1er octobre 2015 en Chambre du conseil, mes avocats ont insisté et demandé au Procureur Général de la République de produire la moindre preuve de l’accusation portée contre moi par le Ministre de la Justice concernant le détournement de la somme de 60 000 euros. Rien. Il ne connaît même pas la date de la commission de la prétendue infraction d’abus de confiance. Il n’a aucun document en sa possession relative à cette infraction.

8. L’opinion publique doit savoir que c’est le Ministre de la Justice, et seul le Ministre de la Justice, qui demande au Gouvernement le paiement des honoraires des avocats. C’est lui, et lui seul, qui, après avoir reçu les sommes d’argent du Trésor public, paie les honoraires aux avocats par le biais du comptable d’Etat affecté à son cabinet et placé sous son autorité. L’avocat bénéficiaire des honoraires les touche auprès de ce dernier contre un reçu (Bon de sortie de fonds).

9. Je lance donc un défi au Ministre de la Justice, qui est l’auteur de cette lourde accusation contre moi, de tout faire, et le plus vite possible, pour remettre au Parquet Général de la République les preuves écrites de ses allégations légères et sans fondement. Il est censé détenir ces preuves parce que c’est lui qui paie les honoraires des avocats de l’Etat.

10. Je brûle d’envie d’affronter le Ministre de la Justice devant le Parquet Général de la République ou devant les cours et tribunaux.

11. Je lance un appel pressant à toute personne qui détiendrait des preuves contre moi dans cette triste affaire d’aller les remettre, sans tarder, au Ministre de la Justice pour lui faciliter la tâche.

12. En attendant, mes avocats tiennent à l’œil tous ceux qui, sans connaître le fonds du dossier pénal, se permettront, par jalousie, malveillance ou vengeance personnelle, de faire des déclarations publiques stupides et malveillantes à mon égard ou diffuseront par l’image ou l’écrit ce type de déclarations diffamatoires.

13. Je me réserve le droit de les poursuivre en justice, quel le que soit leur qualité. Ils doivent respecter la règle constitutionnelle de présomption d’innocence et se comporter en conséquence. Tous ceux qui s’amuseront avec mon honneur et ma dignité paieront le prix le plus fort.

14. Le jour où je sortirai de la prison, je tiendrai une conférence de presse pour expliquer au peuple congolais, peuple qui m’a tout donné dans ma vie et auprès duquel j’ai une énorme dette à payer, ce que j’ai fait pour lui pendant 12 ans dans des circonstances difficiles et dangereuses pour ma vie, en défendant ses intérêts devant la Cour internationale de Justice contre l’Ouganda, les raisons qui ont poussé certains profiteurs de beaux jours à me retirer la gestion du dossier Ouganda et, plus tard, à déposer une plainte pénale insoutenable contre moi devant le Parquet Général de la République.

15. Le conflit qui m’oppose au Ministre de la Justice est un simple conflit d’honoraires entre un avocat et son client. C’est un conflit qui doit être tranché par le Barreau de Kinshasa/Gombe auquel j’appartiens. Le Parquet Général de la République n’a aucune compétence pour intervenir dars ce type de conflits. Le recours du Ministre de la Justice auprès du Parquet Général de la République en déposant une plainte pénale contre moi n’est rien «autre qu’un abus de pouvoir et une volonté manifeste de m1intimider et de me nuire.

16. Je termine en rassurant tous mes braves confrères avocats, qui m’ont rejoint dans le combat pour le respect de la dignité de l’avocat congolais, que je ne remettrai au Ministre de la Justice «aucune feuille, aucun document » du dossier judiciaire que je détiens aussi longtemps que la question de mes honoraires ne sera pas réglée de manière satisfaisante. Le Ministre de la Justice devra marcher sur mon cadavre pour obtenir les pièces du dossier qui sont le fruit de mon travail. Au-delà de ma situation personnelle, c’est l’avenir et le prestige de notre chère et noble profession qui sont enjeu. C’est le respect de la dignité et des droits, de l’avocat en RDC qui est menacé par le comportement du Ministre de la Justice qui est lui-même, de surcroît, un avocat de profession. C’est donc un combat qui vaut la peine d’être mené. Moi, je suis déjà sur le champ de bataille.

Fait à Kinshasa, le 02 octobre 2015

Pour Me Tshibangu Kalala,
en détention
Son Conseil

Me KAYEMBE MUKENY