Compte tenu de la menace existentielle que font peser ces tueries sur l’unité du pays, ce Forum devrait aller au-delà de la simple question des élections.
La RD Congo est en deuil depuis hier lundi, à la suite du massacre des populations civiles, perpétré dans la soirée du samedi 13 août dans deux quartiers périphériques de la ville de Beni, dans l’Est du pays. Une boucherie humaine qui a fait état de 36 morts, selon les chiffres avancés le dimanche dernier par Lambert Mende Omalanga, ministre congolais de la Communication et porte-parole du Gouvernement. Hier lundi 15 août, la Société civile de Béni a plutôt parlé de 50 personnes tuées, bilan non confirmé par des sources officielles.
Un simple exercice de revue de presse hier a suffi pour parvenir à une constance. En tout cas, les Congolais, toutes loges politiques confondues, se sont sentis affligés. Les différentes réactions faisant foi.
Jusqu’hier lundi, en tout cas aucun acteur politique n’a encouragé cette énième tuerie de nos compatriotes de l’Est. A moins que le ton utilisé par les différents acteurs politiques ait voilé un pan d’hypocrisie.
Sinon, l’histoire retiendra que l’establishment rd congolais a été profondément ému devant des dizaines de corps des leurs, égorgés sur leur propre territoire. Au-delà de l’émotion commune, cette affliction est aussi perçue comme un sentiment de patriotisme. Cependant, plus d’un analyste pense que ce même sentiment devrait aller au-delà du factuel.
Trois jours de deuil national en mémoire des civils massacrés à l’arme blanche, on n’aurait peut-être plus à redire. Toutefois, nombreux sont des Congolais qui estiment que ce sentiment de déchirement à lui seul ne suffit pas. En d’autres termes, le simple fait de laisser les drapeaux en berne pendant trois jours, ne résout pas le récurrent problème de l’insécurité dans la partie Est de l’immense territoire de la RD Congo. La situation est d’une telle ampleur qu’elle oblige l’ensemble de la classe politique à s’impliquer dans la recherche de solution. UNE QUESTION EXISTENTIELLE DE LA RD CONGO
En cette période de très basse conjoncture politique en RD Congo, certains trouveraient des coïncidences entre les tueries de Beni et les tractations actuelles sur le Dialogue politique, attendue depuis plus de dix mois. Pourtant. Néanmoins, la gravité de la situation en termes même de densité évènementielle et de menace sécuritaire, doit interpeller aussi bien la classe politique que l’élite de la RD Congo.
Sauf si l’on voudrait s’essayer dans une analyse superficielle des faits, pour aboutir à une conclusion complaisante. Sinon, le pouvoir de Kinshasa se joue à l’Est du pays. Bien en illustrent, la très concentration et le nombre d’Ong internationales, des groupes armés en, foisonnement constant opérant dans cette partie du pays. Y compris les Nations Unies qui considèrent sa Mission en RD Congo comme la plus grande. Le Conseil de sécurité a rejeté la demande des autorités congolaises de voir les effectifs de la Monusco être réduits substantiellement.
L’insécurité qui caractérise cette partie du pays pose un problème réel de l’identité même de la RD Congo en tant que pays souverain. Ce, depuis son accession à l’indépendance en 1960. En des termes on ne peut plus clairs, des analystes avertis ne trouvent pas excessif, de dire à haute voix que ce qui se passe dans l’Est du pays place la classe politique devant une question existentielle du pays.
Voilà, un cas de conscience devant lequel la flamme du nationalisme doit être rallumée avec vivacité et bien au-delà des clivages politiques. GARE A UNE BALKANISATION LENTE DU PAYS
La problématique de la sécurité dans l’Est du pays semble avoir épuisé le lexique des spécialistes de la question. En l’occurrence, les experts en sociologie politique. Dans une certaine mesure, les érudits en politique intérieure.
Et, chaque fois qu’ils ont l’occasion d’aborder cette question, ces mêmes spécialistes recourent à l’allégorie " ventre mou de la RD Congo ", pour désigner l’Est du pays. Avec raison, quand on sait que toutes les rébellions qui fragilisent le pays, peu avant l’entame de ce second Millénaire, commencent dans l’Est du pays.
Et, le caractère récurrent de ces conflits, a exhumé le concept de balkanisation, " ignoré " du Congolais lambda. Le fractionnement du territoire national rd congolais a donc été l’un des termes très en vogue pendant la rébellion du 2 août 1988, téléguidée par le Rwanda, avec l’appui des multinationales.
C’est donc cette rébellion dont l’évolution jusqu’en 2001, avait l’air d’une guerre mondiale en Afrique, compte tenu du nombre des armées étrangères qui avaient installé leurs artilleries d’assaut sur le territoire. Ainsi, pendant un peu plus de deux ans, les territoires de l’Est, du Nord-est et certaines parties du Sud-est du pays, s’étaient transformés en champ de tirs des forces coalisées du Rwanda, du Burundi et de l’Ouganda. NECESSITE D’UNE COHESION
Près de dix ans après cette grande rébellion, ces coins de la RD Congo portent encore les stigmates de ces affrontements à l’arme lourde. Nombreux sont des Congolais, victimes des affres de cette guerre et qui restent traumatisés à vie !
Loin de nous, l’intention de remuer le couteau dans la plaie. Toutefois, les évènements malheureux survenus le week-end dernier doivent interpeller la conscience nationale congolaise. Au cas où celle-ci n’existerait pas, c’est l’occasion d’en créer.
Quel que soit le côté de la barrière où l’on se trouve, les massacres de Beni ne peuvent laisser indifférent. La fameuse balkanisation du pays tant redoutée peut partir de ce genre d’événements malheureux.
En ce moment précis où l’attention de la classe politique se trouve concentrée sur le Dialogue, on devrait donc éviter de réduire ce Forum à la seule question des élections. Bien au contraire. On devra aussi élargir le Dialogue politique en perspective à la question sécuritaire dans l’Est du pays. C’est plus qu’un impératif sur lequel nul ne saurait transiger. A moins de vouloir jouer le jeu de l’ennemi.
Sinon, à quoi aura-t-il servi d’organiser l’élection présidentielle et avoir un Président qui n’aurait pas prise sur cette partie du territoire national ? Loin, et même très loin de « Forum des As », l’idée de verser dans la polémique actuelle sur la tenue ou pas, de ce scrutin dans le délai.
A tous égards, les massacres de l’Est placent l’élite de la RD Congo devant un cas de conscience. Si tous les acteurs se réclament du peuple et entendent placer ce dernier au centre de leurs combats politiques, ces morts de Beni qui font partie de ce même peuple, doivent les motiver au Dialogue. Les assassins ne profitent-ils pas de la cacophonie actuelle en interne pour commettre leur forfait ? On devrait plutôt y réfléchir. Laurel KANKOLE
Jusqu’hier lundi, en tout cas aucun acteur politique n’a encouragé cette énième tuerie de nos compatriotes de l’Est. A moins que le ton utilisé par les différents acteurs politiques ait voilé un pan d’hypocrisie.
Sinon, l’histoire retiendra que l’establishment rd congolais a été profondément ému devant des dizaines de corps des leurs, égorgés sur leur propre territoire. Au-delà de l’émotion commune, cette affliction est aussi perçue comme un sentiment de patriotisme. Cependant, plus d’un analyste pense que ce même sentiment devrait aller au-delà du factuel.
Trois jours de deuil national en mémoire des civils massacrés à l’arme blanche, on n’aurait peut-être plus à redire. Toutefois, nombreux sont des Congolais qui estiment que ce sentiment de déchirement à lui seul ne suffit pas. En d’autres termes, le simple fait de laisser les drapeaux en berne pendant trois jours, ne résout pas le récurrent problème de l’insécurité dans la partie Est de l’immense territoire de la RD Congo. La situation est d’une telle ampleur qu’elle oblige l’ensemble de la classe politique à s’impliquer dans la recherche de solution. UNE QUESTION EXISTENTIELLE DE LA RD CONGO
En cette période de très basse conjoncture politique en RD Congo, certains trouveraient des coïncidences entre les tueries de Beni et les tractations actuelles sur le Dialogue politique, attendue depuis plus de dix mois. Pourtant. Néanmoins, la gravité de la situation en termes même de densité évènementielle et de menace sécuritaire, doit interpeller aussi bien la classe politique que l’élite de la RD Congo.
Sauf si l’on voudrait s’essayer dans une analyse superficielle des faits, pour aboutir à une conclusion complaisante. Sinon, le pouvoir de Kinshasa se joue à l’Est du pays. Bien en illustrent, la très concentration et le nombre d’Ong internationales, des groupes armés en, foisonnement constant opérant dans cette partie du pays. Y compris les Nations Unies qui considèrent sa Mission en RD Congo comme la plus grande. Le Conseil de sécurité a rejeté la demande des autorités congolaises de voir les effectifs de la Monusco être réduits substantiellement.
L’insécurité qui caractérise cette partie du pays pose un problème réel de l’identité même de la RD Congo en tant que pays souverain. Ce, depuis son accession à l’indépendance en 1960. En des termes on ne peut plus clairs, des analystes avertis ne trouvent pas excessif, de dire à haute voix que ce qui se passe dans l’Est du pays place la classe politique devant une question existentielle du pays.
Voilà, un cas de conscience devant lequel la flamme du nationalisme doit être rallumée avec vivacité et bien au-delà des clivages politiques. GARE A UNE BALKANISATION LENTE DU PAYS
La problématique de la sécurité dans l’Est du pays semble avoir épuisé le lexique des spécialistes de la question. En l’occurrence, les experts en sociologie politique. Dans une certaine mesure, les érudits en politique intérieure.
Et, chaque fois qu’ils ont l’occasion d’aborder cette question, ces mêmes spécialistes recourent à l’allégorie " ventre mou de la RD Congo ", pour désigner l’Est du pays. Avec raison, quand on sait que toutes les rébellions qui fragilisent le pays, peu avant l’entame de ce second Millénaire, commencent dans l’Est du pays.
Et, le caractère récurrent de ces conflits, a exhumé le concept de balkanisation, " ignoré " du Congolais lambda. Le fractionnement du territoire national rd congolais a donc été l’un des termes très en vogue pendant la rébellion du 2 août 1988, téléguidée par le Rwanda, avec l’appui des multinationales.
C’est donc cette rébellion dont l’évolution jusqu’en 2001, avait l’air d’une guerre mondiale en Afrique, compte tenu du nombre des armées étrangères qui avaient installé leurs artilleries d’assaut sur le territoire. Ainsi, pendant un peu plus de deux ans, les territoires de l’Est, du Nord-est et certaines parties du Sud-est du pays, s’étaient transformés en champ de tirs des forces coalisées du Rwanda, du Burundi et de l’Ouganda. NECESSITE D’UNE COHESION
Près de dix ans après cette grande rébellion, ces coins de la RD Congo portent encore les stigmates de ces affrontements à l’arme lourde. Nombreux sont des Congolais, victimes des affres de cette guerre et qui restent traumatisés à vie !
Loin de nous, l’intention de remuer le couteau dans la plaie. Toutefois, les évènements malheureux survenus le week-end dernier doivent interpeller la conscience nationale congolaise. Au cas où celle-ci n’existerait pas, c’est l’occasion d’en créer.
Quel que soit le côté de la barrière où l’on se trouve, les massacres de Beni ne peuvent laisser indifférent. La fameuse balkanisation du pays tant redoutée peut partir de ce genre d’événements malheureux.
En ce moment précis où l’attention de la classe politique se trouve concentrée sur le Dialogue, on devrait donc éviter de réduire ce Forum à la seule question des élections. Bien au contraire. On devra aussi élargir le Dialogue politique en perspective à la question sécuritaire dans l’Est du pays. C’est plus qu’un impératif sur lequel nul ne saurait transiger. A moins de vouloir jouer le jeu de l’ennemi.
Sinon, à quoi aura-t-il servi d’organiser l’élection présidentielle et avoir un Président qui n’aurait pas prise sur cette partie du territoire national ? Loin, et même très loin de « Forum des As », l’idée de verser dans la polémique actuelle sur la tenue ou pas, de ce scrutin dans le délai.
A tous égards, les massacres de l’Est placent l’élite de la RD Congo devant un cas de conscience. Si tous les acteurs se réclament du peuple et entendent placer ce dernier au centre de leurs combats politiques, ces morts de Beni qui font partie de ce même peuple, doivent les motiver au Dialogue. Les assassins ne profitent-ils pas de la cacophonie actuelle en interne pour commettre leur forfait ? On devrait plutôt y réfléchir. Laurel KANKOLE