Les Etats-Unis ont de nouveau exprimé vendredi leur opposition à un éventuel troisième mandat du président rwandais Paul Kagame à l’issue de la présidentielle de 2017, après que le Parlement à Kigali se fut prononcé pour une réforme de la Constitution. Le département d’Etat a fait part de sa « préoccupation » devant « la décision du Parlement rwandais et du président Paul Kagame de mettre sur pied une commission de réforme constitutionnelle qui pourrait amender ou supprimer les limites du mandat présidentiel et permettre au président Kagame de concourir pour un troisième mandat en 2017 ».
« Nous ne soutenons pas ceux qui, à des postes de pouvoir, changent les constitutions uniquement pour leurs propres intérêts politiques », a dénoncé le porte-parole de la diplomatie américaine John Kirby, dans un communiqué.
Washington a une position de principe, appliquée aux dirigeants africains et réaffirmée par le président Barack Obama lors de sa tournée en juillet au Kenya et en Ethiopie, qui impose une limite à deux mandats présidentiels et interdit d’amender les Lois fondamentales.
C’est sur cet argument constitutionnel que l’administration américaine dénonce le troisième mandat du président du Burundi, Pierre Nkurunziza.
« Nous demeurons pour des transitions démocratiques du pouvoir dans tous les pays, par le biais d’élections libres, justes et crédibles, conformément aux Constitutions et à leurs dispositions limitant les mandats » présidentiels, a insisté M. Kirby.
Washington a encore rappelé au président Kagame qu’il s’était lui même « engagé à respecter les limites constitutionnelles » de sa présidence. Le parlement rwandais avait donné le 11 août son feu vert à une réforme constitutionnelle qui permettrait au chef de l’Etat de briguer un troisième mandat dans deux ans.
Du 20 juillet au 10 août, les parlementaires ont mené des « consultations populaires » à travers le pays pour sonder les Rwandais sur un amendement de l’article 101 de la Constitution actuelle. Cet article limite à deux le nombre de mandats présidentiels successifs, qui interdit en théorie à Paul Kagame, élu deux fois en 2003 et 2010 mais en réalité homme fort du Rwanda depuis déjà la fin du génocide des Tutsi en 1994, de se représenter en 2017.
Le département d’Etat était déjà monté au créneau en juin sur cette question.M. Kagame a été soutenu pendant 20 ans par les Etats-Unis mais leur idylle a pris fin à l’été 2012 en raison du rôle jugé « déstabilisateur » de Kigali dans l’Est de la République démocratique du Congo voisine.
(La Tempête des Tropiques avec AFP)