L’affaire des 25 millions de dollars destinés à la Société nationale des éditeurs, compositeurs et artistes (Soneca), aujourd’hui en liquidation, continue de susciter de vives réactions. Ce dossier explosif, parti d’une fuite savamment orchestrée en faveur du média en ligne controversé Africa Intelligence, a été instrumentalisé pour jeter l’opprobre sur des personnalités pourtant étrangères aux malversations présumées.
Face à la multiplication des accusations, Don Dass Malepikini, président de la Soneca depuis son élection lors de l’assemblée générale de 2011 et, surtout, président du Comité de clarification et de suivi, a décidé de rétablir la vérité.
Dans une interview exclusive qu’il nous a accordée, il a tenu à identifier clairement les responsabilités dans ce scandale devenu un prétexte à des attaques ciblées.
« Le principal responsable, c’est le liquidateur »
Selon Don Dass Malepikini, le véritable auteur du détournement présumé n’est autre que Jacques Bwenzey, liquidateur de la Soneca. C’est lui qui a perçu les 18 millions de dollars versés par l’État à l’entreprise et en a fait une utilisation totalement étrangère à la finalité légale : le paiement des artistes et ayants droit.
« Le liquidateur a reçu les fonds. Mais au lieu de les affecter aux artistes, comme prévu, il en a fait un usage totalement différent. C’est là que se situe le détournement », tranche-t-il.
Nicolas Kazadi exonéré : “Il nous a aidés, pas l’inverse”
Au centre de nombreuses attaques, Nicolas Kazadi, ancien ministre des Finances, est pourtant décrit par Don Dass Malepikini comme un allié dans ce dossier, et non comme un acteur du scandale.
Il insiste : « Nicolas Kazadi n’a rien à voir avec cette affaire. Bien au contraire, c’est le seul ministre qui a accepté de nous écouter et de payer ce que l’État nous devait.
Nous avions sollicité plusieurs ministres des Finances avant lui, sans succès. Lui seul a donné suite. Malheureusement, le liquidateur en a fait une mauvaise utilisation. »
Loin des accusations relayées par certains médias, l’ancien ministre des Finances apparaît ainsi comme celui qui a permis à la Soneca de faire valoir ses droits, après plusieurs années d’impasse administrative.
Une initiative supplémentaire bloquée en interne
Don Dass Malepikini révèle également qu’il avait sollicité de nouvelles mesures pour permettre à la Soneca de recevoir un complément de financement. Selon lui, Nicolas Kazadi avait accepté d’aller plus loin, en permettant à l’État de prendre à sa charge le paiement des intérêts liés au prêt contracté auprès d’Equity Bank.
Cette opération devait dégager un montant supplémentaire de 6,9 millions de dollars au profit de la Soneca.
Le ministre avait même signé un document officiel entérinant ce mécanisme.Cependant, le processus a été ralenti par un conseiller qui souhaitait d’abord obtenir une réconciliation interne entre les dirigeants de la Soneca, notamment avec Adios Alemba et son groupe.
La démarche n’a finalement jamais abouti, car Nicolas Kazadi a quitté le gouvernement avant sa finalisation. « Si nous Nicolas Kazadi était encore aux Finances, nous aurions été payés depuis longtemps », assure M. Malepikini.
Un contexte financier délicat en période électorale
Pour mémoire, l’opération ayant conduit au paiement des 25 millions à la Soneca s'est déroulée dans un contexte économique tendu. À l’approche des élections générales de décembre 2023, la trésorerie de l’État était sous pression. Malgré cela, Nicolas Kazadi avait, en toute légalité, négocié et obtenu auprès de Equity Bank deux prêts majeurs :
30 millions de dollars pour le paiement des retraités de l’Onatra,
25 millions de dollars destinés au règlement de la dette due à la Soneca.
Ces opérations, validées dans les règles, démontrent selon Malepikini la volonté du ministre de résoudre des dossiers en souffrance depuis des années, loin des manœuvres politiques et des campagnes de désinformation.
Tribube d'Aristote Kajubwami, chercheur indépendant