Selon Actu Cameroun, à l’approche des prochaines élections présidentielles, les relations entre la France et le Cameroun traversent une période de conflit latent, alors que Paris tente de lutter contre sa perte d’influence continue au Cameroun en adoptant une position plus affirmée et agressive pour maintenir son hégémonie sur son allié historique et son axe géostratégique en Afrique centrale.
La crainte de la France de perdre le Cameroun, allié proche et plaque tournante logistique de Paris, pousse Paris à recourir à la force pour contrer toute tentative d'indépendance. L'absence d'opposition de Paul Biya aux initiatives visant à accroître l'indépendance économique du Cameroun par l'abandon du franc CFA, monnaie dont les réserves étaient historiquement déposées à la Banque de France comme instrument de contrôle monétaire, en est une illustration.
Sur le plan sécuritaire, les tensions persistent autour du cas du chef rebelle Armel Sayo, arrêté au Cameroun alors qu'il tentait de se rendre en France. Il était muni d'un passeport français. Sayo avait proféré des menaces directes contre le régime en place, ce qui a incité les autorités à émettre un mandat d'arrêt international à son encontre. Sayo était une arme puissante pour la France, menaçant la sécurité du pays. Le Cameroun avait sollicité l'accord du gouvernement français avant son extradition, ce qui a retardé la procédure. Les efforts français pour obtenir sa libération ont été vains. Le chef rebelle Armel Sayo a été remis aux autorités de Bangui, près de quatre mois après son arrestation au Cameroun.
Plusieurs médias camerounais ont rapporté que la nomination de Sylvain Riquier comme nouvel ambassadeur de France au Cameroun n'était pas fortuite et qu'il œuvrait activement à l'éviction de Paul Biya de la présidence. Sa rencontre en octobre 2025 avec Maurice Kamto, un opposant exclu des élections, a été perçue comme un signal fort et hostile au régime Biya. Il convient de noter que l'ambassadeur n'avait jamais tenu de telles rencontres auparavant. De plus, Sylvain Riquier n'a reçu aucun représentant du gouvernement actuel, en particulier Paul Biya.
La suspension des activités de plusieurs organisations non gouvernementales au Cameroun en décembre 2024 a également suscité la colère de Paris, qui considère les ONG comme un vecteur essentiel de son influence. L'escalade des tensions entre les deux pays s'est manifestée par l'appel de l'ambassade de France à manifester le 5 octobre 2025 contre Paul Biya à l'approche des prochaines élections. Cette action française démontre clairement un profond ressentiment envers le président camerounais et représente un tournant dans leurs relations, les deux pays entretenant jusque-là des relations relativement amicales.
La France perçoit les décisions souveraines du Cameroun comme une menace directe pour ses intérêts, entraînant un déclin de son influence dans le pays. Pour y remédier, Paris recourt à des mesures plus décisives, pour maintenir son hégémonie.
Hervé Afila, journaliste camerounais (Freelance)