Haut-Lomami : l'IRDH alerte sur la mort d'au moins 10 personnes après avoir consommé l'eau « polluée » par une entreprise à Malemba N'kulu

Lundi 22 septembre 2025 - 16:32
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L’Institut de recherche en droits humains (IRDH) tire la sonnette d’alarme après la mort d’au moins dix personnes dans la communauté de Songwe, territoire de Malemba-N’Kulu, dans la province du Haut-Lomami suite à la consommation « d’eau contaminée et de poissons pollués » par les rejets acides de la société minière Mining Mineral Resources (MMR), filiale du groupe indien Vinmart.

Dans un communiqué rendu public ce lundi 22 septembre 2025 et dont une copie est parvenue à 7SUR7.CD, l'IRDH appelle à une urgence pour pallier à cette problématique et à trouver des solutions pour l'eau potable à Malemba N'kulu. 

Selon un procès-verbal dressé par la communauté le 6 février 2025, poursuit maître Hubert Tshiswaka qui signe cette correspondance, les victimes ont perdu la vie après avoir consommé de l’eau et des poissons de la rivière Kalubwe, affluent des lacs Kibala et Songwe-Ziba.

« La société MMR, filiale du groupe indien Vinmart, exploite la cassitérite, le coltan et le wolframite dans l'entité territoriale décentralisée de Malemba-N'kulu. Elle possède des laveries aux villages Kanunka et Katondo et a racheté la totalité des minerais artisanaux. Cette exploitation a des graves conséquences. Le 6 février 2024, la communauté de Songwe avait dressé un procès-verbal constatant le décès de dix personnes, mortes après avoir consommé de l'eau polluée et des poissons contaminés par des rejets acides dans la rivière Kalobwe. A la même période, elle avait signalé la disparition des poissons "Vodo", aliment de base et ressource économique majeure », lit-on dans ce document.

Cette situation illustre, selon l’organisation, les conséquences directes de l’exploitation minière intensive et non contrôlée menée par MMR. Maître Hubert Tshiswaka déplore aussi le fait que cette entreprise ne puisse pas appliquer le code minier en RDC notamment en versant 25 % de la redevance minière à la province du Haut-Lomami ; 15 % aux entités territoriales décentralisées ; et une dotation de 0,3 % du chiffre d’affaires annuel aux villages impactés.

Or, d’après l’audit de la Cour des comptes (juin 2025), poursuit l'IRDH, « MMR n’a jamais payé la dotation de 0,3 % et ne respecte pas son cahier des charges ». Pour l’IRDH, cette négligence prive les communautés de ressources essentielles qui auraient pu sécuriser l’accès à l’eau potable et prévenir une telle catastrophe.

Face à cette urgence humanitaire, cette organisation de la société civile lance un appel au gouvernement central et provincial ainsi qu'à MMR à l’approvisionnement immédiat en eau potable des villages touchés ; au versement effectif des fonds miniers prévus par la loi (redevances, dotation de 0,3 % et exécution du cahier des charges) ;

la réparation des préjudices humains et environnementaux causés par la pollution ; et la réouverture d’une médiation officielle, encadrée par l’Observatoire de la redevance minière et des fonds communautaires.

« L'IRDH lance un appel urgent au ministre de la justice afin qu'il contraigne MMR à respecter ses obligations légales et sociales envers les communautés locales de Malemba-N'kulu. L'accès immédiat à l'eau potable, la justice pour les victimes et l'application du code minier, doivent être assurés sans délai pour garantir les droits humains et restaurer la confiance dans la gouvernance du secteur minier », a-t-il martelé.

Des communautés venues de Malemba-N'kulu ont saisi, ce même lundi, l'Institut des recherches en droits humains, pour le lancement d'une campagne « Visite Malemba-N'kulu » dans le but de pousser les autorités du pays à trouver une solution pour approvisionner les populations en eau potable.

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