RDC : Pouvoir, Opposition et Rébellion : pour un sursaut patriotique (Tribune de Steve Mbikayi)

Vendredi 5 septembre 2025 - 23:22
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Tribune Libre 232

Pouvoir, Opposition et Rébellion : pour un sursaut patriotique

Dans la Tribune 231, nous avons salué avec force la décision du Président de la République de rejeter toute initiative de dialogue initiée par l’étranger. Nous avons également jugé légitime son refus de négocier avec des compatriotes égarés, transformés en instruments par nos agresseurs.

Dans une posture de loyauté renouvelée au Chef de l’État, nous formulons le vœu de le voir poursuivre, avec nuance, cette logique jusqu’au bout. Priver  les puissances étrangères du prétexte de se cacher derrière la faiblesse de certains Congolais pour congoliser leur agression.

La nécessité d’un sursaut patriotique

Les appels à des dialogues surgissent de toutes parts, de l’intérieur comme de l’extérieur. Pour mettre fin à cette cacophonie, il appartient au Président de la République, seul détenteur à la fois de la légalité et de la légitimité populaire, de prendre le taureau par les cornes. Nous lui proposons de convoquer une concertation nationale inclusive, rassemblant autour d’un même arbre à palabres les délégués du pouvoir, de l’opposition politique, de la société civile et même ceux qui, aujourd’hui, portent les armes contre la patrie.

Un tel cadre, purement congolais, aurait valeur de sursaut patriotique. Chacun devrait y consentir des concessions. Mettre un peu d’eau dans son vin, dépasser les rancunes, et reconnaître que la République n’a qu’un seul centre de gravité institutionnelle : le Président démocratiquement élu.

La leçon de l’histoire

En 1992, le pays traversait une crise de légitimité aiguë. Pourtant, même hors mandat, Mobutu détenait encore la légalité de l’État. C’est son ordonnance qui permit la tenue de la Conférence nationale souveraine. Sans ce geste, ce forum n’aurait pu exister. Cette leçon reste actuelle. Aucune concertation ne peut se tenir en dehors de celui qui incarne aujourd’hui l’impérium.

De la même manière, Félix  Tshisekedi, malgré les contestations feintes de certains, est et demeure le seul habilité à convoquer un cadre où les Congolais dialoguent entre eux, sans tutelle ni facilitation complaisante de l’étranger.

Un cadre purement congolais

Certes, pour des raisons pratiques, un pays ami pourrait servir de lieu de rencontre afin de permettre la participation de ceux qui ne peuvent se rendre à Kinshasa. Mais le processus, quant à lui, doit être exclusivement congolais, convoqué par ordonnance présidentielle et et dont les résolutions seront validées par nos propres institutions.

Ainsi, le Chef de l’État resterait au-dessus de la mêlée, recevant les conclusions des travaux comme expression de la volonté nationale, pour les traduire ensuite en actes républicains à travers les institutions légitimes, et ce, dans le respect des engagements pris.

Le patriotisme comme ultime rempart

Nous parions qu’aucun Congolais digne de ce nom ne peut cautionner la partition de fait que connaît aujourd’hui notre pays. Aucun patriote, même en rébellion, ne peut rêver de la balkanisation de la République. Pourquoi ne pas mettre ce sentiment national au service d’un rapprochement salutaire ? Pourquoi ne pas déjouer le plan de l’ennemi en resserrant nos rangs, plutôt qu’en nous divisant davantage ?

Face au péril qui menace la Nation, il n’y a pas d’autre choix. Ce n’est qu’en nous retrouvant tous, en transcendant nos divergences, que nous pourrons tracer un chemin vers la paix, la réunification et l’organisation consensuelle d’élections démocratiques et transparentes, dans une République souveraine, indivisible et respectée.

Le défi est immense, mais il n’est pas insurmontable. L’histoire de notre peuple a montré que, dans les moments les plus critiques, les Congolais savent s’asseoir ensemble pour refonder leur avenir.

Quiconque s’opposerait à une telle démarche porterait devant la Nation et devant l’histoire la lourde responsabilité d’avoir choisi la partition au lieu de l’unité, et l’orgueil au lieu du patriotisme.

Tribune de Steve Mbikayi, président national du Parti Travailliste (PT)

 

AfroPari Août 2025