La plate-forme numérique du Registre National Mémoire du Monde de la République démocratique du Congo a été officiellement présentée ce jeudi 21 août 2025, au cours d’une cérémonie organisée au Musée National, situé dans la commune de Lingwala à Kinshasa.
Dans son allocution, le professeur Jean-Bedel Iyoka Otangela-N’kumu, président dudit Comité, a indiqué que la création, il y a deux années du Comité Mémoire du Monde de l’UNESCO en RDC constitue, à la fois un moment clé pour la préservation de patrimoine mémoriel national, et une opportunité pour une plus grande valorisation du patrimoine documenté, en soutien aux Institutions de Mémoire, eux qui sont les garantes de sa préservation opérationnelle.
« Un tel enjeu et un tel intérêt se perçoit encore plus en ce moment particulier où, sous le leadership de son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, la République Démocratique du Congo engage un travail mémoriel fondamental à travers, notamment, l’institutionnalisation du GENOCOST ; une entreprise de réhabilitation mémoriel, d’effort de restauration de la dignité de la nation congolaise meurtrie, de réparation matérielle et judiciaire, mais surtout de sensibilisation et légitimation internationale de cette initiative congolaise légitime », a-t-il déclaré.
Dans la foulée, il a souligné que le Comité Mémoire du Monde de l’UNESCO pour la République Démocratique du Congo est à cet égard un levier du plaidoyer.
« Le Registre National, dont nous présentons aujourd’hui la plate-forme de déploiement numérique constitue, en définitive, à la fois un pilier et levier pour une plus grande et plus impactante valorisation du patrimoine mémoriel congolais », a martelé le professeur Jean-Bedel Iyoka.
Pour sa part, le représentant de l'UNESCO en RDC, Isaias Barreto da Rosa, a fait savoir que cette réforme constitue un outil moderne impératif et inclusif.
« Elle permettra d’augmenter et de valoriser le patrimoine mémoriel congolais, de renforcer la visibilité nationale et internationale de ce patrimoine, de simuler la recherche scientifique de l’éducation et d’encourager la participation des institutions et des citoyens à sa préservation. La présentation d’aujourd’hui ne se limite pas au lancement d’un outil numérique, elle inaugure également la feuille de route qui est servira pour les 3 années à venir », a-t-il déclaré.
Il sied de préciser par ailleurs que les objectifs spécifiques de la plateforme sont les suivants :
• Préserver : assurer la conservation numérique et la pérennité (intégrité, traçabilité,
formats pérennes) ;
• Rendre accessible : consultation publique sélective et multilingue, valorisation pédagogique et scientifique.
• Sécuriser : gestion des risques, contrôle d’accès, conformité
(RGPD/ISO 27001/NF Z42-013/FIPS 140-2).
• Impliquer : faciliter la contribution encadrée d’institutions, communautés, chercheurs et citoyens.
Les publics cibles sont les institutions patrimoniales (archives, bibliothèques, musées), les universités, les médias, les administrations, les détenteurs privés d’archives, la diaspora, ainsi que le grand public.
Créé par arrêté du ministre de l'Enseignement Primaire, Secondaire et Technique, en sa qualité de président de la Commission Nationale/RDC pour l’UNESCO, le Comité National Mémoire du Monde de la République Démocratique du Congo s'engage à contribuer activement aux efforts mondiaux de préservation patrimoniale à travers 5 axes stratégiques :
1. Identification collaborative du patrimoine mémoriel documenté, répondant aux critères pertinents fixes par l’UNESCO
- Inventaire participatif avec les Institutions de Mémoire, les collectionneurs privés et les communautés locales ;
- Facilitation des échanges avec les experts internationaux de l'UNESCO ;
- Cartographie inclusive du patrimoine mémoriel national.
2. Appui à la Conservation durable et accessible
- Mise en œuvre de standards internationaux de conservation, en collaboration avec les institutions de Mémoire ;
- Développement de capacités techniques locales ;
- Plaidoyer auprès de l’UNESCO et divers autres partenaires pour l'allocation de ressources adéquates.
3. Démocratisation de l'Accès au Patrimoine
- Numérisation progressive des collections pertinentes répondant aux standards du Programme Mémoire du Mmonde ;
- Création de plateformes d'accès numérique ;
- Sensibilisation des citoyens à l'importance de leur patrimoine.
4. Plaidoyers pour l’Élaboration de Politiques Nationales Cohérentes
- Plaidoyer auprès des autorités pour l'adoption de législations visant une valorisation plus efficiente du patrimoine mémoriel ;
- Actions pour l’intégration des recommandations UNESCO dans les politiques publiques ;
- Mobilisation de financements nationaux et internationaux.
5. Renforcement de la Coopération Internationale
- Facilitation d’un dialogue plus pertinent entre le Programme Mémoire du Monde de l’UNESCO et les Institutions de Mémoire ou entre le Programme et les Collectionneurs privés ;
- Appui stratégique des Institutions de Mémoire pour une participation plus active aux réseaux régionaux et internationaux opérant dans le secteur de la mémoire ;
- Promotion des bonnes pratiques congolaises dans les fora internationaux.
Selon le professeur Jean-Bedel Iyoka, le Comité National s'inscrit dans une démarche collaborative emprunte d’humilité, reconnaissant que la préservation du patrimoine mémoriel constitue un défi mondial nécessitant, sur le plan national, le préalable d’une forte interaction de tous les acteurs du secteur (avec en premier ordre les responsable des Institutions de Mémoire), ainsi qu’une synergie appuyée d'expertises.
Le Comité aspire à contribuer modestement mais significativement à cet effort collectif, tout en plaidant pour que les richesses mémorielles et documentaires de la République démocratique du Congo puissent enrichir le patrimoine mondial de l'humanité.
À noter que cette cérémonie a connu la participation du directeur de cabinet adjoint de la ministre de la Culture, de Simon Siala Siala, le numéro un de l’Institut des Musées Nationaux du Congo, de l’ancienne ministre de la culture, arts et patrimoine, Catherine Furaha Katungu, ainsi que de bien d’autres invités.
Jephté Kitsita