Plus de 3 ans après la chute de la stratégique cité de Bunagana et près d'un an après celle d'Ishasha, tous 2 des postes frontaliers entre la République démocratique du Congo et l'Ouganda, les autorités ougandaises ont ordonné la relance des activités douanières suspendues depuis que le M23 s'y est installé.
"Le président Museveni a déclaré que tous les postes frontières situés à proximité des positions du M23 doivent être immédiatement recouverts. Il s'agit notamment de Bunagana, Ishasha, etc. Rien ne doit empêcher le commerce de nos populations", a même relayé sur les médias sociaux, mercredi dernier, le général Muhoozi. Une information corroborée par les responsables du M23 ce jeudi 10 juillet.
Passés sous contrôle de la rébellion, grâce à la coopération bilatérale entre Kinshasa et Kampala, ces postes douaniers avaient immédiatement suspendu toutes les activités liées à l'import-export, non seulement pour interrompre la chaîne d'approvisionnement en ressources de la rébellion, et surtout, du fait que dans le pays, les douanes dépendent de l'environnement légal et administratif congolais.
Si, jusqu'ici, le trafic frontalier était essentiellement permis aux piétons et motocyclistes, les importations et les exportations sont désormais relancées en dépit de la présence dans la zone, toujours très active, des assaillants.
Mais, la reprise des importations et exportations à Bunagana et Ishasha risque de profiter au groupe armé et de handicaper la douane de Kasindi-Lubiriha (Nord-Kivu), la 3e du pays après Moanda (Kongo Central) et Kasumbalesa (Haut-Katanga), redoute un témoin central de récents conflits armés dans le Kivu.
À en croire cette source, depuis le CNDP, les postes frontaliers de Bunagana et Ishasha ont toujours été fermés en cas d'occupation.
"Elles ont toujours été fermées pendant toutes les rebellions( depuis le CNDP) malgré ce que les politiques vous font toujours consommer. Seuls les piétons passent pour l'achat de la nourriture et non le passage des marchandises à l'importation ou à l'exportation. Il faut s'attendre à plusieurs retombées économiques puisque les importations et les exportations seront effectuées là-bas. Ce sont des millions de dollars pour les rebelles", prévient à 7SUR7.CD, la même source.
Il espère tout de même que la réouverture des postes frontières émane d'un compromis pour la baliser le terrain à un atterrissage en douceur des pourparlers de paix de Doha, surtout qu'elle coïncide avec des travaux d'entretien à l'aéroport de Goma, lui aussi opérationnel depuis la chute de la ville aux mains des assaillants.
Sauf imprévu, le 5e round des assises de Doha entre le M23 et Kinshasa devrait être lancé cette semaine. Les délégués de 2 parties ont déjà atterri au Qatar. Sauf que plus tôt, les rebelles ont présenté une série de préconditions, dont la réouverture de l'aéroport international de Goma.
Les États-Unis, parrains d'un autre accord de paix à Washington le 27 juin dernier, espèrent que la RDC et le M23 parviendront à un compromis avant la fin du mois en cours afin de donner la chance au retour de la paix dans le Nord et Sud-Kivu.
Le 13 juin 2022, la cité de Bunagana a été la première importante agglomération à être passée sous contrôle du groupe armé pro-rwandais, 8 mois après la relance des hostilités en novembre 2021. Par ailleurs, près de 2 ans après, Ishasha, tombait à son tour aux mains du M23 le 4 août 2024.
Isaac Kisatiro, à Butembo