Regroupant 150 organisations de la société civile congolaise, africaine et internationale engagées dans la protection de l'environnement, la coalition Notre terre sans pétrole (NTSP), exprime son appréciation pour l'ouverture du gouvernement congolais au dialogue sur ses projets d'exploitation pétrolière. Néanmoins, l'organisation reste fermement opposée à l'ouverture de 52 nouveaux blocs pétroliers dans la cuvette centrale par le même gouvernement.
Du 2 au 9 juin dernier, NTSP a mené des missions de plaidoyer auprès des ministères de l’Environnement et des Hydrocarbures, ainsi qu'à la commission permanente de l'environnement, du tourisme, des ressources naturelles et du développement durable de l’Assemblée nationale. Partout, l’organisation dit avoir réaffirmé son opposition ferme aux projets d’exploitation pétrolière, après l’annulation de l’appel d’offres sur 27 blocs pétroliers et 3 blocs gaziers.
« Ces zones concernent des écosystèmes sensibles comme les parcs des Virunga, de Salonga, d’Upemba, les tourbières de la cuvette centrale ainsi que plusieurs lacs (Albert, Kivu, Édouard, Tanganyika) et le couloir vert Kivu-Kinshasa. NTSP souligne les risques irréversibles pour la biodiversité, le climat et les communautés locales, dont les peuples autochtones pygmées », indique un communiqué de l'organisation reçu le mercredi 11 juin.
La coalition exprime également des préoccupations quant au fait que les 52 blocs pétroliers pourraient empiéter sur des droits déjà établis, notamment ceux des communautés locales et des peuples autochtones.
« Les activités de prospection, d'exploration et d’exploitation des hydrocarbures dans la cuvette centrale présentent des risques irréversibles de contamination dans le bassin du Congo. Nos inquiétudes portent également sur la superposition ou le chevauchement des droits et titres dans les zones couvrant les 52 blocs pétroliers avec les droits fonciers, agricoles, pastoraux et de pêche […] », ajoute-t-elle.
Elle plaide en faveur d'un modèle de développement sobre en carbone, axé sur les énergies renouvelables, l’agroécologie, la pêche durable, l’écotourisme et la valorisation des minerais stratégiques.
« Notre terre sans pétrole réaffirme sa conviction selon laquelle l'avenir de la RDC réside dans un modèle de développement sobre en carbone à travers la promotion des alternatives durables, notamment le tourisme, l’agriculture durable, la pêche, les énergies renouvelables, les minerais stratégiques et le développement d'infrastructures diverses favorisant l'exportation, le transport et une croissance économique verte à la base, allant du national à l'international (en jouant un rôle capital dans la transition énergétique) », précise la coalition.
Selon NTSP, le fait que le gouvernement accepte de dialoguer avec la société civile sur la question du pétrole est un signe positif. L’organisation dit par ailleurs rester « vigilante et déterminée conformément aux dispositions pertinentes de la constitution de la RDC, aux accords et traités, aux directives volontaires ainsi qu'aux principes et valeurs de participation, transparence, consultation et diligence raisonnable, en accord avec les lois et règlements en vigueur. »
Bienfait Luganywa