
Il reste peu de temps. Le procès Matata Ponyo, sans cesse contesté sur la forme, a déjà plongé la République dans une zone de turbulence. Mais avant qu’il ne soit trop tard, la Cour constitutionnelle peut encore se ressaisir. Elle peut choisir la sagesse au lieu de l’orgueil. Le droit au lieu de la dérive. La République au lieu du scandale.
L’Histoire ne retient pas les procès, mais les postures
Dans vingt ans, on ne se souviendra peut-être plus des détails du dossier Bukanga-Lonzo. Mais on se souviendra sûrement de ce que la Cour aura fait de sa propre dignité.
– A-t-elle respecté les règles ?
– A-t-elle écouté le Parlement ?
– A-t-elle honoré la Constitution ?
Aujourd’hui encore, le fil de la légitimité n’est pas entièrement rompu. Mais il est tendu. Très tendu.
La sagesse, c’est de reconnaître ses limites. La sagesse, ce n’est pas l’entêtement. Ce n’est pas l’aveuglement institutionnel. Ce n’est pas le refus d’écouter une autre institution souveraine.
La sagesse, c’est de se dire :
– “La procédure a été mal enclenchée.”
– “La levée d’immunité n’a pas eu lieu.”
– “La République mérite mieux qu’un jugement vicié.”
La sagesse, c’est de surseoir. Revenir dans le cadre du droit. Respecter les équilibres.
Juger à tout prix, c’est condamner la Cour elle-même Le peuple n’est pas naïf. Il voit que l’obstination judiciaire dans ce dossier n’a rien de neutre. Il comprend que le procès est devenu une affaire d’ego, de posture, de revanche institutionnelle. Mais si la Cour va jusqu’au bout dans l’illégalité, ce n’est pas Matata qu’elle condamnera. C’est elle-même qu’elle mettra au ban de l’Histoire.
“Ce ne sera pas un verdict judiciaire. Ce sera un suicide institutionnel.”
Il est encore temps. Mais plus pour longtemps.
Le report du procès au 20 mai doit être une pause pour réfléchir, pas une simple stratégie pour mieux rebondir. Il doit permettre à la Cour de retrouver le chemin de l’humilité. Et surtout, de redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : le temple du droit.
Tribune de Gerard Musuamba, membre du Cercle des Juristes Indépendants du Congo (CJIC).