RDC : « Les défis sécuritaires et les crises humanitaires ne peuvent être résolus par des discours sur le fédéralisme » (Guylain Tshibamba)

Jeudi 17 avril 2025 - 13:19
Image
Droits tiers

Quand le Fédéralisme devient une Distraction Magistrale !

À l’heure où le sol congolais tremble sous le poids d'une guerre d'agression orchestrée par les
supplétifs rwandais du M23, le débat sur le fédéralisme prend des allures d'une distraction orchestrée avec soin, presque comme une pièce de théâtre tragique jouée en plein désastre.

Pendant que les Congolais se débattent avec la question cruciale de la préservation de leur intégrité territoriale face à un ennemi qui ne cesse de revendiquer des droits sur leur terre, voilà que certains acteurs politiques, se lancent dans une danse enivrante autour de la question d’un système fédéral.

Mais, sérieusement, est-ce le moment de discuter d’autonomie régionale quand la souveraineté nationale est mise à mal ?

En proposant un modèle fédéral structuré autour de cinq grandes régions, le célèbre directeur
de cabinet de Moise Katumbi, Monsieur Kamitatu semble oublier que la RDC est avant tout un pays en guerre. Sa promesse d’une plus grande autonomie dans la gestion des ressources naturelles et des politiques locales résonne comme une douce mélodie, mais à qui profite cette musique lorsque les balles fusent à l’est ?

Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, exprime à juste titre son inquiétude face aux intentions cachées derrière cette proposition, qui pourrait bien masquer un désir de balkanisation d’un pays déjà affaibli par des décennies de conflits et de mauvaise gouvernance.

Les critiques ne manquent pas, bien sûr. Marie-Ange Mushobekwa souligne judicieusement que le succès du fédéralisme dans d’autres pays ne peut pas être transposé à la RDC sans une préparation adéquate.

Mais n’est-il pas aussi ironique de constater que le véritable problème réside dans la mauvaise
gouvernance ?

Et que dire des limites du régime semi-présidentiel en place ?

L’instabilité politique qui en
découle, alimentée par les rivalités entre le président et le parlement (déboulonnage) fait plus de mal que de bien. Le président peut agir rapidement en cas d’urgence, mais que fait-il quand l’urgence est devenue une banalité ? (État de siège).

La corruption et le clientélisme gangrènent les institutions, rendant toute réforme quasi impossible. Faut-il rappeler que les véritables enjeux du pays ne résident pas dans une architecture institutionnelle, mais dans la lutte contre l’impunité et le respect des droits fondamentaux ?

La situation à l’est de notre pays exige une réponse claire et immédiate. Les défis sécuritaires et les crises humanitaires ne peuvent être résolus par des discours sur le fédéralisme. La question cruciale est : comment pouvons-nous unifier nos forces pour résister à l’agression étrangère et assurer un développement inclusif pour tous les Congolais ?

Il est temps que nous prenons conscience que la bonne gouvernance ne se limite pas à un slogan ou à une réforme institutionnelle. La véritable vigilance doit s’exercer face à ceux qui, sous couvert de bonnes intentions, cherchent à détourner notre attention des véritables enjeux.

Rappelons-nous que la paix et la stabilité de notre pays dépendent de notre unité et de notre capacité à défendre notre souveraineté. Alors, restons vigilants, questionnons les véritables motivations de ceux qui prétendent nous guider, et n’oublions jamais que notre avenir dépend de notre engagement à défendre notre patrie.

La RDC mérite mieux qu’un débat stérile pendant que la guerre fait rage à nos portes.

Dans cette pièce tragique, soyons les acteurs de notre propre salut, et non de simples figurants au service d’un spectacle.

Yebela !

Guylain Tshibamba
Expert en communication publique
& gestion des crises, CEO ICONES Créa & Stratégies