Consultations nationales ou spectacle des masques (Tribune)

Dimanche 30 mars 2025 - 00:13
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Les Consultations Nationales !
Ce grand bal politique où tout le monde est invité, même ceux qui ont rarement mis les pieds sur une piste de danse.

SEM Félix Tshisekedi, tel un chef d’orchestre en quête d’harmonie, nous propose un gouvernement d’union nationale. Une initiative audacieuse, n’est-ce pas ? Ou simplement un énième tour de magie pour distraire un public fatigué par des années de promesses non tenues.
Imaginez la scène : des représentants venus de tous les horizons se pressent autour de la table, affichant des sourires de façade, tandis que les rancœurs se murmurent en coulisses.

Le pouvoir, bien sûr, invite les opposants, non pas par générosité d’âme, mais plutôt pour donner l’illusion d’un consensus. Car qui pourrait résister à l’idée de discuter, puisque cela revient à jeter un peu d’eau sur le feu des rancœurs du « déboulonnage » ?

Et que dire de l’opposition ?
Ah, ces valeureux combattants de la démocratie qui ne ratent aucune opportunité de donner l’impression d’être les défenseurs des couleurs de la République ; mais où étaient-ils ? Peut-être à peaufiner leurs discours pour cette fameuse messe politique !

Entre Rêve et Réalité

La promesse d’une union fait rêver. Au moment de la proclamation de l’idylle, la voix se veut mielleuse, comme le renard en quête du fromage que le corbeau tient en son bec. En d’autres termes, derrière les belles paroles, il y a souvent des intérêts cachés. Les membres de l’opposition, qui s’érigent en champions de la bonne gouvernance, peuvent être plus préoccupés par leur propre ascension que par le sort du pays.
Qui pourra résister à la tentation de jouer les héros, même si cela signifie se mettre à dos une partie de l’électorat ?

Et que dire de l'opportunité d’une telle initiative ?
Alors que les tensions avec le Rwanda et le M23 semblent baisser, que peut-on espérer d’un gouvernement d’union nationale si ce n’est une promesse de paix, peut-être aussi éphémère qu’un mirage dans le désert ?

La perspective est certes alléchante, mais la réalité congolaise est trop complexe pour espérer la figer par un simple accord sur un papier. Un énième accord !

Le Grand Cirque Politique

En définitive, ces consultations nationales ressemblent à un grand cirque, où chaque acteur joue un rôle particulier. Le président, en équilibriste audacieux, tente de jongler avec des intérêts divergents. L’opposition, en clowns tristes, écarquille ses yeux devant les strapontins du pouvoir en se lançant, à son tour, dans la surenchère des promesses comme dans un conte des fées.

Et le peuple ? Eh bien, il se retrouve souvent dans le rôle du spectateur, espérant qu’un jour, le spectacle se transforme en quelque chose de concret.

Alors, que retenir de cette initiative ?
Que la politique en RDC, c'est un peu comme une danse macabre : tout le monde tourne en rond, mais personne n’avance. Ainsi le pays continue de tourniquer.

Peut-être que, dans ces consultations nationales, nous devrions tous garder à l’esprit que l’union, c’est bien beau, mais elle ne doit pas demeurer un slogan, ni une posture de bon aloi, sans aucun impact sur le vécu de la population. C’est là où se situe l’erreur stratégique de cette aventure politique, qui risque d’être fatale à notre République.

En effet, il ne faut pas se tromper d’époque. Nous vivons une époque numérique avec une jeunesse surinformée, éveillée et exigeante. Ces jeunes congolais d’ici et d’ailleurs ne supportent plus de voir leur pays humilié, leurs compatriotes massacrés, leurs femmes, soeurs et amies violées.

La jeunesse congolaise est en colère et attend une gouvernance idoine avec des vraies solutions.

Un gouvernement d’union nationale pour remplacer un gouvernement de l’union sacrée de la nation, c’est non seulement une tautologie, mais surtout une manoeuvre maladroite d’élargir la mangeoire pour donner la place à ceux qui n’ont pas été invités au banquet.

Alors que le Chef de l’Etat avait promis de réduire le train de vie de l’Etat, dans son discours de circonstance après la douloureuse chute de Goma, l’idée de récompenser des amis ou adversaires politiques pour avoir la paix va à l’encontre de cet engagement de bon sens.

Il n’y a pas meilleur moyen de doucher la campagne d’enrôlement dans les FARDC, que de continuer de se moquer du peuple en lui servant le spectacle sempiternel des politiciens gourmands et égoïstes.

Quand le Président Félix Tshisekedi a parlé de l’effort de guerre, on s’attendait à voir les parlementaires légiférer en commençant par réduire leurs émoluments pharaoniques, qui choquent nos citoyens et scandalisent le monde entier.

Pour aider son pays, il n’est pas obligé de faire partie d’un gouvernement ou de bénéficier individuellement d’un avantage spécifique. Il y a de milliers de Résistants qui luttent depuis des années pour la cause nationale sans rien demander à quiconque.

Au lieu de fomenter une unité factice entre politiciens retors et intéressés, il serait préférable de toucher les coeurs de la population par des actes qui marquent l’ancrage socialiste et progressiste du tshisekedisme.

Car sous le masque des politiciens pros se cachent le plus souvent que le cynisme et l’indifférence pour le sort du commun de leurs compatriotes.

Tribune de Guylain Tshibamba, expert en communication stratégique, publique & gestion des crises