Est de la RDC : le Conseil danois pour les réfugiés note des pillages, des arrestations arbitraires et une violence sexuelle « omniprésente »

Samedi 29 mars 2025 - 11:09
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Lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies consacrée à la situation sécuritaire en République Démocratique du Congo (RDC), qui s'est tenue le jeudi 27 mars, Charlotte Slente, secrétaire générale du Conseil danois pour les réfugiés, a pris la parole pour évoquer le calvaire enduré par les populations des zones occupées par les rebelles du M23 et l'armée rwandaise.

Selon l’ancienne secrétaire d'État danoise à la politique de développement, environ 70 000 Congolais ont trouvé refuge au Burundi depuis le début de l'année, tandis que ceux qui sont restés vivent dans des conditions inhumaines.

« Elle a décrit tout ce que subit la population civile au Nord-Kivu : des pillages, des tirs la nuit, des arrestations arbitraires, une violence sexuelle omniprésente. Des garçons et des hommes sont contraints de rejoindre des groupes armés. La population déplacée, terrorisée, retrouve quotidiennement des cadavres dans les rues », a rapporté Charlotte Slente, comme cité par le service de presse du secrétariat général de l’ONU.

Au cours de cette même réunion, les pays membres du groupe A3+, comprenant l’Algérie, le Guyana, la Sierra Leone et la Somalie, ont appelé au démantèlement de l’administration parallèle mise en place par le M23 et à son retrait des zones qu’il occupe.

« Les A3+ ont souhaité notamment que toute administration parallèle mise en place sur le territoire de la RDC soit démantelée et que les M23/AFC abandonnent le contrôle de tous les territoires saisis », a déclaré l’ambassadeur de la Sierra Leone, Michael Imran Kanu, au nom de ce groupe, à en croire la source.

De son côté, le représentant permanent de la RDC auprès de l’ONU a dénoncé le sabotage par le Rwanda de la résolution 2773 du Conseil de sécurité, qui exigeait le retrait de ses troupes militaires de la RDC.

« À ce jour, aucun soldat rwandais ne s’est retiré du territoire de la RDC, aucun élément du M23/Alliance Fleuve Congo (AFC) ne s’est retiré de Goma ou de Bukavu et de toutes les zones contrôlées. Aucune administration parallèle illégitime n’a été démantelée. Bien au contraire, on assiste chaque jour à un renforcement des positions de la coalition de la Force de défense rwandaise/M23-AFC qui poursuit inlassablement sa course expansionniste et criminelle », a dénoncé l’ambassadeur Zénon Mukongo.

Le délégué congolais à l’ONU a également critiqué le Rwanda pour avoir saboté le processus de Luanda en sollicitant la médiation de la Turquie.

« Le délégué a regretté que le processus de Luanda, conçu pour offrir un cadre de résolution pacifique, ait été saboté par l’intransigeance du Rwanda. Il a notamment observé que le Rwanda avait surpris le monde entier en sollicitant la médiation de la Türkiye, l’accusant de s’éloigner des principes de solutions africaines aux problèmes africains », ajoute la source.

Pour rappel, c'est la deuxième fois que le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit depuis la prise de Goma par le M23. Malgré la résolution onusienne 2773 du 21 février dernier et des appels au cessez-le-feu par la SADC et l’EAC, les rebelles et l'armée rwandaise continuent d'étendre leurs zones d'influence. Selon un communiqué de l'armée congolaise daté du 26 février, les rebelles ont récemment renforcé leurs positions dans le territoire de Walikale au Nord-Kivu ainsi que dans les territoires de Walungu et de Fizi au Sud-Kivu.

Alphonse Muderwa